Chanceko : «Un projet, c’est une conversation entre moi et mes auditeurs»

Quelques mois après Gaura, Chanceko s’est livré sur un projet plus ambitieux : MALABOY. Dix morceaux, voluptueux et généreux, qui dégagent plus en profondeur le potentiel d’un artiste captivant.  Une bouteille en plastique débouchée, de laquelle...

Chanceko : «Un projet, c’est une conversation entre moi et mes auditeurs»

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Quelques mois après Gaura, Chanceko s’est livré sur un projet plus ambitieux : MALABOY. Dix morceaux, voluptueux et généreux, qui dégagent plus en profondeur le potentiel d’un artiste captivant. 

Une bouteille en plastique débouchée, de laquelle jaillit un merveilleux océan bleuté. Et dans cette fresque, picturale et esthétique, se dessinent les fragments d’un monde que l’on perçoit davantage. Après l’audacieux Gaura, où le portrait dépeint de l’artiste sur fond rouge présentait quatre splendides pièces, Chanceko se dévoile plus largement sur MALABOY. Un homme à mala, à la recherche de l’équilibre entre euphorie et convictions, entre une myriade d’influences comprimées dans une tracklist de dix morceaux. Chanceko confirme son ambition au sein de la scène rap, et allonge une discographie aux allures de cheminement artistique cohérent, qu’on ne fait que découvrir. Rencontre.

Comment tu te sens du coup pour la sortie de MALABOY ?

J’ai juste hâte ! Tu sais ça a pris du temps, on est passé par tous les états. Je suis passé de bosser solo chez moi dans une chambre, à organiser des séminaires au Studio de La Seine, ensuite partir en séminaire loin de Paris, puis me re-retrouver chez moi à m’enregistrer tout seul. Il y a eu des hauts, des bas. J’ai expérimenté beaucoup de choses, et au final, là, j’ai juste envie que ça sorte j’en ai marre *rires*.

C’est la musique elle-même qui va causer. Même moi je n’ai pas les mots pour décrire ce projet, je peux te dire que j’ai bossé dessus pendant un an et demi et que beaucoup de gens m’ont aidé, mais je n’ai pas les mots pour le décrire. J’ai hâte que les gens captent d’eux-mêmes et d’avoir leurs retours. Que ça soit les gens qui en causent, moi je ne peux même plus t’en causer.

«Je fais des dizaines de sons par semaines, et ça me permet de pouvoir évaluer ma progression»

En écoutant la Malaboy Radio, Storm (ingénieur du son mix sur MALABOY) te félicitait pour ton travail, et surtout, il parlait du fait qu’en deux ans, il t’avait vu progresser et qu’il était assez fier de ça. Est-ce que tu ressens cette progression de la même manière que lui ?

Franchement ouais. J’ai la chance de pouvoir beaucoup m’enregistrer, de pouvoir faire beaucoup de sons. J’arrive vraiment à suivre mon évolution. Par exemple, je sais qu’en 2019, pendant tout le mois de septembre, j’étais au studio. En novembre, j’étais au studio aussi. Je fais des dizaines de sons par semaines, et ça me permet d’évaluer ma progression. Même si, sur le tas, c’est un peu compliqué, avec un peu de recul, genre 5-6 mois après, j’arrive à analyser. Mais le moment où j’ai vraiment réalisé que j’avais progressé, c’est au moment de mon séminaire. On est parti une semaine en février dernier et c’est vraiment là que j’ai vu qu’il y avait une nette progression et que j’allais vraiment dans la direction dans laquelle je voulais aller.

Chanceko par @denisepeiffer

On sait que MALABOY c’est historiquement le projet que tu prépares depuis même avant ta signature. Entre-temps, il y a eu Gaura : il n’était pas prévu ce projet ? 

En fait, je savais que je bossais sur un projet mais je ne savais pas lequel. Même si je savais que je voulais l’appeler MALABOY, que ça allait être un gros projet et qu’il allait représenter une transition dans ma carrière, je ne savais pas encore vers quoi je me dirigeais. Je bossais, j’allais en studio, je rencontrais de nouvelles personnes sans savoir exactement où j’allais. Mais je savais que je voulais faire un truc sale tu vois ! Sauf qu’en même temps, je préparais MALABOY, donc je n’étais pas encore prêt à lâcher des morceaux comme ça dans la nature. Je voulais arriver avec un truc carré.

