Chassol : “De Palma m’a donné le goût de l’érotisme”

La 1ère image érotique ? On hébergeait beaucoup de gens de ma famille quand j’étais enfant, qui squattaient l’un des deux lits de ma chambre. Il y avait notamment un oncle dont je tairai le nom. J’avais fouillé sous son lit et trouvé des “pentouze”....

Chassol : “De Palma m’a donné le goût de l’érotisme”

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La 1ère image érotique ?

On hébergeait beaucoup de gens de ma famille quand j’étais enfant, qui squattaient l’un des deux lits de ma chambre. Il y avait notamment un oncle dont je tairai le nom. J’avais fouillé sous son lit et trouvé des “pentouze”. C’était des Penthouse, mais mon pote Clément Souchier, qui a monté la boîte de synchro Creaminal, et moi, on disait “pentouze”. Sinon, mon rapport à l’érotisme est véritablement né avec Manara. Le Déclic, Le Parfum de l’invisible… En BD, le fantasme passait mieux pour moi. La distinction érotisme/porno rejoint épouvante/horreur. Je préfère quand les choses sont suggérées.

Une scène de sexe préférée au cinéma ?

De Palma est vraiment celui qui m’a donné le goût de l’érotisme. Le début de Carrie, par exemple. Ce n’est pas une scène de sexe, mais il y a ces filles dans les douches, et Sissy Spacek, qui est l’inverse de ce que j’aime physiquement mais que je trouve hyper-belle. La façon dont c’est filmé et la musique de Pino Donaggio…

La flûte, le piano tout doux, qui glissent sur Spacek et son pommeau de douche, et là, le sang des règles qui coule. Il t’embarque doucement et te terrifie soudain. En la revoyant récemment, j’ai pensé à une scène de la série I May Destroy You dans laquelle Michaela Coel couche avec un mec censé l’aider à écrire, et là, il y a un caillot de sang… J’ai trouvé ça dément. Sinon, la scène lesbienne dans Mulholland Drive.

Il vient d’où ce fantasme lesbien ?

Ah non, c’est trop facile ! Ce n’est pas un fantasme, c’est une scène qui m’a marqué. Et puis, tu veux deux Croco Haribo ou un seul ? C’est aussi simple que ça.

La musique qui respire le sexe ?

How Does It Feel de D’Angelo, sur Voodoo. Sur ce morceau, le batteur Questlove et le bassiste Pino Palladino mettent les beats en retard. Une façon de dire : “On swingue tellement qu’on peut se permettre d’être en retard, et que ça swingue d’autant plus.” Ce beat qui prend son temps pour arriver bien au fond à la dernière minute… C’est hyper-sexuel.

Sur Ludi [son dernier album, sorti en 2020], tout a un double sens. J’ai beaucoup pensé à l’énergie sexuelle en le fabriquant. L’élasticité du temps, le contenant, la boucle, la superposition… tout est métaphoriquement sexuel dans la musique, et Ludi l’est d’autant plus. Il y a une séquence que je n’ai pas mise sur l’album mais que je mettrai dans le live je pense, où Thomas de Pourquery et Alice Lewis chantent : “Jouer des heures à jouer des joueurs qui jouent des heures à jouer des joueurs qui jouent des heures à jouir des heures.”

Ça cause du porno, des acteurs qui jouent à jouir, du jeu sexuel, du fait que ça puisse ne jamais se terminer, plutôt du fantasme que ça ne se termine jamais, de ne pas jouir. La promesse de l’infini. C’est peut-être ça le fantasme lesbien, quand il n’y a pas la mécanique de l’orgasme masculin qui signe la fin, la mort. Tu jouis, tu meurs, c’est dead. La boucle musicale permet de boucler une mesure, un moment, et de le revivre à l’infini. Donc, c’est hyper-sexuel.

D’où cette pochette d’album qui représente une planète aux allures de sein ?

On me l’a dit après coup. Je ne l’avais pas vu du tout. C’est un dessin que m’a fait Gaëtan Brizzi à partir de mots que je lui ai donnés : “Des oiseaux poursuivis par des loups, et des météorites qui courent sur les anneaux de Saturne.”

L’instrument le plus sexy ?

Le piano ! Sinon, la flûte en sol. La flûte alto. Elle est plus grave que la flûte en do. Elle est ronde. On sent le chaud, l’oreiller, la matière bois, les couleurs marron, jaune, rouge. Ou bien le tampura, qui fait le bourdon sur la musique indienne. C’est un bain d’une note dans lequel tu te loves. Ou le bugle ! Quelque chose de l’ordre du matelas, du contenant. L’inverse du sexe, selon moi, serait Berlin, l’industriel, blanc, bleu, froid.

Le mot qui résume le sexe ?

Domination ! Self-service ! Plus sérieusement, cosmos. Le tout-monde.

Une icône érotique ado ?

Geneviève Bujold dans Obsession [de Brian De Palma], et Amy Irving, dans Carrie notamment.

La salle de concerts la plus sexy ?

Il faudrait du béton ciré, du bois et des backstages très proches de la scène, accessibles rapidement. Ah, je dirais sinon le Hollywood Bowl avec sa forme de coquillage. Cet endroit reste un fantasme pour moi.

Un homme ou une femme politique sexy ?

La politique, c’est le show-biz pour les moches. Les militantes, ça compte ? Angela Davis !

C’est quoi pour toi être sexy ?

C’est plutôt négatif. C’est ce qui cherche à se donner les apparences de la séduction. Mais une séduction cheap. Ça sonne comme un mot diminué.

Que dirais-tu à la place ?

Séduisant.

La tenue la plus séduisante ?

Une tenue qui se porte en juin-juillet. Une sorte de débardeur, mais un peu lâche et qui laisse entrapercevoir un début de montagne, par l’aisselle.

Sur scène, tu penses au sexe ?

C’est mêlé. Le fait d’appuyer sur le piano, de rentrer dans les loupes, dans les vibrations invisibles, d’être en communion avec les gens. Tu t’oublies en étant focus. Tu es en relation avec toi-même, avec tous les autres. C’est clairement du sexe. Attention, je ne suis pas là à bander sous le piano !

Quel est le plus excitant : les images, les sons ou les mots ?

Je dirais les images. Ou plutôt une vision. Le regard que soi-même on porte sur quelque chose. C’est moi qui décide que telle chose ou telle personne est excitante.