Choix des vaccins: le public est plus rationnel que les autorités et experts ne le pensent
AstraZeneca est un bon vaccin, avec des effets secondaires éventuellement gravissimes mais qui surviennent de manière très exceptionnelle. À tout prendre, il vaut mieux courir le risque de ces dangers que celui de la contamination au SARS-COV-2,...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
AstraZeneca est un bon vaccin, avec des effets secondaires éventuellement gravissimes mais qui surviennent de manière très exceptionnelle. À tout prendre, il vaut mieux courir le risque de ces dangers que celui de la contamination au SARS-COV-2, infiniment plus probable et à la létalité bien supérieure. Tout le monde comprend cela. Et, contrairement à ce qu’on a entendu, le public est tout à fait capable de peser le pour et le contre dans une situation où ce vaccin se présente sans autre alternative que la maladie. Mais ce même public –qui n’est ni stupide ni insensé– est tout à fait capable également d’estimer l’intérêt des alternatives vaccinales qui lui sont offertes. Il entend les informations publiées par les autorités sanitaires telles qu’elles sont relayées par la presse et examine deux paramètres simples à comprendre: l’efficacité du vaccin et son schéma vaccinal propre.
Efficacité vaccinale et schéma de vaccination: des paramètres que tout le monde comprend
L’efficacité vaccinale s’évalue en 1er lieu par des essais cliniques -préalables indispensables à l’autorisation de mise sur le marché. Elle s’exprime par un pourcentage, un taux, qui est le rapport constaté entre le nombre de sujets vaccinés inclus dans l’essai clinique ayant contracté la maladie et le nombre de sujets inclus non vaccinés l’ayant contractée. Des comparaisons plus fines peuvent être faites entre des sous-groupes (par exemple, les personnes âgées ou les personnes qui ont développé une forme grave de la maladie) à condition que la population à l’étude et les événements soient assez nombreux pour être réputés significatifs au regard des standards statistiques reconnus. Le schéma vaccinal de chaque vaccin, quant à lui, renvoie au nombre de doses nécessaires et au délai entre doses qui garantira la meilleure protection sur la plus grande durée.
Le public examine deux paramètres simples à comprendre: l’efficacité du vaccin et son schéma vaccinal propre.
Le vaccin AstraZeneca AZD1222, diffusé désormais sous le nom de “Vaxzevria”, s’administre en deux doses espacées de douze semaines. D’après la Haute autorité de santé (HAS), un 1er palier d’efficacité à 72% est atteint trois semaines après la 1ère dose et monte à 74% après la seconde dose. Dans la même classe de vaccins à vecteur adénoviral, le vaccin Janssen dont les 1ères doses arrivent cette semaine présente un profil d’efficacité moins séduisant (62%), mais avec l’avantage de s’administrer en une dose unique. Le vaccin Pfizer/BioNTech BNT162b2, diffusé sous le nom de “Comirnaty”, utilise la technologie de l’ARN messager (ARNm), –une technologie “de rupture”, inhabituelle en matière de vaccination et qui constituait un pari autant scientifique qu’industriel. Il s’administre en deux doses espacées seulement de vingt-et-un jours selon le schéma testé lors des essais cliniques, délai prolongé à huit semaines à partir du 12 avril par le ministère de la santé pour permettre d’administrer une 1ère dose à une population plus large. Il faut dire que l’efficacité vaccinale du vaccin de Pfizer/BioNTech, telle qu’elle est rapportée par la HAS, est de 80% deux semaines après la 1ère dose (donc supérieure à AstraZeneca après deux doses) et de 95% sept jours après la seconde dose. Le vaccin Moderna, qui utilise la même technologie d’ARNm que Pfizer/BioNTech, a un profil d’efficacité comparable (94,1%). En termes de protection, les chiffres communiqués au public indiquent qu’on a cinq à huit fois plus de risques d’être contaminés alors qu’on a été vacciné par AstraZeneca et Janssen que par Pfizer/BioNTech ou Moderna: si l’efficacité vaccinale de Pfizer est de 95% le risque d’être contaminé sous Pfizer est en effet de 5% quand il est de 26% avec AstraZeneca, –et de 38% avec Janssen!
Une alternative simple à arbitrer
Il est difficile de considérer que, si l’alternative se présente, une personne sensée peut éviter de choisir le vaccin à ARNm: son efficacité vaccinale est largement supérieure et elle est acquise beaucoup plus rapidement –ce qui permet notamment, aujourd’hui, de sauver les vacances! Les soignants, professionnels de santé très exposés, qui témoignent dans le HuffPost ne s’y trompent pas: “Pourquoi choisir le moins efficace?” interroge un infirmier.
Le public ne s’y trompe pas davantage. Plutôt que d’accuser la population de confondre “les vaccins qui se terminent en A”, pour expliquer le manque d’attractivité d’AstraZeneca, mais aussi, semble-t-il de Moderna, comme le rapporte Le HuffPost, les autorités sanitaires seraient sans doute mieux inspirées d’expliquer que la différence entre Pfizer/BioNTech et Moderna est négligeable en pratique –pour autant que ce soit le cas– et que ces vaccins à ARNm sont aussi bons l’un que l’autre. Dans la situation où le public est en mesure d’arbitrer entre les propositions vaccinales –et ce sera de plus en plus le cas au fur et à mesure que la disponibilité des vaccins s’accélère–, parier sur la raison ne paraît pas être une option si l’on veut que la vaccination progresse.
Le vaccin d’Astra-Zeneca n’était pas un mauvais choix quand il n’y avait pas le choix. Au Royaume-Uni, il a contribué efficacement à casser l’épidémie.
Le vaccin d’Astra-Zeneca n’était pas un mauvais choix quand il n’y avait pas le choix. Au Royaume-Uni, il a contribué efficacement à casser l’épidémie. Le clap de fin de ce vaccin en France a sans doute été donné par les autorités de santé qui, en raison des risques qu’il fait courir alors, précisément, que les alternatives existent, viennent d’en interdire l’administration aux moins de cinquante-cinq ans, même pour une deuxième dose. Et cela au moment où, le 16 avril, s’ouvre la période où les plus de soixante ans auront accès aux vaccins à ARNm. C’est donc maintenant avec le vaccin de Janssen que la compétition, à vrai dire terriblement inégale, s’organisera. Les pharmacies et les cabinets de médecins généralistes, qui ne disposaient que d’AstraZeneca, en ont fait l’amère expérience: le public est rationnel; dès que s’est annoncée l’arrivée progressive des doses de Pfizer/BioNTech et l’ouverture des méga-centres de vaccination qui ne dispensent que le vaccin à ARNm –, les rendez-vous de vaccination à l’AstraZeneca n’ont plus été pris ou ont été décommandés. Parce qu’il devenait possible, quitte à attendre un peu, de bénéficier d’un vaccin plus efficace et qui protège plus rapidement.
Il semble bien que les “fantasmes sur le vaccin Astra Zeneca” dont on a accusé le public de manière un peu condescendante ne soient, au bout du compte, que des fantasmes sur la capacité de la population à identifier ce qui est bon pour elle. On verra ces prochains jours si ces mêmes fantasmes tiendront lieu d’explication pour analyser le manque d’entrain prévisible à se faire vacciner par le vaccin Janssen. La gestion de la crise de la Covid a malheureusement montré cette tendance irrépressible des spécialistes, des experts et des autorités sanitaires, à négliger la capacité rationnelle du public, c’est-à-dire de ces “gens” que nous sommes tous.
A voir également sur Le HuffPost: L’Inde s’inquiète d’une nouvelle explosion de l’épidémie de coronavirus