Coronavirus: Le variant "indien" peut-il grimper en France comme au Royaume-Uni?

CORONAVIRUS - Rester méfiant. Le variant Delta est responsable de 90% des cas de Covid au Royaume-Uni. Et en France? Seulement “2 à 4% pour l’instant, soit 50 à 150 cas par jour”, a précisé le ministre de la Santé, Olivier Véran, ce mardi 15...

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Le varian delta, avec ses 50 à 150 cas par jour peut-il nous plonger dans la même situation qu'au Royaume-Uni?

CORONAVIRUS - Rester méfiant. Le variant Delta est responsable de 90% des cas de Covid au Royaume-Uni. Et en France? Seulement “2 à 4% pour l’instant, soit 50 à 150 cas par jour”, a précisé le ministre de la Santé, Olivier Véran, ce mardi 15 juin lors de la visite d’un centre vaccinal parisien. “C’est peu...”, a-t-il concédé devant les journalistes.

Pourtant, Olivier Véran n’a pas manqué de mettre en garde en finissant sa phrase. “C’était la situation anglaise il y a quelques semaines”. Douche froide. Le ministre de la Santé, avec ces quelques mots, vient de tisser un parallèle entre les deux nations. Outre-manche, il n’a fallu que 8 semaines au variant Delta pour passer d’environ 2% à 90% des nouvelles contaminations. Pour éviter que cela se produise également en France, Olivier Véran appelle donc à la “prudence”.

Comment avec 150 cas par jour, le variant Delta pourrait finir par gâcher notre été? Sommes-nous condamnés à faire marche arrière sur la levée des restrictions sanitaires, ou est-il possible que cette nouvelle souche plus dangereuse fasse un flop? Pour répondre à ces questions, Le HuffPost a épluché les chiffres autour du , accompagné de Jean-Stéphane Dhersin, modélisateur de l’épidémie pour le CNRS, nommé Chevalier de l’ordre du mérite pour son engagement dans la crise sanitaire. 

Des chiffres rassurants... de loin

De loin, les chiffres présentés par Olivier Véran ont l’air rassurants. La France semble bien loin de la situation britannique. Là-bas, Boris Johnson repousse la dernière étape de son déconfinement de quatre semaines. Ici, les discussions tournent autour de l’abrogation du couvre-feu et du port du masque en extérieur. Là-bas, l’épidémie progresse, avec plus de 7000 cas par jour, un chiffre qui double chaque semaine environ. Ici, les contaminations diminuent d’environ 40% en 7. Elles viennent de passer sous les 5000. 

Pourtant, la France pourrait connaître la même progression. En effet, début avril, le Royaume-Uni détectait autant de cas attribués au variant que nous. Puis Delta a explosé, balayant la décrue épidémique et forçant les Anglais à repousser de quatre semaines la dernière étape de leur déconfinement “car on connaît la logique implacable de la croissance exponentielle”, déclarait Boris Johnson, lundi 14 juin. 

Delta, B.1.1.7, une épidémie peut en cacher une autre

Quelle est cette logique “implacable”, dont cause le 1er ministre britannique et qui nous menace à présent? “En France, il pourrait y avoir deux épidémies”, selon Jean-Stéphane Dhersin. “Celle du variant britannique (B.1.1.7, très largement majoritaire, mais en nette diminution) et en parallèle, une toute petite épidémie de variant Delta qui progresse fortement”. 

Car peu de cas recensés et séquencés ne veut pas forcément dire progression lente. Le 25 mai, le variant Delta était détecté dans 0,5% des séquençages français, selon Santé publique France. Aujourd’hui, c’est 4 à 10 fois plus. Les virus émergent en suivant une courbe exponentielle, c’est-à-dire qui augmente de plus en plus vite”, rappelle Jean-Stéphane Dhersin. Une explosion de Delta masquée par la décrue de la souche majoritaire, voilà la “logique implacable” qui a surpris Boris Johnson et le Royaume-Uni.

Sur internet, de nombreux même se moquent des modélisateurs en herbe que le Covid-19 à fait naitre.

Sommes-nous condamnés à vivre la même chose que les Anglais? Non, répond Jean-Stéphane Dhersin. “Le variant Delta a un avantage, mais nous ne sommes pas sûrs duquel”, nuance le chercheur. D’après une étude des autorités britanniques, les transmissions se produisent 60 fois plus fréquemment, dans le cas du variant indien que lorsqu’il s’agit du variant britannique. Mais cela ne veut pas forcément dire que le virus est “meilleur” pour pénétrer dans nos cellules. 

Le variant Delta pourrait être plus contagieux ou moins sensible à nos défenses immunitaires. Ou plus résistant aux vaccins. Des cas d’hospitalisation de vaccinés suite à une infection au variant Delta sont répertoriés au Royaume-Uni, laissant à penser que la protection après une seule dose est bien moins efficace contre cette souche.

“Le Royaume-Uni et la France sont deux terrains différents, comme on ne sait pas exactement ce qui avantage Delta, impossible de prédire comment il va se comporter en France”, ajoute Jean-Stéphane Dhersin. Nous n’avons pas le même pourcentage de vaccinés, pas les mêmes vaccins (AstraZeneca est boudé en France et privilégié au Royaume-Uni), pas les mêmes restrictions, pas la même météo.

Pour être fixé, il faut observer la dynamique du variant Delta en France et la comparer avec celle du Royaume-Uni. S’il s’impose à la même vitesse, c’est que le virus est bien plus contagieux. Et que donc une reprise de l’épidémie nous guette. C’est ce que craint Olivier Véran. “Ne pas relâcher la vigilance. Ne pas donner prise au variant indien pour qu’il fasse repartir une nouvelle vague épidémique”, a-t-il recommandé. 

Voilà peut-être pourquoi nous ne retardons pas dès maintenant les prochaines étapes de notre déconfinement, en prévision de ce qu’il se passe au Royaume-Uni. “Nous séquençons bien moins que les Anglais. Comme Delta est encore rare, nos données ne sont pas très fiables”. La bonne nouvelle, c’est qu’il est trop tôt pour affirmer que l’on s’engage dans la même voie que les Britanniques. La mauvaise, c’est que l’on avance à l’aveugle. 

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