Cette tribune d'ex-généraux dans Valeurs Actuelles fait jubiler l'extrême droite, la gauche scandalisée
POLITIQUE - Ils prennent la plume. Dans une lettre ouverte publiée sous forme de tribune par l’hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs Actuelles, une vingtaine d’anciens généraux, à la retraite ou radiés de l’armée française pour leurs activités...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
POLITIQUE - Ils prennent la plume. Dans une lettre ouverte publiée sous forme de tribune par l’hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs Actuelles, une vingtaine d’anciens généraux, à la retraite ou radiés de l’armée française pour leurs activités politiques, appellent les “gouvernants” à “impérativement” faire preuve de “courage” et “d’honneur” pour ”éradiquer” les dangers qui selon eux parcourent la France.
Premier sujet cité: “l’islamisme et les hordes de banlieue” qui “entraînent le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution”, selon les mots de ces signataires qui pour un certain nombre d’entre eux ont déjà été investis par le Rassemblement national lors de différents scrutins locaux.
Dans leur missive, rendue publique le 21 avril dernier, les signataires s’attaquent aussi aux tenants d’un “certain antiracisme” qui aurait pour seul but de “créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés” et fustige, au passage, l’attitude de l’exécutif dans la crise des Gilets jaunes.
Mais surtout, ces généraux à la retraite, rejoints par “une centaine de haut gradés et plus d’un millier d’autres militaires”, selon le décompte de Valeurs actuelles, multiplient les phrases en forme d’avertissement à l’égard du pouvoir en place. Et ce quelques jours après l’appel à l’insurrection de Philippe de Villiers, déjà publié -en longueur- par l’hebdomadaire.
Marine Le Pen veut les convaincre (si ce n’est pas déjà le cas)
“N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables”, écrivent notamment Christian Piquemal, Gilles Barrie, François Gaubert et les autres signataires, avant de prévoir, un peu plus, tard “une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles”, si rien n’est entrepris pour aller dans le sens de leur texte.
Le tout, sans hésiter, à agiter le spectre d’une “guerre civile”: “on le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.”
Je vous prie sincèrement de bien faire attention aux "généraux" signataires d'une tribune-torchon. Bande bien connue en "2e section"/radiés/en retraite. Cela ne rend pas leur tribune moins infâme, mais ce serait bien de ne pas en faire les représentants de tous les militaires.
— Thibaut Poirot (@ThPoirot) April 24, 2021
Autant de mots, pour le moins offensifs, qui ont semble-t-il donné envie à Marine Le Pen de convaincre ces militaires. Dans une tribune, elle aussi publiée par Valeurs Actuelles, la présidente du Rassemblement national explique “souscrire” à leurs “analyses” et “partager” leur “affliction”, “comme citoyenne et comme femme politique.” “Messieurs les généraux, rejoignez-moi dans la bataille pour la France”, lance-t-elle notamment au milieu d’une avalanche de compliments, prenant soin toutefois de préciser, à la fin de sa réponse, que cette “bataille” est “politique et pacifique.”
Pour Florian Philippot, l’ancien bras droit de Marine Le Pen, aujourd’hui pourfendeur de la “coronafolie” comme patron des Patriotes, il s’agit d’une “belle initiative.” D’autres, à l’image de l’eurodéputé RN Jérôme Rivière ou du maire de Perpignan Louis Alliot se sont empressés de partager le texte des généraux sur les réseaux sociaux, comme une forme d’assentiment.
20 généraux français appellent au patriotisme ! Belle initiative, vive la France éternelle ! https://t.co/si5dX4hwDY
— Florian Philippot (@f_philippot) April 22, 2021
« Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs du gouvernement, Mesdames, Messieurs les causementaires, L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite,... »https://t.co/gnECevSEwa
— Louis Aliot (@louis_aliot) April 22, 2021
La gauche estomaquée
Sans surprise, la réaction n’est pas du tout de la même nature de l’autre côté du spectre politique. Et c’est peu de le dire. La gauche, par les voix de Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon ou Pierre Laurent affiche sa consternation après cette tribune qu’il considère être un appel à l’insurrection à peine voilé.
“Stupéfiante déclaration de militaires s’arrogeant le droit d’appeler leur collègue d’active à une intervention contre les islamogauchistes. Il est temps de se mobiliser pour défendre les valeurs que ces gens piétinent”, écrit par exemple ce samedi 24 avril, le leader de la France insoumise, candidat à l’élection présidentielle sur Twitter. Avant d’ajouter, dans un second message: “sans doute le parquet national va-t-il se saisir de l’appel à la sédition de l’armée publié dans Valeurs Actuelles sous la signature de 100 militaires retraités.”
Même indignation pour le député Insoumis Éric Coquerel. “Des militaires appellent à une chasse aux sorcières, à une éradication, à défendre des ‘valeurs civilisationnelles’ à rebours de la République, ça finit sur une menace de guerre civile, Le Pen salue ces apprentis factieux et? Rien. On se réveille?”, écrit l’élu de Seine-Saint-Denis sur les réseaux sociaux, quand Pierre Laurent “demande solennellement que le journal Valeurs actuelles et les 20 généraux signataires d’un appel à une intervention militaire soient poursuivis et condamnés par la justice.”
Comme l’ancien patron du PCF, Benoît Hamon, convoque l’histoire et le souvenir du “putsch des généraux”, avant de pointer le silence de Florence Parly, la ministre des Armées, du président de la République ou de son Premier ministre face à ce qu’il qualifie de “menace explicite.”
60 ans après le début du "putsch d'ALGER", 20 généraux menacent explicitement la République d'un coup d'état militaire. @MLP_officiel les appelle à la rejoindre. Aucune réaction de @florence_parly@JeanCASTEX ni @EmmanuelMacron. https://t.co/txwgvbdGKD
— Benoît Hamon (@benoithamon) April 24, 2021
Car si la tribune est initialement signée par des généraux à la retraite, pour certains déjà identifiés dans le giron de l’extrême droite, à l’image de Christian Piquemal, le timing interroge. Leur texte a effectivement été publié par Valeurs Actuelles le 21 avril dernier, soit soixante ans jour pour jour après la tentative du “putsch d’Alger”, lorsque quatre généraux cinq étoiles, opposés à la politique du général de Gaulle en Algérie, prenaient les armes.
À voir également sur Le HuffPost: Leuk, le 1er chien de l’armée française décoré au Royaume-Uni