Christine Berrou démissionne d'Europe 1 et dénonce "la censure" d'une blague sur Eric Zemmour
RADIO - Le climat social se tend au sein de la rédaction de la radio Europe 1. L’humoriste et chroniqueuse Christine Berrou a confirmé ce samedi 19 juin sa démission dans les colonnes de Télérama après la censure d’une blague qu’elle préparait...
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RADIO - Le climat social se tend au sein de la rédaction de la radio Europe 1. L’humoriste et chroniqueuse Christine Berrou a confirmé ce samedi 19 juin sa démission dans les colonnes de Télérama après la censure d’une blague qu’elle préparait et où était notamment évoqué Eric Zemmour.
Dans un tweet particulièrement relayé, Christine Berrou partage une capture d’écran de la conversation qui a mené à cette décision. “Voilà ce que devient Europe 1”, ajoute-t-elle à la capture avec un coeur brisé. Dans la discussion qui est affichée, une personne de la rédaction d’Europe 1 indique qu’il est “plus raisonnable” de retirer de sa chronique “cette allusion à Zemmour”.
Et voilà ce que devient @Europe1 ???? pic.twitter.com/ziefOB3bhz
— Christine Berrou (@ChristineBerrou) June 18, 2021
De quelle allusion s’agit-il exactement? Auprès de nos confrères de Télérama, elle explique: “J’ai enregistré une chronique sur la fête des pères, qui imaginait un enseignant en classe, proposant aux élèves de préparer le traditionnel cadeau: “on va faire des colliers de nouilles! Non, mon papa il est allergique au gluten! Bon alors on va faire des porte-clefs en cuir! Non mon papa il est vegan, il ne porte pas de cuir! Bon alors on va dessiner des bonhommes qui sourient! Non mon papa c’est Eric Zemmour, il aime pas les gens heureux.”
“Des petits rouages de la liberté d’expression”
Impossible dans ces conditions de rester en poste a estimé la chroniqueuse, qui évoque un glissement. “Je ne me voyais pas continuer à produire du contenu pour un média que je ne cautionne plus (...) Cette censure signifie qu’une personne dangereuse est en train de devenir intouchable, et je ne veux pas participer à ça”, détaille-t-elle assurant qu’un autre journaliste “a été convoqué par la direction pour un lancement envoyant une petite pique à Eric Zemmour”.
“Nous sommes tous des petits rouages de la liberté d’expression. Si l’un des rouages accepte ce type d’entrave, alors la censure devient une normalité (...) Quand j’y pense, c’est un comble : Zemmour ne cesse de se plaindre qu’on ne peut plus rien dire...mais là, c’est moi visiblement qui ne peut plus rien dire sur lui!”, ajoute Christine Berrou.
Rappel à l’ordre du CSA
Contacté par Télérama, Europe 1 n’a pas souhaité commenter. Cette démission intervient dans en pleine crise, alimentée par les manoeuvres autour de Lagardère et les visées sur la station prêtées au principal actionnaire du groupe, Vincent Bolloré.
Les salariés de la radio ont décidé vendredi de se mettre en grève pour protester contre la mise à pied d’un autre journaliste, sur fond de malaise grandissant au sein de la station entre plan de départs et projet de rapprochement avec la chaîne d’informations CNews (groupe Canal+), contrôlée par Vincent Bolloré.
C’est par ailleurs en ce sens que le CSA a rappelé à Europe 1 et sa maison mère Lagardère plusieurs de leurs obligations légales, dans un courrier dont l’AFP s’est procuré samedi une copie.
Après l’annonce en avril d’un projet de transformation de Lagardère en société anonyme, un changement de statut majeur pour le groupe jusqu’ici contrôlé par Arnaud Lagardère, le Conseil rappelle que l’entreprise est soumise à une série d’obligations légales, inscrites dans la loi sur l’audiovisuel de 1986 et dans plusieurs conventions conclues avec le CSA.
Ces dispositions donnent notamment au CSA le pouvoir de retirer une autorisation de diffusion d’un service de radio ou de télévision sur les ondes hertziennes, “en cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée, notamment des changements intervenus dans la composition du capital social ou des organes de direction et dans les modalités de financement”, selon le texte de cette loi.
Elles obligent également les éditeurs d’un tel service à “obtenir un agrément du Conseil supérieur de l’audiovisuel en cas de modification du contrôle direct ou indirect”.
“Il appartient donc au groupe Lagardère de prendre l’initiative de saisir le Conseil au plus tôt, et en tout état de cause préalablement à la réalisation des opérations envisagées”, a prévenu le CSA, qui a également demandé à Lagardère de lui communiquer le projet de nouveaux statuts.
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