Contamination au cinéma ou au musée, l'outil Opéra calcule le risque
CULTURE - Quand et comment pourront rouvrir les musées, les cinémas, les salles de théâtre, de spectacle ou de concert? Personne ne semble avoir la réponse. Fermés pour certains depuis bientôt un an, les lieux de culture n’ont toujours aucune...
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CULTURE - Quand et comment pourront rouvrir les musées, les cinémas, les salles de théâtre, de spectacle ou de concert? Personne ne semble avoir la réponse. Fermés pour certains depuis bientôt un an, les lieux de culture n’ont toujours aucune perspective pour accueillir du public en 2021. Développé au Mans et testé en Nouvelle-Aquitaine, un logiciel nommé Opéra entend fournir des données scientifiques permettant d’ouvrir un dialogue avec le gouvernement.
Un “cadre général” pour les festivals de l’été, avec tout de même pas mal de zones floues, a été donné ce jeudi 18 février par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Alors que les événements en plein air de l’été vont pouvoir commencer à s’organiser avec précaution, il n’en est rien pour les lieux clos. Si les musées et monuments savent qu’ils seront “les premiers convoqués à la réouverture” dès lors qu’une “décrue” sera observée, ni calendrier ni protocole n’ont été officialisés.
“100 jours sans aucun musée, mais avec tous les lieux de cultes. 100 jours sans aucun cinéma, mais avec tous les grands magasins, 100 jours sans aucun théâtre, mais avec tous les avions où l’on mange en même temps...”, rappelait l’acteur Pierre Niney le 7 février dernier.
Il faut dire que le flou pèse sur les risques de contaminations réels dans les salles de cinéma et de spectacle depuis le début de la pandémie. En juillet, l’OMS avait déclaré que certains endroits fermés “lorsque les personnes y étaient présentes pendant une longue durée de temps, ne permettaient pas une circulation de l’air”, constituant ainsi de hauts lieux de contamination. Mais la littérature scientifique est peu fournie sur le sujet et il reste à prouver si un protocole sanitaire strict peut faire baisser le risque.
Opéra, un simulateur de calcul du risque
Pour y pallier, l’Institut technologique européen des métiers de la musique (ITEMM) du Mans et le chercheur Romain Viala travaillent depuis le printemps 2020 à développer un “outil probabiliste qui doit permettre d’évaluer le risque de contamination par aérosols dans un lieu fermé, avec port de masque”, explique sa directrice générale Carole Le Rendu au HuffPost. Le bien nommé Opéra, pour “Outil Probabiliste Pour l’Évaluation du Risque par Aérosols”, est un modèle scientifique - “issu de modèles existants et validés par des pairs” - qui permet en fait d’estimer la probabilité de contagion du coronavirus dans un musée, un théâtre ou une salle de cinéma.
Volume de la salle et taux de renouvellement de l’air, durée du spectacle, activité respiratoire du public comme des musiciens ou comédiens, les temps d’attente... Les critères logistiques d’un lieu sont combinés à des paramètres dépendant de l’évolution de la pandémie comme la charge virale ou la circulation du virus et ses variants. Et à partir de ces 50 paramètres, “Opéra donne une courbe qui indique le risque de contamination au plus haut et au plus faible”.
Tout l’intérêt de ce logiciel, qui à terme ambitionne d’être accessible à tous grâce à un simulateur en ligne, c’est de permettre un calcul personnalisé du risque de contamination. Et d’imaginer ensuite pouvoir adapter la jauge ou les modalités de circulation en fonction des contraintes imposées par les pouvoirs publics pour faire baisser ce risque et atteindre le niveau accepté dans les commerces ou les bureaux d’entreprise qui sont eux bien ouvertes.
“Scientifiquement, il n’y a aucune validité à donner un chiffre unique (une jauge à un siège sur deux par exemple) pour tous les lieux”, assure Carole Le Rendu. “C’est évidemment aux autorités de déterminer le niveau de risque, mais nous, on est capable de l’encadrer”. Tout en précisant qu’Opéra se concentre sur les aérosols et n’intègre pas les données de transmission du virus sur les points de contact, “et quand les gens transpirent, se touchent ou se prennent dans les bras.”
300 lieux culturels rejoignent l’expérimentation
La science pourra-t-elle aider la réouverture des lieux de culture paralysés par l’épidémie? La région Nouvelle-Aquitaine y croit. Au début du mois de février, le président Alain Rousset présentait les contours d’une “expérimentation de protocoles sanitaire et scientifique en vue de la réouverture des lieux culturels”. Expérimentation qui repose en grande partie sur le projet Opéra de l’ITEMM.
Informé du projet de recherche de l’Institut technologique européen depuis l’été dernier, Frédéric Vilcocq, conseiller culture à la région, a présenté leur travail à Alain Rousset “après le coup de semonce de la non-reprise de la mi-décembre”, se souvient-il. Convaincu que “ce modèle permet de faire de la dentelle et d’éviter les couperets des jauges identiques pour tous les lieux”, il se réjouit à l’idée que dans les prochains jours “au moins 300 lieux culturels de la région: des salles de cinéma, de spectacle, des musées, des centres d’art, des lieux de répétitions...” vont remplir un questionnaire pour qu’Opéra digère ces informations et évalue le risque de contamination.
Cette phase volumétrique devrait permettre de tester et améliorer au besoin l’ergonomie du simulateur, mais aussi, et surtout, d’identifier une dizaine de catégories regroupant les lieux culturels en fonction de leurs spécificités et de “proposer des protocoles adaptés”, indique Frédéric Vilcoq au HuffPost. Rendez-vous est pris “début mars” entre Alain Rousset et Roselyne Bachelot pour lui présenter les avancées de cette expérimentation scientifique.
“Le simulateur de calcul de risque pourrait être mis en ligne à la même période”, précise Carole Le Rendu à l’ITEMM, “mais on attend pour cela le go des autorités”. “Notre but en tant que chercheurs, c’est de produire des données scientifiques pour permettre d’ouvrir un dialogue entre les lieux culturels et les tutelles.”
L’équipe derrière Opéra attend “dans les prochains jours” la publication de son travail de recherche dans une revue scientifique pour le confronter à ses pairs. Et Frédéric Vilcoq assure que l’expérimentation a obtenu le soutien du conseil scientifique Nouvelle-Aquitaine auquel siège le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et aussi membre du conseil scientifique national.
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