Charles Michel a refait "150 fois le film" du Sofagate et n'en "dort pas bien"

SOFAGATE - La polémique n’a cessé de prendre de l’ampleur. La Turquie a fustigé jeudi 8 avril des “accusations injustes” après l’affront protocolaire ressenti par la présidente de la Commission européenne à Ankara, affirmant que la disposition...

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Charles Michel en avril 2016 à Bruxelles, en Belgique.

SOFAGATE - La polémique n’a cessé de prendre de l’ampleur. La Turquie a fustigé jeudi 8 avril des “accusations injustes” après l’affront protocolaire ressenti par la présidente de la Commission européenne à Ankara, affirmant que la disposition des fauteuils au cœur de la polémique avait été suggérée par la partie européenne.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait été placée mardi 6 avril par le protocole en retrait sur un divan lors d’une réunion des présidents des institutions de l’UE avec le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil européen Charles Michel. Une décision qui avait provoqué beaucoup de ressentiment mais aussi des frictions à Bruxelles.

Un “regrettable incident”

Interrogé par un groupe de journaux européens, dont Les Echos, le président du Conseil européen Charles Michel dit qu’il “déplore profondément ce qui s’est produit”. “Une interprétation trop stricte du protocole par les services turcs a mené à ce regrettable incident”, juge-t-il.

Et d’ajouter: “Je ne vous le cache pas, je ne dors pas bien depuis. J’ai refait 150 fois le film dans ma tête. Sur le moment, cela a été très vite. Mon attitude a été motivée par le sentiment que si j’avais alors eu une réaction plus marquée, cela aurait donné lieu à un incident non plus protocolaire mais diplomatique qui aurait détruit des mois de travail intense et d’espoir de pouvoir réengager un dialogue nécessaire avec la Turquie.

“En outre, Ursula a exprimé sa désapprobation sur le moment, abonde-t-il. J’ai pensé que cela aurait été vu comme du paternalisme déplacé si j’avais posé un acte additionnel”.

Une scène largement diffusée sur les réseaux sociaux

La scène avait été filmée et largement diffusée sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag #Sofagate, elle a suscité de nombreux commentaires sur l’inégalité de traitement entre les deux chefs des institutions européennes, et son caractère sexiste.

“Ehm”, murmure l’ancienne ministre allemande de la Défense, apparemment désemparée: debout, elle semble ne pas savoir où s’installer alors que Charles Michel et le président turc se calent dans les deux fauteuils préparés pour la réunion.

Ursula von der Leyen prend ensuite place sur un canapé, en retrait des deux hommes, face au ministre turc des Affaires étrangères. Mercredi 7 avril, la Présidente de la commission européenne a fait connaître son mécontentement d’avoir été placée en retrait et a exigé d’être traitée comme l’égale du président du Conseil.

“Ce sont des images qui font mal”

L’affaire a suscité des réactions indignées en Europe, d’autant qu’elle est survenue quelques semaines après le retrait d’Ankara d’une convention européenne sur la prévention de la violence contre les femmes.

Les commentaires les plus virulents ont été proférés par la classe politique française, au moment où les relations entre Paris et Ankara sont marquées par de fortes tensions.

“Ce sont des images qui font mal ! Je ne veux pas d’une Europe naïve, fragile”, a déploré le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune. “C’est un affront qu’on corrigera, mais il ne faut pas laisser faire ce genre de choses”.

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