Comment le réchauffement climatique peut provoquer d’autres coronavirus

Photo taken in Soppeng, IndonesiaÉPIDÉMIES - Comme des poux, les virus vont sauter très rapidement d’espèce en espèce dans les cinquante prochaines années. 15.000 nouvelles transmissions virales sont à prévoir d’ici 2070 sous l’effet d’un réchauffement...

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Photo taken in Soppeng, IndonesiaPhoto taken in Soppeng, Indonesia

ÉPIDÉMIES - Comme des poux, les virus vont sauter très rapidement d’espèce en espèce dans les cinquante prochaines années. 15.000 nouvelles transmissions virales sont à prévoir d’ici 2070 sous l’effet d’un réchauffement à +2°C par rapport à l’ère préindustrielle, alerte une nouvelle étude publiée ce jeudi 28 avril dans la revue scientifique Nature.

Des échanges viraux qui entraîneront inévitablement de nouvelles zoonoses, des maladies qui se transmettent de l’animal sauvage à l’homme. Une forme de maladie infectieuse que l’on connaît bien maintenant, car elle est l’une des pistes privilégiées pour expliquer l’apparition du Covid-19. 

Alors quel lien avec le réchauffement climatique?Les chercheurs expliquent que les agents pathogènes des zoonoses sont dispersés par les mammifères fuyant leur habitat naturel. Il s’agit donc d’une migration forcée à cause de l’augmentation des températures. “Ces déplacements géographiques peuvent faciliter le partage de virus entre des espèces qui n’avaient auparavant aucune interaction, ce qui peut à son tour favoriser la transmission d’agents pathogènes des animaux sauvages à l’homme”, écrivent-ils. 

Des virus qui circulent déjà entre les espèces

Pour prédire ces interactions improbables, les auteurs ont examiné l’évolution des lieux de vie de près de 4000 mammifères selon différents scénarios climatiques d’ici 2070. Même avec un réchauffement en dessous de 2°C, soit la limite à ne pas franchir selon l’Accord de Paris, ”ça va arriver et on ne peut pas revenir en arrière”, explique Gregory Albery, chercheur de Georgetown University et l’un des auteurs de cette étude, lors d’une conférence de presse à laquelle Le HuffPost a assisté. 

Le phénomène est même déjà en cours, s’inquiètent les scientifiques. Le réchauffement étant déjà une réalité, les espèces sont obligées de fuir hors des points les plus chauds de la planète. Logiquement, l’évolution virale qui en découle a déjà commencé. Pour limiter la propagation, les scientifiques appellent à une vigilance maximale: “Il faut cibler la surveillance des futurs ‘points chauds’ de la planète”. 

Surveiller pour limiter la propagation

L’Afrique tropicale et l’Asie du Sud-Est sont particulièrement dans les radars des scientifiques pour trois raisons. D’abord, à cause de l’exploitation des terres pour l’agriculture intensive, qui rapproche les humains des animaux dont l’habitat est dérangé. Ensuite, ce sont des zones à forte densité humaine où les épidémies peuvent se propager très rapidement. Enfin, les changements climatiques y sont déjà visibles comme l’attestent de nombreux épisodes de sécheresses. 

Autre point de vigilance, les espèces qui peuvent incuber des virus transmissibles à l’homme. La chauve-souris est bien surveillée par les scientifiques. C’est un hôte apprécié par les agents pathogènes et capable d’héberger des virus transmissibles à l’homme. Cet animal est à l’origine de la pandémie de Covid-19, selon plusieurs thèses scientifiques. Mais aussi de nombreuses autres zoonoses comme les virus Ébola, Nipah ou encore Hendra. 

10.000 virus “potentiellement zoonotiques” circulent aujourd’hui chez les mammifères. Parmi eux, impossible pour les auteurs de cette étude de désigner le futur responsable des épidémies à venir. “Il y a des risques de propagation de virus type coronavirus et Ébola mais il peut y avoir des surprises”, indique Colin Carlson de Georgetown University et aussi auteur de ces travaux.  

L’atténuation climatique ne suffit pas

Pour limiter les conséquences de ces virus, “la réduction des émissions de gaz à effet de serre (...) seule ne peut pas réduire la probabilité d’un partage viral dû au climat”, ajoutent aussi les chercheurs. Pire, un réchauffement lent aurait même tendance à accélérer l’apparition des virus. Une évolution moins rapide des changements climatiques permet en effet aux espèces de mieux s’y adapter en se dispersant. Or, plus les espèces migrent, plus le nombre de 1ères rencontres avec d’autres espèces est important. 

En clair, limiter le réchauffement ne suffira pas. Pour éviter que ces échanges de virus ne se transforment en pandémie, l’homme doit aussi réduire ses activités néfastes à l’environnement, comme l’agriculture intensive et le trafic d’animaux sauvages. “Il faut aussi réfléchir à un meilleur système de santé”, rappelle Colin Carlson. L’OMS et l’ONU défendent l’idée, depuis des années, de lier santé humaine, animale et environnementale pour prévenir des pandémies. 

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