Coronavirus : comment accélérer la campagne de vaccination en France ?
La campagne de vaccination peine à décoller en France, avec moins de 400 personnes vaccinées en cette fin de semaine contre des dizaines de milliers, voire plus, dans d'autres pays européens. Toutefois, à partir de lundi les personnels soignants de plus de 50 ans pourront recevoir une injection.
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Jeter un regard outre-Rhin sur la vaccination contre le Covid-19 a de quoi faire froid dans le dos des autorités en charge de la campagne de vaccination en France. En Allemagne, au moins 78.000 personnes ont été vaccinées contre la maladie, selon les chiffres consultables vendredi sur le site indépendant CovidTracker, qui compile les données des autorités sanitaires. Dans l'Hexagone, seuls 332 personnes avaient reçu une injection vendredi, selon CovidTracker. Revendiquée dans un premier temps pour convaincre les Français plus réticents et recueillir le consentement, la lenteur de la campagne de vaccination préoccupe désormais l'exécutif qui fait notamment face aux critiques de l'Académie de médecine. Le nombre quotidien d'injections pourrait donc sensiblement augmenter dans les prochains jours.
Ouverture de la vaccination au soignants de plus de 50 ans
"L'Allemagne est à probablement plus de 100.000 personnes vaccinées aujourd'hui dans les mêmes conditions que nous. Nous, nous n'avons pas encore atteint le millier", déplore Frédéric Bizard, professeur à l'ESCP et économiste de la santé, samedi sur Europe 1. Lors de ses vœux aux Français jeudi, Emmanuel Macron a montré sa volonté d'accélérer en promettant qu'il "ne laisserai(t) pas, pour de mauvaises raisons, une lenteur injustifiée s’installer" dans le cadre de la campagne de vaccination.
En conséquence, le public ciblé par les premières vagues d'injection devrait être élargi dès la semaine prochaine. Les soignants de plus de 50 ans, qui devaient initialement être vaccinés durant la deuxième phase de vaccination prévue pour février/mars, pourront recevoir une injection dès lundi, aux côtés des résidents d'Ehpad. "Qui d'autres que les professionnels de santé pour être les meilleurs ambassadeurs ? On sait qu'on a besoin d'ambassadeurs parce qu'il y a une défiance dans ce pays", commente de son côté Frédéric Bizard.
Enfin, dès la fin du mois de janvier, de centres de vaccination seront installés en ville. Ils seront dédiés cette fois-ci à tous les retraités, progressivement, des plus vieux au plus jeunes.
"On n'a pas la bonne stratégie"
Selon Frédéric Bizard, il faut surtout "que l'Etat laisse les régions gérer la logistique sur place et confie aux professionnels de santé la réalisation et la responsabilité de la campagne" afin de régler un problème de gouvernance. "On n'a pas la bonne stratégie parce qu'on pense uniquement à l'aspect médical, c'est-à-dire qu'on s'est dit que ce sont les plus fragiles, parmi les plus fragiles, qu'il fallait protéger. Mais la santé publique ce n'est pas que du médical ; c'est aussi du social, de la logistique, de la politique... Donc il faut avoir une approche transversale (...) Quand on réfléchit à l'ensemble des facteurs qui vont influencer cette campagne de vaccination, on voit qu'on ne peut pas, avec un vaccin ARN messager extrêmement compliqué à gérer sur le plan logistique, se concentrer uniquement sur les Ehpad", ajoute-t-il.
L'inquiétude des soignants
Dans les CHU, l'annonce de l'accélération des vaccination pour le personnel soignant soulève d'ailleurs des questions. "J'attends de savoir comment [on va] vacciner les gens comme moi, c'est-à-dire les soignants de plus de 50 ans", témoigne auprès d'Europe 1 Philippe Froguel, du CHU de Lille. "Il va falloir qu'on reçoive quelque chose, qu'on nous dise de nous présenter quelque part... Dans les pays étrangers, comme en Allemagne, en Angleterre ou en Israël, par exemple, chacun a reçu une invitation : on prend rendez-vous, les choses sont organisées. Ma très grande inquiétude, aujourd'hui, c'est l'incapacité réelle de passer de l'intention à la réalité", relève-t-il. "Aujourd'hui, en réalité, le problème vaccinal est très flou", ajoute le médecin.
En France comme ailleurs en Europe, une partie des difficultés découle par ailleurs du fait qu'un seul vaccin est disponible, seul le produit de Pfizer-BioNTech ayant été approuvé à ce stade. L'alliance germano-américaine a d'ailleurs expliqué vendredi qu'elle prévoyait d'augmenter rapidement en Europe la production des doses pour renforcer l'approvisionnement.