Climat: 2020 est l'année la plus chaude à égalité, mais 2016 a triché

ENVIRONNEMENT - 2020 a rejoint 2016 sur la plus haute marche des années les plus chaudes dans le monde, en apothéose d’une décennie de températures record qui témoigne encore de “l’urgence” à agir contre le réchauffement, selon les données...

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L'année 2020, marquée par plusieurs incendies d'ampleur comme ici en août en Californie, a été la plus chaude jamais enregistrée, à égalité avec 2016. Mais cette année avait enregistré un épisode El Nino qui a contribué à l'augmentation des températures.

ENVIRONNEMENT - 2020 a rejoint 2016 sur la plus haute marche des années les plus chaudes dans le monde, en apothéose d’une décennie de températures record qui témoigne encore de “l’urgence” à agir contre le réchauffement, selon les données du service européen Copernicus sur le changement climatique (C3S) dévoilées ce 8 janvier. L’augmentation des températures en 2020 est d’autant plus notable qu’en 2016, le réchauffement observé s’expliquait en partie par un phénomène climatique naturel... absent en 2020. 

L’année 2020 a terminé à 1,25°C au-dessus de la période pré-industrielle, tout comme 2016. Mais “il est à noter que 2020 égale le record de 2016 malgré un refroidissement de La Niña”, insiste le service C3S.

 

El Niño et son pendant La Niña sont des phénomènes climatiques récurrents dont l’ampleur est si importante qu’ils peuvent respectivement augmenter ou réduire la température mondiale. Le nom El Niño est utilisé pour décrire le phénomène de réchauffement des eaux de surface près des côtes d’Amérique du Sud. À l’inverse, La Niña fait référence à un refroidissement accentué de la surface de l’océan dans cette même région.

Ils sont liés aux fluctuations de la température dans le centre et l’est de l’océan Pacifique au niveau de l’Equateur, couplées à des modifications dans l’atmosphère, explique l’Organisation météo mondiale (OMM).

Les deux phénomènes qui peuvent durer 9 à 12 mois, se produisent de façon irrégulière, tous les 2 à 7 ans, avec des périodes “neutres” pendant lesquelles où ni l’un ni l’autre ne sont présents. Ils ne succèdent pas nécessairement l’un à l’autre: deux épisodes de l’un ou l’autre peuvent se succéder.

Ainsi, l’épisode El Niño particulièrement intense de 2015-2016 a influencé la température de l’année 2016: les experts estimant que la température de 2016 aurait pu gagner entre 0,1 et 0,2°C en raison de cet épisode.

Sans lui, 2020 pourrait ainsi avoir été toute seule sur la plus haute marche du podium, et ce d’autant plus que l’année a vu, à la fin de l’été, le début d’un épisode La Niña.

“Il est assez clair qu’en l’absence des impacts de El Niño et La Niña sur la température d’une année à l’autre, 2020 serait l’année la plus chaude jamais enregistrée”, a assuré à l’AFP Zeke Hausfather, climatologue au Breakthrough Institute, notant que le monde a gagné 0,2°C par décennie depuis les années 1970.

+0,4°C en Europe par rapport à 2019

L’OMM, qui doit publier prochainement des chiffres consolidés en combinant les données de plusieurs agences officielles, avait indiqué fin décembre que 2020 se classerait dans les trois années les plus chaudes.

En Europe, marquée par une vague de chaleur exceptionnelle, l’année 2020 a été largement la plus chaude, 0,4°C au dessus de 2019, et 1,6°C au dessus de la période de référence 1981-2010, soit plus de 2,2°C au dessus de la période pré-industrielle.

Ce réchauffement dépasse déjà ainsi les objectifs de l’accord de Paris. Mais ces objectifs sont pour la planète entière et il est connu que les terres se réchauffent plus vite que les océans et que certaines régions subissent un réchauffement bien plus rapide, comme l’Arctique, où les températures en 2020 ont dépassé de 6°C la moyenne de référence.

Dans cette même région arctique, particulièrement en Sibérie, l’année a également été marquée par une saison de feux de forêts “exceptionnellement dynamique”, libérant 244 mégatonnes de CO2, soit “plus d’un tiers de plus que le record de 2019″.

“Fermer le robinet”

Au-delà d’une seule année isolée, la période 2015-2020 est la plus chaude jamais enregistrée et la dernière décennie (2011-2020) est également la plus chaude depuis le début de l’ère industrielle.

“Il n’est pas surprenant que la dernière décennie ait été la plus chaude jamais enregistrée, et cela nous rappelle encore une fois l’urgence de réduire les émissions de manière ambitieuse afin de prévenir les effets néfastes sur le climat à l’avenir”, a souligné dans un communiqué Carlo Buontempo, directeur du C3S.

Ces effets néfastes se font déjà sentir à travers la planète, de la fonte de la banquise aux canicules exceptionnelle, en passant par des précipitations diluviennes ou encore la dernière saison record d’ouragans dans les Caraïbes.

Et le pire est à venir. La planète a gagné au moins 1,1°C par rapport à l’ère pré-industrielle, avec déjà son lot de catastrophes climatiques. Mais malgré les objectifs de l’Accord de Paris de maintenir le réchauffement bien en dessous de +2°C, si possible +1,5°C, les engagements actuels de réduction des gaz à effet de serre des Etats sont encore loin de cette trajectoire.

Malgré les mesures prises contre la pandémie de Covid-19 et le ralentissement de l’économie qui ont conduit à une baisse record des émissions de CO2 en 2020 (-7% selon le Global Carbon Project), la concentration de CO2 dans l’atmosphère a continué d’augmenter, selon les données satellite de Copernicus. Atteignant “un maximum sans précédent” de 413 ppm (partie par million) en mai 2020.

“Si les concentrations de dioxyde de carbone ont légèrement moins augmenté en 2020 qu’en 2019, il n’y a pas lieu de se reposer sur ses lauriers. Tant que les émissions mondiales nettes ne seront pas réduites à zéro, le CO2 continuera de s’accumuler dans l’atmosphère et de provoquer un nouveau changement climatique”, a mis en garde Vincent-Henri Peuch, patron du service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus.

“Le CO2 s’accumule dans l’atmosphère comme de l’eau dans une baignoire. Si on réduit le débit du robinet de 7%, le niveau augmente plus lentement mais il continue à monter. Nous devons fermer le robinet pour stabiliser le climat”, a souligné à l’AFP Stefan Ramstorf, du Potsdam Institute for Climate Impact Research. 

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