Du coup, en juillet 2020, “Bad Luv” sort avec 99 & DMS. On a beaucoup de retours, on commence à avoir un bel engouement, et les gens me redemandent toujours : “Ça dit quoi Galeries Lafayette ? Ça dit quoi Jacquemus ?”. Moi, je suis en mode : “Ne vous inquiétez pas, ça va arriver”. Après ça, je suis toujours dans mes délires de faire du son, balancer des snippets, et je fais la même avec “Elvis”. Et là, les gens kiffent, j’ai beaucoup de retours. À ce moment-là, je me pose avec l’équipe et je leur dis : “Je sens que c’est le moment là, il faut qu’on sorte un truc”. On n’était pas prêt pour sortir le gros projet, mais on était trop attendu, il fallait absolument qu’on sorte un truc, dont les sons que les gens nous demandaient. Et voilà, ce n’était pas programmé, ça faisait même pas parti de mon contrat, mais c’était juste parce que je le sentais en fait. C’était nécessaire que je montre mon évolution parce que mon dernier projet il datait de mars 2019, et il s’était passé beaucoup de choses depuis pour que les gens puissent capter. C’est de là qu’est venu Gaura.

«Quand j’étais au collège, j’ai fait un remix de “Alejandro” de Lady Gaga»

Gaura a vraiment bien marché, est-ce que ça t’a rajouté une pression supplémentaire pour MALABOY ?

Non, non, ce n’est pas de la pression. C’est juste qu’au final, tu te dis : “Bah faut que je fasse mieux”. Mais je ne vois vraiment pas ça comme une pression. Et vu que je me renouvelle assez vite et que je bosse beaucoup, ce n’est pas un problème. Un mois après Gaura, je me disais déjà : “Il ne faut pas qu’on m’assimile a ce projet”. J’en avais déjà marre, je ne voulais pas qu’on me colle cette étiquette de la cover rouge comme si Chanceko n’était que ça. J’ai eu une prise de conscience directement : il fallait que j’aille plus en profondeur, que je me renouvelle encore. Je savais aussi que je pouvais proposer beaucoup plus, donc ça ne me faisait pas peur. C’était quatre sons que j’ai fait rapidement, du coup, j’avais confiance.

T’es un artiste très versatile, dans ta discographie on retrouve beaucoup de styles de musique différents, est-ce que tu savais depuis le début dans quelle direction amener MALABOY ?

Moi, je kiffe la musique. Du coup, je ne me pose pas de barrière en mode “Je dois faire que du rap ou un autre style”. Quand j’étais au collège, j’ai fait un remix de “Alejandro” de Lady Gaga, alors que ça n’a rien à voir avec le rap tout ça ! J’ai toujours kiffé faire des trucs pop, r&b, trap, rap, etc.. Avant, je rappais, je faisais du kickage pur et dur et après je me suis mis à chanter. Je kiffe juste la musique. Et en vrai, je n’ai jamais vraiment réussi à montrer toutes les facettes de ma personnalité. C’est pour ça que je me suis toujours un peu réfugié dans la trap. Mais je savais que j’étais bon autre part, que je pouvais chanter, faire des trucs beaucoup plus mélodieux. Mais je n’ai jamais vraiment pris ce risque là.

Et c’est pour ça que, quand tu écoutes Gaura, il y a beaucoup de trap. Mise a part “Arc-en-ciel” qui est afro, il n’y a pas de pop, de reggaeton, de bossa-nova. C’est plein de styles que je kiffe et que j’écoute toujours. J’ai fait beaucoup de trap, même après Gaura avec “Gova” et les freestyle “Nuances”. Et pour MALABOY, j’étais en mode : “Bon, je vous ai donné ce que vous voulez, maintenant dans MALABOY je vais vous montrer ce que je sais vraiment faire. Je vais vous montrer qui est vraiment Chanceko, qui est vraiment Chancelin, qu’est-ce qu’il aime”. J’ai testé beaucoup de trucs, je suis parti en c*uilles, je ne me suis pas posé de limites. J’ai bossé avec beaucoup de monde, et parmi toutes ces choses-là, en prenant du recul, je suis allé plus en profondeur dans les styles que j’ai le plus aimés et ça a donné ce projet-là.

chanceko

Chanceko par @denisepeiffer

On entend une voix dans l’intro de ton projet, qui est-ce ?

