Contre la dépression, une clinique canadienne propose de la Kétamine

SANTÉ - Les promesses suscitées par les psychédéliques attirent depuis quelques années un nombre croissant d’acteurs commerciaux. Certains développent des traitements dérivés de ces substances. D’autres ouvrent déjà des cliniques proposant...

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SANTÉ - Les promesses suscitées par les psychédéliques attirent depuis quelques années un nombre croissant d’acteurs commerciaux. Certains développent des traitements dérivés de ces substances. D’autres ouvrent déjà des cliniques proposant des “thérapies psychédéliques”.

Plusieurs sont cotées en Bourse, notamment à Toronto et New York, qui abritent déjà de nombreuses entreprises de cannabis. La société britannique Compass Pathways, un des poids lourds du secteur, est actuellement valorisée à plus de 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) sur le Nasdaq.

À Toronto, Field Trip Health est l’une de ces sociétés pariant sur les psychédéliques. Fondée en 2019, elle a déjà ouvert cinq cliniques au Canada et aux États-Unis et prévoit de construire un réseau de 75 cliniques en Amérique du Nord d’ici 2024. 

“Les psychédéliques sont en train de devenir réalité”, assure à l’AFP Ronan Levy, l’un des fondateurs. La société utilise de la kétamine, un anesthésique dissociatif légal à usage médical, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus. Utilisée en chirurgie depuis les années 1960, bien connue des clubbers, la kétamine provoque à faible dose une sensation de déconnexion entre le corps et l’esprit. Selon des études, elle peut soulager rapidement les symptômes dépressifs.

Une dizaine de séances pour 3000 euros

Murs végétaux, diffuseurs d’huiles essentielles, fauteuils confortables… Située dans un quartier branché, dans un loft avec vue sur la Tour CN, la clinique de Field Trip Health à Toronto a des allures de spa. Elle est notamment accessible à ceux dont la dépression résiste aux traitements, c’est-à-dire que les patients doivent avoir essayé au moins deux types de traitements conventionnels. Un traitement type, 4700 dollars canadiens (3000 euros), comprend six administrations de kétamine et une dizaine de séances de psychothérapie.

Allongés sur un fauteuil “gravité zéro” pour une sensation de bien-être, masque sur les yeux et la musique dans les oreilles, les patients laissent fondre sous la langue une pastille de kétamine et se laissent transporter pour un “trip” d’une heure environ. Un thérapeute reste dans la pièce et discute ensuite avec les patients.

“C’était vraiment puissant. J’ai eu l’impression d’éclater en mille morceaux et d’être partout en même temps”, explique Mathieu, 35 ans, qui a suivi un traitement en juin 2020. “Quand je redescendais, il y avait une fenêtre d’une heure où mes émotions étaient pures, ce que j’avais en tête sortait sans inquiétude, je n’avais plus de filtres.”

Une pratique qui ne fait pas l’unanimité

Si la kétamine est prometteuse, notamment pour les situations graves, son utilisation en santé mentale ne fait pas l’unanimité. Ses effets semblent limités dans le temps et ses critiques soulignent les risques de dépendance et de complications en cas de prises répétées. Il n’y a pas non plus de consensus sur l’intérêt d’y associer une psychothérapie.

Aux États-Unis, beaucoup s’inquiètent du boom des cliniques privées proposant de la kétamine en intraveineuse, sans suivi psychiatrique systématique. Un signe, selon Jeffrey Lieberman, psychiatre-en-chef du Centre médical de l’Université Columbia, que “la pratique va plus vite que la recherche”. Plus généralement, d’autres notent qu’il manque encore de preuves sur le fonctionnement et les bienfaits des psychédéliques et que les résultats des essais cliniques, de petite échelle, sont à prendre avec précaution.

Des chercheurs craignent également que l’engouement commercial actuel et l’enthousiasme des ”évangélisateurs” créent des dérives et laissent croire que les psychédéliques sont une “pilule miracle,” poussant certains à essayer seuls ou avec des substances de mauvaise qualité.  Au Canada, des médias rapportaient récemment le boom des demandes d’expériences underground et de l’utilisation de microdoses de psychédéliques pour le développement personnel ou pour tenir face à la pandémie de Covid-19.

Pour certains cependant, la kétamine permet de poser les bases de l’utilisation future des psychédéliques dont les plus enthousiastes voient les 1ers traitements approuvés dans les prochaines années. L’Agence américaine des médicaments (FDA) a déjà indiqué y être réceptive: elle a accordé depuis 2017 le statut de “percée thérapeutique” pour des essais sur la psilocybine et la MDMA.

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