Comment Mélenchon et ses proches se défendent dans la tourmente

POLITIQUE - La polémique ne désenfle pas. Après ses propos tenus sur France Inter dimanche 6 juin concernant le “grave incident” qu’il prédit dans les derniers jours de l’élection présidentielle de 2022, à l’image des attentats de Mohammed...

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Jean-Luc Mélenchon et Clémentine Autain photographiés le 11 mai à l'Assemblée nationale (illustration).

POLITIQUE - La polémique ne désenfle pas. Après ses propos tenus sur France Inter dimanche 6 juin concernant le “grave incident” qu’il prédit dans les derniers jours de l’élection présidentielle de 2022, à l’image des attentats de Mohammed Merah en 2012 ou de celui commis contre le policier Xavier Jugelé sur les Champs-Élysées en 2017, Jean-Luc Mélenchon est accusé de complotisme pour avoir déclaré que ce type scénario était ”écrit d’avance”. 

Une sortie qui a provoqué un tollé général, ainsi que la colère des victimes de Mohammed Merah, dont la mère de l’un des soldats assassinés par “le tueur au scooter”, Latifa Ibn Ziaten, qui a dénoncé des “propos inadmissibles”. Alors que les critiques pleuvent sur le candidat à l’élection présidentielle, ses proches font bloc et dénoncent à la fois la déformation de ses propos et l’acharnement politico-médiatique dont il serait la victime.    

“La croisade anti-Mélenchon se poursuit”, a dénoncé le numéro 2 de la France insoumise Adrien Quatennens, assurant que le député des Bouches-du-Rhône n’a fait que dénoncer “l’instrumentalisation, prévisible, écrite d’avance, de tels événements en période électorale”. Invitée sur CNews ce lundi, la députée LFI Clémentine Autain a estimé que les pourfendeurs de Jean-Luc Mélenchon “ont volontairement mal compris et déformé ses propos”. 

Selon elle, le chef de file de la France insoumise visait “l’extrême droite” qui “instrumentalise” ce type de drames. Une défense qui résonne avec celles faites sur Twitter depuis plusieurs heures par le député du Nord Ugo Bernalicis ou de l’eurodéputé Younous Omarjee. Ce dernier a partagé un communiqué dans lequel il souligne que le constat fait par Jean-Luc Mélenchon “relève de la simple observation des élections présidentielles tout au long de la Ve République” et que les critiques qu’il suscite révèlent “l’entreprise commencée de diabolisation et de disqualification” du candidat insoumis.

Mélenchon fait son SAV 

Les arguments martelés par les compagnons de route de Jean-Luc Mélenchon ne sont en réalité qu’une reproduction de l’explication de texte faite a posteriori par le principal intéressé. Sur les réseaux sociaux, l’élu marseillais a multiplié les publications pour préciser son propos. “Les complotistes anticomplotistes sont de sortie. Ils nient que les assassins font leur coup au moment qui fait causer d’eux”, a-t-il tweeté quelques heures après son passage sur France Inter, avant de publier un billet plus détaillé sur Facebook, dans lequel il partage un article du Figaro sur “Les attentats et faits-divers qui ont bouleversé les campagnes présidentielles”. 

 

Une défense qui -en résumé- tient principalement en deux points. Le 1er consiste à dire que les terroristes (comme ce fut le cas en 2012 et 2017) choisissent de commettre leurs atrocités en fonction de notre agenda électoral. Un argument qui se tient sur le papier mais qui occulte une partie de la déclaration faite par Jean-Luc Mélenchon sur France Inter, celle concernant “Papy Voise” en 2002.

Un faits-divers qui certes avait eu un retentissement considérable médiatisé à deux jours du 1er tour (dont Jean-Marie Le Pen sortit finaliste), mais qui ne colle pas avec l’argument selon lequel les assassins choisissent le moment de la campagne présidentielle pour commettre leurs crimes, puisqu’il ne s’agissait pas d’un acte terroriste (et donc comportant une charge politique).

La prévision sur 2022 ne passe pas

Pour ce qui est du deuxième élément utilisé par Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens, il vise à souligner que le phénomène de l’attentat ou du faits-divers chamboulant le déroulé d’une élection présidentielle est connu, voire même analysé par la presse. Sauf que, ce n’est pas vraiment cela qui est reproché au candidat insoumis, mais le fait qu’il laisse entendre que ce phénomène nourrisse un obscur agenda politique, puisque ces exemples intervenaient dans le cadre d’une démonstration sur “le système” qui “invente” des présidents “sortis du chapeau”.

Une démonstration au bout de laquelle il a prononcé ceci: “De même que vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012, ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs Elysées, avant on avait eu Papy Voise, dont plus personne n’a jamais entendu causer après. Tout ça, c’est écrit d’avance”. Avant d’ajouter: “Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau, nous aurons l’événement gravissime qui va une fois de plus permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile, voilà, c’est bateau tout ça”.

Ce n’est donc pas la constatation de drames intervenant durant une campagne qui lui vaut des accusations en complotisme, mais le fait qu’il laisse penser que ceux-ci servent le système. Un autre angle mort dans la défense de Jean-Luc Mélenchon qui laisse présager que l’intéressé n’en a pas encore fini avec cette polémique.  

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