Comment déconfiner pour que ce confinement soit le dernier [DOSSIER]

SCIENCE - La France est en train de “sortir durablement de la crise sanitaire” provoquée par le Covid-19. “Tous les indicateurs de suivi sont au vert”. Alors que le pays entame une nouvelle phase de son 3e déconfinement, avec l’ouverture des...

Comment déconfiner pour que ce confinement soit le dernier [DOSSIER]

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Alors que la France se déconfine, l'épidémie de coronavirus est loin d'avoir disparue.

SCIENCE - La France est en train de “sortir durablement de la crise sanitaire” provoquée par le Covid-19. “Tous les indicateurs de suivi sont au vert”. Alors que le pays entame une nouvelle phase de son 3e déconfinement, avec l’ouverture des terrasses et lieux culturels, tout semble aller pour le mieux, si l’on en croit Jean Castex et Gabriel Attal.

Nous souhaitons tous mettre derrière nous cette pandémie. Nous avons tous besoin d’optimisme, d’un horizon. Mais, après trois vagues et deux déconfinements, nous n’avons pas besoin de faux espoirs. Or, la période qui s’ouvre est bien particulière.

Nous avons à notre disposition des armes redoutables contre le coronavirus, grâce aux scientifiques du monde entier. Des vaccins efficaces, mais aussi une connaissance plus fine du Sars-Cov2, de son mode de fonctionnement, de ses mutations. Nous avons plus que jamais les cartes en main pour réussir à endiguer l’épidémie sans l’arme atomique du confinement.

Mais la partie est loin d’être gagnée d’avance. Couverture vaccinale insuffisante, incidence encore élevée, protocole non adapté, variants émergents... les dangers sont nombreux et le risque d’une quatrième vague est loin d’être négligeable. Pourtant, là aussi, la connaissance accumulée par les chercheurs peut nous aider à mieux déconfiner afin de tenter de faire en sorte que ce confinement soit le dernier.

Ces dernières semaines, Le HuffPost a interrogé de nombreux scientifiques sur cette question et a récolté des réponses et conseils utiles, malheureusement, pas toujours appliqués par les autorités de santé.

Repenser les gestes barrières

Une clé d’un déconfinement bien réussi, c’est d’abord d’avoir un niveau de circulation du virus le plus bas possible. Depuis début avril, l’épidémie de Covid-19 est en régression, mais le taux d’incidence reste relativement élevé, aux alentours de 140. Et plus l’incidence est forte, plus une nouvelle hausse des contaminations aura rapidement un impact sur un système hospitalier déjà à bout de souffle.

 

Pour aller plus loin: Le point en cartes sur l’épidémie de Covid à l’heure du déconfinement

Alors que les restrictions sont petit à petit levées, il est nécessaire de ne pas aller trop vite. “Si dès aujourd’hui on repassait aux mesures de relâchement que l’on a mis en place durant l’été 2020, on aurait une vague importante”, note Simon Cauchemez, épidémiologiste et modélisateur au sein du Conseil scientifique.

Afin de diminuer les risques, il faut donc continuer de porter le masque et de respecter les gestes barrières. Il faudrait également se demander si ceux-ci ne doivent pas être adaptés à l’aune de nos connaissances sur le Sars-Cov2.

Il est maintenant clair que le risque en intérieur est bien plus important qu’en extérieur. Est-ce donc encore utile d’imposer le port du masque lorsque l’on se balade dehors? Seul, pas vraiment, mais dès que nous sommes en contact rapproché, oui.

Ce qu’il faudrait surtout changer, c’est notre rapport à l’intérieur. Si le masque est plus que jamais nécessaire, il peut ne pas être suffisant. Une très faible quantité de virus expulsé par notre respiration arrive, même avec un masque, à se répandre dans l’air. Sans aération suffisante, il finit par remplir la pièce. C’est pour cela que plusieurs chercheurs encouragent à aérer un maximum les pièces communes, ou encore à limiter la durée de présence en intérieur.

Ces nouvelles règles pourraient être très utiles dans les établissements scolaires, dont le protocole a été amélioré, mais trop légèrement. Ils seront également utiles dans les restaurants quand ceux-ci pourront rouvrir leurs salles dans quelques semaines: on y reste de longues heures et sans masque.

Pour aller plus loin:

  • Le masque en extérieur, est-ce vraiment utile ?
  • À l’intérieur, et s’il fallait causer en minutes plutôt qu’en mètres ?
  • Le protocole sanitaire des écoles sera-t-il efficace ?

 

 

Comment mieux dépister

Il n’y a pas de remède miracle: des cas de Covid-19 vont continuer d’être répertoriés par milliers. Il faut donc améliorer encore et encore notre stratégie de dépistage. C’est le but des autotests, censés permettre une prise en charge individuelle, personnelle, de l’épidémie.

Déployés récemment (bien après nos voisins), leur bilan reste pour l’instant très mitigé. Il faut dire que les inconvénients s’accumulent pour cette nouvelle arme dans la stratégie de dépistage français: coûteux (environ 6 euros le test) et un peu moins fiables que les tests antigéniques ou PCR, les autotests ne permettent surtout pas de prouver que l’on n’est pas contaminé et ne font pas office de sésame pour le pass sanitaire.

