Comédienne, photographe et autrice, Hermine Karagheuz s’est éteinte

La comédienne Hermine Karagheuz laisse derrière elle un souvenir fort. Par sa présence, sa voix et ses yeux gris. Egalement photographe et écrivaine, elle s’est éteinte le 30 avril, à l’âge de 83 ans, dans un EHPAD à Paris. Un début sur les...

Comédienne, photographe et autrice, Hermine Karagheuz s’est éteinte

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La comédienne Hermine Karagheuz laisse derrière elle un souvenir fort. Par sa présence, sa voix et ses yeux gris. Egalement photographe et écrivaine, elle s’est éteinte le 30 avril, à l’âge de 83 ans, dans un EHPAD à Paris.

Un début sur les planches

Née en 1938 à Issy-les-Moulineaux, d’une famille d’artistes peu fortunés, exilés d’Arménie, Hermine Karagheuz débute sa carrière par le théâtre, en 1967, dans une adaptation de Monsieur Fugue (de Liliane Atlan) par Roland Monod. Au fil des rencontres et des petits rôles sur les planches, elle rencontre Roger Blin, grand metteur en scène (avec qui elle partage sa vie par la suite), et joue dans plusieurs de ses créations. Parmi elles, la mise en scène de M’appelle Isabelle Langrenier de Jean Louis Bauer, en 1975, où elle tient le rôle-titre.

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La comédienne est remarquée par la critique en 1973, dans la mythique pièce de Patrice Chéreau adaptée de La Dispute de Marivaux, à la Gaîté Lyrique. Elle y apparaît au centre du plateau, brune dans son habit blanc qui dénude sa peau, presque fantomatique et pourtant bien réelle.

Hermine Karagheuz parcourt les planches d’une trentaine de mises en scènes du milieu des années 70 jusqu’au début des années 2000. Une carrière ponctuée d’amitiés fortes et de textes puissants.

Sur les plateaux ciné’, aussi

L’actrice fait quelques apparitions furtives au cinéma, jouant d’abord dans The Wednesday Play : Pitchi Poi (1967) de François Billetdoux, incarnant par la suite des petits rôles pour Jacques Baratier, Joseph Losey ou encore Jeanne Moreau. Mais c’est devant la caméra de Jacques Rivette que l’actrice se révèle, embrassant les rôles surréalistes du cinéaste de la Nouvelle Vague.

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Hermine Karagheuz brille par sa présence, son regard intense et sa voix grave. Aux côtés de Bulle Ogier et Juliet Berto dans les très libres Out 1 : Noli me tangere (1971) et Duelle (1976). Dans Out 1, elle improvise et reste mémorable dans une scène avec de vrais serpents, menaçant de l’étrangler, vêtue d’une veste en jean délavée. Avant de disparaître, la comédienne fait une brève apparition dans Nocturama (2016) de Bertrand Bonello.

En photo ou à travers les mots

Photographe, Hermine Karagheuz reflète sa vision du monde dans ses propres créations. Elle porte un regard personnel et sensible sur l’Arménie, qui transparaît dans les clichés qu’elle y prend dans les années 80. Elle s’exprime aussi sur ce qui lui tient à cœur avec les mots.

Elle écrit quelques pièces de théâtre, et surtout un livre en hommage à Roger Blin, son plus fidèle collaborateur et compagnon disparu en 1984, intitulé Une dette d’amour (2002). Elle y retrace notamment leur parcours partagé et l’aventure du théâtre qu’elle perpétue d’ailleurs en donnant trois dernières lectures poétiques des écrits de Nerval à ceux de Daumal, de 2013 à 2016. Hermine Karagheuz (“yeux noirs” en arménien) aura marqué son époque.