Comment l'attentat à Rambouillet a tourné au règlement de compte politique

POLITIQUE - Jean-Michel Blanquer veut “toujours rechercher l’unité nationale.” Mais le ministre de l’Éducation nationale risque d’attendre un moment, vu la teneur des réactions politiques après l’attaque de Rambouillet, au cours de laquelle...

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Comment l'attentat de Rambouillet a tourné au règlement de compte politique (photo de l'illustration prise le 23 avril)

POLITIQUE - Jean-Michel Blanquer veut “toujours rechercher l’unité nationale.” Mais le ministre de l’Éducation nationale risque d’attendre un moment, vu la teneur des réactions politiques après l’attaque de Rambouillet, au cours de laquelle une agente administrative du commissariat de la ville des Yvelines a été tuée par un Tunisien de 36 ans dont la radicalisation “paraît peu contestable”, selon les mots du procureur antiterroriste.

La France se retrouve donc une nouvelle fois frappée par le terrorisme, quelques mois après un automne déjà rythmé par les attaques djihadistes, dont la décapitation du professeur Samuel Paty et l’attentat au couteau dans la basilique Notre-Dame à Nice.

Dans ce contexte, les oppositions de droite ne retiennent pas leurs coups contre un gouvernement “laxiste” à leurs yeux, lequel riposte sans ménagement pour ne laisser s’installer aucun vide sur une question hautement sensible. Et ce, quitte à faire passer les règlements de compte politiques avant une sacro-sainte “unité nationale” aux allures de vœu pieux à un an de l’élection présidentielle.

Emmanuel Macron accusé de laxisme

Les élus des Républicains ou du Rassemblement national n’ont effectivement pas attendu longtemps avant de dégainer leur angle d’attaque privilégié: fustiger la prétendue inaction d’Emmanuel Macron, incapable, selon eux, d’éviter la succession d’attaques terroristes sur le territoire, comme d’enrayer le sentiment d’insécurité qui parcourt les Français.

D’autant que l’événement dramatique à Rambouillet intervient quelques jours seulement après l’offensive régalienne du chef de l’État, vue comme une opération de communication par ses opposants. Sans surprise, la critique la plus acerbe est venue de Marine Le Pen, la présidente du RN, déjà lancée pour 2022, rapidement rejointe par plusieurs élus de sa famille politique et de la droite des Républicains.

“Les mêmes horreurs se succèdent, la même infinie tristesse en pensant aux proches et aux collègues de cette policière assassinée (...) On n’en peut plus”, a d’abord réagi la députée sur les réseaux sociaux vendredi, avant d’enfoncer le clou un peu plus tard dans l’après-midi sur BFMTV en estimant que “Emmanuel Macron, c’est le chaos.” “Jamais la situation sécuritaire dans notre pays a été aussi grave, jamais les Français n’ont été autant encerclés par la délinquance”, martelait-elle, au téléphone, alors que défilaient encore à l’antenne les images de pompiers et forces de l’ordre en train de s’afférer aux abords du lieu du drame.

La riposte du gouvernement

Autre formation, autre ton, mais mêmes accusations de fond chez Les Républicains. “La vie paisible, Emmanuel Macron?”, a par exemple ironisé le député Guillaume Peltier, vice-président des Républicains, également sur Twitter, en allusion aux déclarations du président de la République en début de semaine dans une entrevue au Figaro consacrée à la sécurité.

Son collègue Éric Ciotti accusait pour sa part “le gouvernement” d’avoir “péché gravement par naïveté et inaction face au terrorisme.” Et d’ajouter, sur les réseaux sociaux: sans actions concrètes, des Français continueront de tomber.”

Quelle indignité, quelle ignominie, que de tenter d’exploiter cette tragédie à votre profit, deux heures seulement après ce crime"Éric Dupond-Moretti à Marine Le Pen

Autant d’accusations qui ont poussé le gouvernement à immédiatement réagir. Par la voix d’Éric Dupond-Moretti, d’abord, le garde des Sceaux souvent en 1ère ligne pour fustiger ce qu’il voit comme “les dérives” d’une partie de la classe politique.

“Quelle indignité, quelle ignominie, que de tenter d’exploiter cette tragédie à votre profit, deux heures seulement après ce crime”, a-t-il répondu à Marine Le Pen, sur les réseaux sociaux, avant de s’épancher, un peu, sur le sujet auprès du Parisien: “ce que je ne supporte pas, c’est l’exploitation cynique de l’émotion légitime des gens à des fins politiciennes.”

Quelques heures plus tard, c’est Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement qui portait la réplique en des termes similaires à ceux employés par son collègue à la Justice. “Je suis sidéré par certaines interventions qu’on a entendues à peine deux heures après que l’attaque a été commise, c’est-à-dire qu’on a encore une intervention sur la scène de crime et parfois les familles ne sont même pas encore informées”, a-t-il insisté dans l’émission “Questions politiques” de France inter, France info et Le Monde, en référence notamment à Marine Le Pen qu’il a qualifiée de “vautour”.

Une nouvelle loi en approche

En toile de fond de cette riposte coordonnée, la volonté pour l’exécutif de ne pas laisser infuser l’idée dans la population selon laquelle l’insécurité serait le talon d’Achille du chef de l’État. “Les oppositions martèlent qu’Emmanuel Macron n’a rien fait pendant quatre ans et ça s’installe dans l’opinion”, explique un “conseiller gouvernemental” aux Échos, quand un de ses proches confesse au JDD: “on peut se retrouver en faiblesse s’il y a une démultiplication des faits divers.”

Alors le gouvernement occupe le terrain (et le fait savoir). Gérald Darmanin et Jean Castex se sont immédiatement rendus sur les lieux de l’attaque, vendredi après-midi à Rambouillet, avant que le Premier ministre n’écourte, le lendemain, une visite en Occitanie pour tenir une réunion en urgence avec les ministres et autorités concernés à Paris. Dans le même temps, Emmanuel Macron s’est rendu à Thoiry, dans les Yvelines, dans la boulangerie de l’époux de la fonctionnaire de police assassinée, pour apporter son soutien à sa famille “très bouleversée et très digne”, selon le récit de l’Élysée.

Mais surtout, le président de la République a envoyé le ministre de l’Intérieur défendre son bilan dans le JDD, comme lui-même l’avait fait dans les colonnes du Figaro quelques jours plus tôt. Gérald Darmanin y fustige “le concours Lépine de la proposition la plus démagogique”, réaffirme la détermination du gouvernement et confirme la présentation, dans la semaine, d’un nouveau “projet de loi consacré au renseignement et à la lutte contre le terrorisme.” Le but: simplement “pérenniser” des mesures contenues dans la loi antiterroriste de 2017.

Pas sûr, dans ces conditions, que ce texte soit de nature à convaincre les opposants les plus remontés -souvent candidats putatifs ou déclarés pour 2022- dont certains se livrent à une forme de surenchère à un an d’une présidentielle qui devrait faire la part belle aux questions sécuritaires. Après avoir attisé le débat sur les peines planchers en réponse à l’affaire Viry-Châtillon, Xavier Bertrand, par exemple, propose désormais des peines de 50 ans de prison pour les individus condamnés pour terrorisme. 

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