Comment Timothée Chalamet redéfinit les codes de la masculinité à Hollywood
À l’affiche du tant attendu Dune de Denis Villeneuve et du dernier Wes Anderson qui sortira cet automne, le visage de l’acteur franco-américain a définitivement envahi nos écrans. Tout comme son personnage de Paul Atréides, Chalamet semble...
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À l’affiche du tant attendu Dune de Denis Villeneuve et du dernier Wes Anderson qui sortira cet automne, le visage de l’acteur franco-américain a définitivement envahi nos écrans. Tout comme son personnage de Paul Atréides, Chalamet semble incarner à lui seul le passage vers une nouvelle ère.
Des yeux verts cachés parfois sous de grosses boucles sombres, des traits émaciés, une mâchoire angulaire qui parait découpée dans du papier blanc et une silhouette gracile. Timothée Chalamet, du haut de ses 25 ans, garde une drôle d’allure juvénile avec ce je-ne-sais-quoi mélancolique d’un Pierrot mêlé au sourire charmeur d’un Don Juan. À cette beauté unique s’ajoute un jeu d’acteur subtil, une élocution parfaite (autant en anglais qu’en français) et une aisance naturelle devant la caméra.
L’acteur vient d’acquérir, en seulement quatre ans, le titre de jeune 1er le plus couru d’Hollywood ainsi que celui d’icône absolue des millenials. Révélé chez Luca Guadagnino en 2017, Timothée Chalamet a vogué à travers le circuit indépendant – jouant deux fois pour Greta Gerwig, chez Felix Van Groeningen ou encore chez Woody Allen – avant d’accéder à son 1er grand rôle dans un blockbuster cette année. À l’instar du jeune héritier de la Maison Atréides qu’il interprète dans Dune, Chalamet a renversé totalement l’image traditionnelle du héros masculin.
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Si on le compare souvent à James Dean ou Leonardo Dicaprio, le jeune acteur a autant à voir avec les héros de la Nouvelle Vague : Jean-Pierre Léaud bien sûr, mais aussi Jacques Perrin (Maxence le poète, militaire malgré lui des Demoiselles) ou même Luchini chez Rohmer. C’est principalement à travers des personnages sensibles, intellectuels et torturés qu’il s’est fait connaître : adolescent gay au cœur brisé dans Call Me by Your Name, accro à la méth dans My Beautiful Boy ou intello-poète dans Un jour de pluie à New York.
Chalamet a su d’emblée prouver son talent de comédien dans des scènes où il se montrait vulnérable et fragile. On pense évidemment à la longue séquence de fin de Call me by your name où Elio pleure seul : il n’est alors plus question de censurer la douleur masculine, mais bien de la magnifier. Par un choix judicieux de rôles, le jeune prodige hollywoodien a su redonner de la puissance et de la beauté à une forme perdue de lyrisme au masculin. Et ce, pour le plus grand bonheur d’une génération qui cherche à déconstruire les clichés machistes et à brouiller la frontière mortifère entre les genres.
Les corps virils sont-ils en crise ?
Cette image s’affirme d’autant plus dans son dernier film : Paul Atréides n’a que 15 ans dans la saga de Frank Herbert lorsque le sort de son peuple repose tout entier sur ses frêles épaules. Loin du corps robuste de son père (Oscar Isaac), il semble plus tenir de sa mère (Rebecca Ferguson) qui utilise La Voix – force de l’esprit – pour vaincre ses ennemis. Notons que l’absence de muscles du jeune homme constitue d’ailleurs une des seules blagues du film de Villeneuve, comme pour en souligner le caractère superflu.
Le corps à la pureté presque christique de Paul/Timothée vient contraster dans le paysage cinématographique avec celui d’autres héros, bien plus musclés et pourtant mal-en-point. On pense notamment au corps stéroïdé de Vincent Lindon dans Titane de Julia Ducournau, s’efforçant de tenir son rôle de mâle alpha mais suffocant sous le poids de la tristesse qu’il réprime. Il en va de même pour le corps charpenté d’Adam Driver qui finit derrière les barreaux après avoir tué sa femme dans le Annette de Léos Carax.
Dans notre monde post-MeToo, ces corps masculins viennent dénoncer, chacun à leur manière, les enjeux d’une masculinité toxique et le mythe d’une virilité qui associe obligatoirement force et violence.
Le nouveau représentant d’une masculinité décomplexée
En quête désespérée de nouveaux modèles masculins, la jeune génération semble avoir trouvé en Timothée Chalamet un fier porte-parole. “Je veux montrer qu’on peut être ce qu’on veut. Il n’y a pas de notion spécifique, de taille de jeans, de t-shirt moulant, de froncement de sourcil, de consommation de drogues nécessaire pour être masculin. Nous sommes dans un nouveau monde”, déclarait-il à Harry Styles (autre grand représentant de la masculinité décomplexée) dans une entrevue pour i-D en 2019. Le jeune acteur a d’ailleurs exprimé le vœu de travailler avec les réalisateurs François Ozon ou Xavier Dolan, de quoi confirmer sa volonté de fuir définitivement tous les clichés machos.