Confinement: pourquoi le Pas-de-Calais mais pas l'Île-de-France? Analyse en courbes
SCIENCE - Jeudi 4 mars, Jean Castex a rajouté 3 départements à la liste des 20 territoires sous “surveillance renforcée”. Les critères pour y entrer sont relativement clairs et prévisibles. Il semble par contre plus difficile de comprendre...
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SCIENCE - Jeudi 4 mars, Jean Castex a rajouté 3 départements à la liste des 20 territoires sous “surveillance renforcée”. Les critères pour y entrer sont relativement clairs et prévisibles. Il semble par contre plus difficile de comprendre à quel moment des restrictions locales supplémentaires pour endiguer l’épidémie de Covid-19 sont prises.
Le gouvernement a étendu au Pas-de-Calais le confinement les week-ends, déjà en place dans les Alpes-Maritimes et à Dunkerque. L’Île-de-France, à l’inverse, n’est pas concernée, alors que la circulation du coronavirus y est clairement alarmante.
Comment expliquer cette différence de traitement? Il est fort probable que l’opposition d’élus locaux, notamment celle de la maire de Paris Anne Hidalgo, y soit pour beaucoup. Car quand on regarde en détail les courbes des différents indicateurs suivis par le gouvernement, les différences entre les départements d’Île-de-France et le Pas-de-Calais sont plutôt faibles.
Incidence très importante
Le taux d’incidence (le nombre de cas pour 100.000 habitants) est bien au-dessus du seuil des 250, un des critères pour passer en surveillance renforcée, dans tous les départements d’Île-de-France. En Seine-Saint-Denis, il dépasse même, comme dans le Pas-de-Calais, les 400. Dans le 93, le taux de positivité, autre indicateur important, est également très élevé (13% contre 10% dans le département confiné des Hauts-de-France).
Pour autant, l’Île-de-France est une région à part. Les flux de personnes sont tels qu’il est quasiment impossible de prendre des décisions départementales. Les actions sont souvent décidées au maillon supérieur.
Si l’on regarde sur l’ensemble de la région, le taux d’incidence y est cette fois inférieur à celui du Pas-de-Calais, mais toujours très élevé malgré tout (supérieur à 330).
L’évolution de ce taux d’incidence, un des autres critères suivis par le gouvernement, est fluctuante ces derniers temps, mais reste positive. Ce qui veut dire que l’épidémie continue de progresser, et ce dans tous les départements, sauf les Yvelines et Paris, où elle stagne.
Des variants aussi (voire plus) présents que dans le Pas-de-Calais
Troisième indicateur suivi avec attention dans ces départements sous surveillance renforcée: la part de variants suspectés d’augmenter la contamination, voire de permettre la réinfection de personnes immunisées, pour les versions découvertes en Afrique du Sud et au Brésil.
Sur ce point-là, les départements d’Île-de-France ne sont pas mieux placés que le Pas-de-Calais, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, réalisé par Santé publique France dans son point épidémiologique du 4 mars.
Chaque point est un département. Plus le point se situe à droite, plus les variants sont présents sur le territoire. On voit bien que l’Île-de-France (départements entourés en rouge) a quasiment autant, voire plus de cas liés aux variants que le Pas-de-Calais (en bleu).
Différences sur la réanimation
La plus grande différence entre le Pas-de-Calais et les départements d’Île-de-France se trouve au niveau des services hospitaliers. Certes il y a beaucoup plus de personnes dans les services de réanimation à Paris, mais le nombre de places est beaucoup plus important.
La tension hospitalière dans ces services (le pourcentage de lits occupés) est de 76% pour la région de la capitale, contre 102% pour les Hauts-de-France. Pour autant, comme le montre le graphique ci-dessous, la situation ne va pas en s’améliorant.
À partir de quel taux d’occupation des lits l’Île-de-France sera-t-elle condamnée à être confinée le week-end? Impossible à dire, le gouvernement n’ayant pas donné de seuil clair.
Mais au vu des déclarations de Jean Castex, affirmant qu’un confinement “ne peut se prendre par anticipation” (ce qui n’est pas du tout l’avis de nombreux épidémiologistes), il faudra sûrement attendre que la situation soit critique dans les hôpitaux avant que des décisions ne soient prises.
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