Comme Elon Musk, les personnes autistes sont aussi un atout en entreprise
AUTISME - Invité samedi 8 mai dans “Saturday Night Live”, Elon Musk était très attendu pour ses propos sur le Dogecoin, une cryptomonnaie. Mais le patron de Tesla a fait une autre révélation, celle d’être autiste Asperger.“Écoute, je sais bien...
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AUTISME - Invité samedi 8 mai dans “Saturday Night Live”, Elon Musk était très attendu pour ses propos sur le Dogecoin, une cryptomonnaie. Mais le patron de Tesla a fait une autre révélation, celle d’être autiste Asperger.
“Écoute, je sais bien que je dis ou je poste des choses étranges, mais c’est justement la façon dont travaille mon cerveau”, a-t-il expliqué. ”À toutes les personnes que j’ai pu offenser je dis: j’ai réinventé la voiture électrique et j’envoie des gens sur la planète Mars à bord d’une fusée”. “Vous pensiez vraiment que je serais un gars détendu et normal?”.
Normal n’est certainement pas ce qui caractérise celui qui a fondé SpaceX, dirige l’entreprise Tesla, et possède une fortune de plus de 100 milliards de dollars, soit une vie professionnelle plutôt extraordinaire.
Le syndrome d’Asperger, lui, est une forme d’autisme, un “trouble du développement neurologique d’origine génétique”, rappelle l’association Autisme France. Si les personnes présentant un syndrome d’Asperger ne font état d’aucune déficience intellectuelle, elles manifestent souvent des difficultés de communication qui touchent leur vie sociale et entraînent des problèmes d’intégration. Elles peuvent aussi connaître des difficultés à se concentrer ou à s’adapter à une vie désordonnée, d’où leur préférence pour des activités routinières.
Organisation, mémoire, intégrité
Pour autant, et ce n’est certainement pas Elon Musk qui dirait le contraire, les adultes présentant un trouble du spectre autistique (TSA) -environ 700.000 en France- peuvent représenter un véritable atout en entreprise.
″De par leur goût de la procédure, les autistes sont très performants quand tout est bien cadré, car ils sont beaucoup plus pointilleux que les ‘neuro-atypiques’. Ils ne ménagent pas non plus leur peine et travaillent énormément, au point qu’il faut même parfois les arrêter”, souligne ainsi Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme, auprès de Courrier Cadres. ”Du reste, ils ont aussi un grand sens de l’organisation, sont capables de rester concentrés très longtemps sur une tâche, et ont une très bonne mémoire. Enfin, ils ont parfois des sens exacerbés (l’odorat, surtout), ont un très bon sens de l’observation, et voient souvent des choses que nous ne percevons pas”, ajoute-t-elle.
À ces différentes qualités s’ajoute aussi une certaine productivité. C’est ce qu’explique Alexandre Klein, militant associatif et autiste, entrevueé par Le Figaro. “Quand on démarre quelque chose, on a besoin de bien faire, on n’aime pas l’échec. On peut passer plusieurs heures concentré sur une tâche (...) On est productif parce qu’on développe une vraie conscience professionnelle, et nous ne sommes pas intéressés par les conventions sociales telles que les pauses café ou cigarettes”, analyse-t-il.
Par ailleurs, selon un rapport de l’association britannique National Autistic Society, les personnes présentant un TSA “peuvent être très consciencieuses et engagées dans leur travail, souvent ponctuelles, honnêtes et intègres. Par exemple, les employeurs nous disent qu’ils remarquent chez elles un absentéisme plus faible.
“Différence porteuse d’atouts”
Certaines entreprises connaissent ce potentiel. En 2015, Microsoft annonçait le lancement d’un programme pour recruter des personnes autistes. “Les personnes présentant un trouble du spectre autistique apportent la force dont nous avons besoin à Microsoft, chaque individu est différent, certains ont d’incroyables capacités pour retenir des informations, penser avec le souci du détail et la profondeur ou exceller en maths et en code”, expliquait Mary Ellen Smith, vice-présidente des opérations de Microsoft et dont le fils a été diagnostiqué autiste à 4 ans, dans un texte publié sur le blog de l’entreprise.
Des organisations, comme Spécialisterne, Auticon ou Aspertise, se sont même spécialisées dans l’aide à l’emploi de personnes avec TSA, comme le notent sur The Conversation Xavier Weppe, maître de Conférences en Stratégie et Organisation, et Vanessa Warnier, Maître de Conférences en management et organisation. “Les tenants de ces business models ne considèrent pas les TSA comme une maladie ou un handicap, mais plutôt comme une différence potentiellement porteuse d’atouts pour l’entreprise”, écrivent-ils. “On constate notamment une forte croissance de l’emploi d’autistes dans le monde informatique où leur grande capacité de concentration, leurs compétences cognitives, leur souci du détail et leur extrême fiabilité constituent de vrais atouts”, ajoutent-ils.
Tous les individus présentant un TSA ne sont pas des adultes à haut potentiel comme Elon Musk. Mais avec une organisation ou un poste de travail adaptés et certains aménagements, le recrutement de personnes autistes peut représenter un atout en entreprise. “Les entreprises ont tout intérêt à développer leur créativité stratégique en imaginant des business models adaptés à ces ressources délaissées”, poursuivent Xavier Weppe et Vanessa Warnier. “Et ainsi prouver que l’on peut faire des choses extraordinaires avec des ressources perçues, à tort, comme négatives…”
Frilosité en France
Pourtant, les employeurs sont généralement encore très frileux à l’idée de recruter une personne autiste. Difficile d’avoir des chiffres précis sur le sujet dans l’Hexagone, car tous les autistes ne sont pas diagnostiqués comme tels et lorsqu’ils le sont, ne le déclarent pas forcément. Selon Danielle Langloys, présidente d’Autisme France interrogée en 2016 par Rue89, “la France est la honte du monde occidental, elle a 40 ans de retard par rapport aux pays anglo-saxons ou scandinaves. L’insertion des personnes autistes n’a jamais été pensée.”
Selon des chiffres plus récents de l’association internationale Autisme Europe, entre 76 et 90% des personnes autistes sont sans emploi. D’après l’association française Prisme autisme, ce sont entre 90 et 95% des 350.000 adultes autistes en âge et capacité de travailler, qui sont sans emploi, rapporte Le Parisien.
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