Cinéma et monde réel : quand les expériences de la peur pullulent

En cette semaine d’Halloween, les propositions d’expériences de la peur pullulent, comme en témoigne ce petit guide de ce qu’offrent les plateformes comme pépites horrifiques. S’y côtoient une comédie de zombies taiwanaise, un éblouissant thriller...

Cinéma et monde réel : quand les expériences de la peur pullulent

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

En cette semaine d’Halloween, les propositions d’expériences de la peur pullulent, comme en témoigne ce petit guide de ce qu’offrent les plateformes comme pépites horrifiques. S’y côtoient une comédie de zombies taiwanaise, un éblouissant thriller de 79 dont Wes Craven s’est manifestement très inspiré pour l’anthologique ouverture de Scream, un effrayant périple chamanique en Thaïlande et quelques classiques signés Franju ou Bava.

Apparue il y a seulement une trentaine d’années en France, la fête d’Halloween progresse encore, infiltre tous les rendez-vous culturels (même le show comique d’Amazon Prime Video, LOL, s’est doté d’une variation de saison – “Qui crie sort”). Pourtant, des raisons d’avoir peur, l’actualité en regorge. Le contexte géo-politique est même chaque jour si effrayant qu’on peut même se demander si cette peur désormais intriquée à nos vies quotidiennes et réelles n’invalide pas la possibilité d’une peur de fiction, ne la rend pas un peu dérisoire et factice. Mais l’inverse est aussi possible. Peut-être que ces frayeurs pour de faux aident à supporter, épongent un peu l’inquiétude paroxystique et effarée qui nous ronge. De toute façon, les grandes œuvres horrifiques ont ceci de précieux qu’elles joignent la peur de l’irrationnel à celle du rationnel, la terreur d’un outre-monde fait de monstres, à celle, critique, de notre monde bien réel – de ce cinéma de terreur critique, le cinéma de Romero est bien sûr l’emblème, fixant à jamais dans la figure du zombie affamé l’image de la dépossession de masse induite par les sociétés capitalistes.

Métempsychose

La chute de la maison Usher de Mike Flanagan, disponible sur Netflix, réussit assez brillamment ce dosage entre la peur de ce qui n’existe pas (spectres, magie, métempsychose en tout genre) et celle de ce qui existe (les scandales sanitaires programmés par des entreprises sans foi ni loi). Après le documentaire (Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras), la série réaliste et documentée (Painkiller, également sur Netflix), c’est donc au tour d’une œuvre de pure fantaisie de s’emparer de la crise des opiacés (les héros de la série, la famille Usher, règnent sur un empire pharmaceutique responsable de morts à grande échelle). La série réussit avec brio une relecture érudite et délectable d’Edgar Poe (au canevas de La chute de la maison Usher, Flanagan trame des adaptations de plusieurs autres de ses nouvelles) et une farce féroce du capitalisme tardif. Tout l’attirail gothique usuel est là (masques de morts, corbeaux prémonitoires, cadavres sortis de terre), orchestré avec une indéniable force plastique. Mais il glace moins le sang que la vision de notre monde.