Confinement jusqu'à quand? Les vacances de Pâques en sursis

SCIENCE - La sentence est finalement tombée. À partir de ce vendredi 19 mars à minuit, un troisième confinement sera appliqué dans les départements d’Île-de-France et des Hauts-de-France, ainsi que dans les Alpes-Maritimes.Face à une épidémie...

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Le premier ministre Jean Castex a annoncé un nouveau confinement dans 16 départements pour juguler l'épidémie de coronavirus.

SCIENCE - La sentence est finalement tombée. À partir de ce vendredi 19 mars à minuit, un troisième confinement sera appliqué dans les départements d’Île-de-France et des Hauts-de-France, ainsi que dans les Alpes-Maritimes.

Face à une épidémie de Covid-19 qui progresse de plus en plus vite et à des services hospitaliers débordés, le gouvernement n’a pas pu différer plus longtemps l’application de nouvelles restrictions de déplacement censées juguler la circulation du coronavirus.

Mais jusqu’à quand doit durer ce confinement? Jean Castex a évoqué un délai de 4 semaines, soit le 17 avril, jour des vacances scolaires en région parisienne et une semaine avant pour les autres départements concernés. De quoi prévoir un bon repos bien mérité après un hiver cauchemardesque?

Rien n’est moins sûr. La durée d’un confinement dépend du timing, mais aussi de ses effets, qui eux-mêmes découlent de nombreux facteurs.

Plus c’est tard, plus c’est long

En théorie, “si vous confinez plus tard, il faut confiner plus longtemps pour revenir au seuil auquel vous avez confiné”, explique au HuffPost Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses, qui a travaillé sur la question avec son équipe dès les premiers temps de la pandémie. Surtout, le niveau actuel de circulation du virus, avec une incidence supérieure à 400, n’est pas vraiment envisageable comme seuil de déconfinement.

Pour autant, les décisions ont été prises plus tôt qu’en octobre dernier, où l’incidence dépassait les 500 en Île-de-France et 600 en Hauts-de-France au moment du second confinement. Il avait alors fallu trois semaines pour repasser sous la barre des 250 (seuil “d’urgence maximale”) et plus d’un mois pour frôler les 100 cas pour 100.000 individus.

Mais quel seuil faudra-t-il justement avoir atteint d’ici la mi-avril pour pouvoir déconfiner? Impossible à dire: Jean Castex n’a donné aucun élément clair à ce sujet.

Un confinement bien particulier

Autre problème, ces éléments sont théoriques. Les modèles qui imaginent des scénarios possibles partent d’un principe plutôt simple en apparence: les mesures prises ont un impact sur le taux de reproduction du virus, le fameux R effectif (combien de personnes sont contaminées par un individu infecté).

Le but d’une mesure de restriction est de limiter au maximum les contacts à risque, ces situations dans lesquelles il est probable que le virus circule de proche en proche. Mais l’impact réel d’un confinement sur le R effectif dépend de nombreux facteurs. Notamment quel est l’impact des restrictions mises en place et est-ce que les citoyens vont les respecter?

Lors du premier confinement, la mobilité des Français avait diminué de 60 à 70%, contre 40% au début du second, selon une étude de l’Inserm. En décembre, elle était remontée à 20% et s’était stabilisée à ce niveau avec le couvre-feu en janvier. Logiquement, le taux de décroissance de l’épidémie a été moins fort en novembre qu’en mars 2020.

Que va-t-il se passer dans les jours à venir? “Vous parlez d’un troisième confinement. Je ne sais pas quel nom il faut donner à ces mesures fortes”, a déclaré Olivier Véran en réponse à une question après l’annonce de Jean Castex. En effet, les mesures prises sont bien loin du premier confinement drastique de mars 2020 et même de celui d’octobre.

Les écoles sont ouvertes, le télétravail n’est pas obligatoire, les limites géographiques de déplacements sont agrandies, les contraintes horaires sont absentes en journée, certains commerces (coiffeurs, libraires) restent ouverts, le couvre-feu reste en vigueur, mais est retardé. Des aménagements certes fort à propos pour préserver notre santé mentale après 5 mois de restrictions sans interruption. Mais ne risquent-ils pas de diminuer l’effet des restrictions?

L’impact de la vaccination en question

Jean Castex, tout en imposant un confinement 7 jours sur 7, a voulu parier sur la responsabilité des Français en les enjoignant à continuer de se retrouver, mais dans des situations qui ne facilitent pas la transmission du coronavirus: à l’extérieur, en mouvement, en portant des masques. Et d’éviter “les barbecues et attroupements”. Des consignes louables, validées depuis des mois par l’accumulation des connaissances scientifiques. Mais suffiront-elles vu le niveau très élevé de circulation du virus?

À ces multiples inconnues, il faut en rajouter une autre, porteuse d’espoir: l’effet du vaccin. C’est notre meilleure arme contre la pandémie aujourd’hui et Jean Castex a d’ailleurs précisé que ces 4 semaines de confinement nous emmèneront à la mi-avril où “les plus vulnérables” seront théoriquement vaccinés. Effectivement, le but est d’avoir fini à ce moment de vacciner les plus de 75 ans ainsi que les personnes avec des comorbidités, risquant de développer des formes graves de Covid-19.

Encore faut-il que les livraisons de vaccins suivent. Encore faut-il que la population accepte de se faire vacciner avec AstraZeneca, le vaccin le plus livré en mars, alors même que la France a choisi de suspendre la campagne de vaccination quand les autorités européennes appelaient au calme. Jean Castex veut d’ailleurs redorer l’image d’AstraZeneca en se faisant vacciner ce vendredi 19 mars, après que l’Agence européenne du médicament a une nouvelle fois affirmé que le rapport bénéfice-risque était bénéfique.

Et quand bien même l’objectif de la mi-avril était atteint, il pourrait bien ne pas avoir autant d’effet qu’on pourrait le croire sur les services de réanimation. Si les plus de 75 ans ont beaucoup plus de risque de décéder du Covid-19, ils sont par contre peu nombreux à occuper les lits de réanimation. Cette maladie a la particularité de demander des soins drastiques, très longs et éprouvants, difficiles à imposer à une personne âgée et fragile.

Imaginons une ouverture mi-avril avec une circulation encore importante du virus et des hôpitaux toujours en tension. Si l’épidémie repart à la hausse, il serait possible de voir une courbe des décès pas si élevée que ça, avec malgré tout une saturation du système hospitalier.

Face à tant d’inconnues, impossible de savoir aujourd’hui quand pourra prendre fin ce troisième confinement. L’analyse détaillée de l’effet du confinement sur nos comportements et sur la circulation du virus, dans les jours et semaines à venir, permettra d’y voir plus clair.

À voir également sur Le HuffPost: Castex annonce le confinement dans 16 départements à partir de vendredi minuit