C’est Pastel, mon directeur artistique. Pour la petite anecdote, c’était quand on était en séminaire. Chaque soir, juste après qu’on ait fini de bosser, on avait des conversations, on regardait des clips, on discutait et on avait La Cuillère (ndlr. un réalisateur) qui était la pour filmer tout le séminaire, donc il posait sa caméra. On discutait de la vie, de la musique, de nos problèmes. Et on a eu cette conversation avec Pastel, à un moment où il me dit “Eh Chance, tu te rends compte quand même que c’est fou ce que tu fais !” Et c’est là qu’il commence à dire que la vie c’est comme ça : tu commences tout seul, au final tu cries, et tu te retrouves avec des gens qui viennent à gauche, à droite qui veulent t’aider, qui veulent faire du son avec toi. T’as ce mec là qui va vouloir te filmer, un ingé qui va vouloir t’enregistrer. On a eu de la chance de capturer ce moment-là et on a décidé de le mettre dans l’intro. Au début, le titre du morceau c’était “La mentale par Pastel” genre en mode interlude tout ça, et puis on a changé pour “Carnaval”.

En écoutant le projet, on a l’impression d’avoir compris qu’un des challenges auquel t’as du faire face dans ta vie c’est réussir à trouver un équilibre entre une vie festive et joyeuse qui te caractérise, tout en restant droit et sérieux dans ton business.

Totalement. Pendant un moment, on faisait que des sons où on s’ambiançait, que des sons où ça parlait de drip. Ça a duré une assez longue période jusqu’à mars, j’étais beaucoup plus dans l’égotrip. Mais en même temps, c’était aussi l’ambiance dans laquelle on faisait ces sons. Quand on était au studio, il y avait du monde, on était là pour s’ambiancer. Et on a eu, comme ça, une 1ère tracklsit. Mais avec du recul je me suis dit que j’avais d’autres choses à expliquer. Des trucs simples, genre juste causer de la vie, comme je le fais dans “Carnaval” ou dans “Space Mountain”.

«Je ne peux pas être a 100% dans la mala ou a 100% dans le sérieux :  il y a toujours cet équilibre»

Je me suis dit que ça manquait de ça, parce que, quand j’écoute un projet, j’aime bien qu’il me remémore la période dans laquelle je l’ai écrit. Par exemple, “Arc-en-ciel”, toute ma vie je me rappellerai en l’écoutant quand est-ce que c’était, qu’est-ce qui se passait, comment le ciel était, comment je me sentais. Et je trouvais vraiment que MALABOY manquait de sons comme ça. Donc, j’ai essayé de retrouver cette équilibre, en prenant un peu plus de recul et en allant plus en profondeur. Pour moi, un projet c’est une conversation entre moi et mes auditeurs : faut qu’ils captent dans quel état d’esprit j’étais quand je l’ai fait.

Et du coup, est-ce que c’est ça finalement être un MALABOY ?

Quand on écoute ce projet, tu captes qu’en vrai, un Malaboy c’est pas ce qu’on peut forcément croire. Ce n’est pas juste un mec qui aime faire la mala. Non, c’est aussi un mec qui est carré dans son business, dans ses affaires, qui donne son maximum et fait attention à tous les détails. Il y a aussi ce coté-là avec, bien sûr, le fait qu’il aime s’amuser, qu’il aime passer du temps avec les gens de son entourage, qu’il aime sourire. Mais il y a un côté sérieux. Je ne peux pas être a 100% dans la mala ou a 100% dans le sérieux :  il y a toujours cet équilibre.

chanceko

Chanceko par @denisepeiffer

À quoi ça ressemble un concert de Chanceko ?

Même moi je ne sais pas, parce que même-moi, je me surprends. En fait, c’est une expérience, une expérience qu’il faut vivre. Et les concerts, ça me permet de retranscrire toute l’énergie que j’ai en moi et j’en ai beaucoup. Et même si j’essaye de mettre cette énergie dans mes chansons, il faut le vivre pour comprendre. Je trouve ça primordial, et je sais que quand je vais faire des concerts, ça sera vraiment une grosse expérience. Pas seulement un truc avec une sono et “bam”, on va kicker. Faut qu’il y ait du sable, une mascotte, tout un orchestre avec moi carrément ! Rendre le truc organique. Mais ça va arriver vite.

Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?

Souhaite-moi juste du bonheur, de kiffer, de me reposer un peu pour bien repartir pour la suite.

Chanceko – MALABOY, disponible depuis le 2 juillet.