Claude Véga, imitateur tendre des plus grands artistes, est mort
Vous vous souvenez du voisin des Doinel (Christine-Claude Jade et Antoine-Jean-Pierre Léaud) dans Domicile conjugal de François Truffaut (1969), ce type étrange (“Il m’a toujours paru louche, ce type-là”, lance Christine) que tout le monde...
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Vous vous souvenez du voisin des Doinel (Christine-Claude Jade et Antoine-Jean-Pierre Léaud) dans Domicile conjugal de François Truffaut (1969), ce type étrange (“Il m’a toujours paru louche, ce type-là”, lance Christine) que tout le monde surnomme “L’étrangleur” dans l’immeuble ? Jusqu’au moment où Christine le voit à la télévision et découvre que ce type (cause, sans doute, de l’inquiétude qu’il inspire…) et un imitateur vedette ?
Hé bien, ce voisin intrigant, c’est Claude Véga, de son vrai nom Claude Thibaudat, qui l’interprète. Enfant, le petit Thibaudat, fils d’une concierge de la rue des martyrs, fréquentait la même école qu’un autre garçon, le petit Truffaut, François Truffaut. Avec Robert Lachenay, le meilleur ami de Truffaut, ils formaient un trio. À la fin de la guerre, Thibaudat et Truffaut, devenus adolescents, se voyaient encore beaucoup.
Le début des imitations
Et puis Thibaudat, après de vagues études de commerce ratées, décide de devenir acteur. Claude Véga est né. Pour gagner sa vie et pouvoir se payer des cours, il commence à imiter des artistes célèbres tels que Michel Simon, Pierre Fresnay, Jean Gabin ou encore Elvire Popesco (une célèbre comédienne au fort accent roumain) dans des cabarets. À la fin des années 1950, il fait les 1ères parties de Charles Trenet, Édith Piaf ou de Joséphine Baker à l’Olympia. Il joue aussi au théâtre, et de petits rôles dans des films mineurs. Il gagne peu à peu en notoriété.
Et puis il joue ce rôle de “l’étrangleur” chez Truffaut, où, à la télévision, on le voit imiter Delphine Seyrig, notamment dans Baisers volés, “l’épisode” précédent de la saga Doinel… Moment troublant où l’on se demande comment l’imitateur peut connaître le fameux monologue où Geneviève Tabard (Seyrig) explique à Antoine Doinel qu’elle accepte de coucher avec lui, et puis qu’ils ne se reverront jamais parce qu’elle n’aime que les “choses exceptionnelles”, devant un Doinel bouche bée devant sa télévision. Les imitateurs seraient-ils des magiciens ?
Claude Véga est alors au sommet de sa carrière et de sa célébrité. Dans les années 1970-1980, il est invité de nombreuses fois dans la célèbre émission de variétés produite par Maritie et Gilbert Carpentier, intitulée “Top à [un artiste célèbre]”. On le voit dans les émissions consacrées à : Sacha Distel, Jacques Chazot, Charles Aznavour, Dalida, Nana Mouskouri, etc. Il a même son “Top Claude Véga” à lui, en 1974. Celles et ceux qui avaient entre 5 et 15 ans à l’époque se souviennent de lui, avec émotion, et le pleurent aujourd’hui.
Admiration
Si Véga imite encore parfois des hommes, il est surtout célèbre pour ses imitations de femmes, dont il revêt aussi les vêtements : Juliette Gréco, Nana Mouskouri, Maria Callas (qu’il imite en sa présence dans une émission de Pierre Dumayet – et elle rit), Annie Girardot, son amie Jacqueline Maillan et puis évidemment Barbara, qui est sans doute son chef d’œuvre, tant il semblait se confondre avec elle. Il ne recule devant aucun déguisement, aucun maquillage, aucune mimique, pour leur ressembler avec le plus de précision possible. La modernité de Claude Véga en tant qu’imitateur tient au fait qu’il ne se moque jamais des personnes qu’il imite. Au contraire, on sent qu’il les aime et les admire, c’est à la fois émouvant et communicatif – et bien loin de la vulgarité ricaneuse, souvent homophobe, de Laurent Gerra ou de Nicolas Canteloup.
À partir des années 1990, il se consacre davantage au théâtre, puis, l’âge venant, se retire discrètement et progressivement, avec élégance, des planches. Claude Véga est mort hier, à l’hôpital Bichat, dans le 18e arrondissement de Paris. Il avait 91 ans.