Pour autant, la France n’a pas à rougir de son dépistage, c’est un des pays qui teste le plus au monde. Mais encore faut-il que cela serve à quelque chose. Pour casser les chaînes de transmission, l’une des méthodes les plus efficaces (utilisées avec succès dans de nombreux pays asiatiques notamment) est de tracer les contacts. Car souvent, on contamine son entourage avant de développer des symptômes.

Mais après avoir été mis en avant comme un des piliers de notre stratégie, le contact tracing semble être passé au second plan dans le discours du gouvernement sur la pandémie. Le dispositif a-t-il été discrètement enterré? Il faut dire que son bilan en France est plutôt médiocre: s’il a été utile, le nombre de cas positifs quotidiens fait qu’il est totalement impensable d’endiguer une possible quatrième vague avec cette méthode, à moins d’engager des moyens colossaux.

Mais si le nombre de cas positifs quotidien continue de descendre pour passer sous les 10.000, cela pourrait redevenir possible. Mieux: des équipes françaises testent une stratégie qui a montré son efficacité ailleurs: le rétro contact tracing. À la différence du système actuel actuel où l’on cherche à identifier les cas contacts d’une personne positive, le rétro tracing vise à remonter aux évènements et aux circonstances durant lesquels ont eu lieu les contaminations. Le problème, c’est que l’expérimentation a pris du retard. Reste à voir si ce dispositif pourra être utilisé dans les semaines à venir.

Pour aller plus loin:

  • Les autotests peinent à s’imposer
  • Le contact tracing est-il mort et enterré ?

Course entre vaccins et variants

Même dans le meilleur des cas, toutes ces mesures ne suffiraient pas à endiguer une possible vague de coronavirus. Les pays qui ont réussi jusqu’à récemment l’ont fait via des confinements drastiques et des mesures de contrôle en frontière difficilement imaginables en France aujourd’hui.

La sortie de la crise sanitaire passe donc invariablement par la vaccination. C’est une chance incroyable, inimaginable au début de la pandémie, que d’avoir des millions de doses de vaccins extrêmement efficaces moins d’un an et demi après l’apparition du Sars-Cov2.

Mais la route est longue entre la livraison de vaccins et la fin de l’épidémie. Moins de 15% de la population française est aujourd’hui entièrement vaccinée. Or, ces derniers mois, on a vu l’épidémie repartir (plus ou moins fortement) dans de nombreux pays avec un taux de vaccination bien plus important que la France, du Chili aux Émirats arabes unis en passant par les États-Unis.

La bonne nouvelle, c’est que nous vaccinons de plus en plus. Et que, selon les modèles de l’Institut Pasteur, le rythme actuel peut nous permettre d’avoir un été tranquille. À condition de ne pas déconfiner trop vite. Restera ensuite à voir ce que l’arrivée de l’automne, plus propice au coronavirus, aura comme impact.

Pour aller plus loin:

  • Pourquoi des pays très vaccinés voient-ils le nombre de malades augmenter
  • La vaccination va-t-elle assez vite pour éviter une 4e vague ?

Il existe un dernier risque, plus incertain mais qui pourrait tout chambouler: l’arrivée de variants, de versions du coronavirus disposant d’un ensemble de mutations le rendant plus contagieux ou encore capable de réinfecter une personne théoriquement immunisée, voire d’échapper aux vaccins.

Cet hiver, le variant “anglais” a gâché le deuxième déconfinement et provoqué une troisième vague. Cet été, le risque pourrait se situer autour du variant “indien”, qui semble plus contagieux encore. Au Royaume-Uni, les chercheurs s’interrogent sur la nécessité de repousser le déconfinement progressif. De peur de voir se reproduire le scénario de cet hiver.

Mais le pire, à plus long terme, serait de voir des variants échappant en partie à l’immunité prendre pied sur le territoire. Les variants sud-africain et brésilien sont suspectés de pouvoir échapper en partie à l’immunité. Les vaccins, surtout ceux à ARN messager, semblent garder une forme d’efficacité, notamment pour prévenir les formes graves. Mais les choses sont encore loin d’être claires.

Surtout, d’autres variants encore inconnus pourraient émerger dans les semaines à venir. Pour empêcher cela, le plus simple, c’est d’endiguer l’épidémie, notamment via la campagne de vaccination. Mais il faut également scruter et suivre de près l’évolution des mutations du coronavirus.

Or, sur ce sujet, la France a clairement un train de retard. Les choses se sont améliorées depuis le début de l’année, mais beaucoup de chercheurs doutent de nos capacités à détecter suffisamment tôt des variants préoccupants sur le territoire. Or, si les vaccins peuvent nous aider à gagner la bataille, la surveillance des variants sera nécessaire pour gagner définitivement la guerre.

Pour aller plus loin:

  • La France risque-t-elle d’être rattrapée par le variant indien?
  • Pourquoi la France est à la traîne dans la chasse aux variants
  • Comment les variants circulent à bas bruit en France

À voir également sur Le HuffPost: Les mutations des virus expliquées en 2 minutes