Coronavirus: plus de masque en intérieur pour Américains vaccinés, est-ce trop tôt?

CORONAVIRUS - C’est une décision symbolique de l’avancée de la lutte contre le coronavirus aux États-Unis et un pas de plus vers le retour à la vie normale pour ses habitants. Après avoir levé la recommandation du port du masque à l’extérieur...

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Le président américain, Joe Biden, lors d'un conférence de presse le 7 mai à la Maison Blanche

CORONAVIRUS - C’est une décision symbolique de l’avancée de la lutte contre le coronavirus aux États-Unis et un pas de plus vers le retour à la vie normale pour ses habitants. Après avoir levé la recommandation du port du masque à l’extérieur le 27 avril dernier, les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique des États-Unis, ont annoncé ce jeudi 13 mai que toute personne complètement vaccinée pouvait désormais participer à des activités en intérieur sans porter de masque, ni respecter la distanciation physique.

Les Américains vaccinés contre le Covid-19 peuvent donc dire adieu à l’un des symboles les plus visibles de la pandémie: le masque. “Si vous êtes complètement vacciné, vous n’avez plus besoin de porter un masque!”, s’est réjoui Joe Biden depuis les jardins de la Maison Blanche. “Je pense que c’est une étape importante, un grand jour”, a ajouté le président américain, appelant tous ses compatriotes pas encore vaccinés à le faire sans tarder.

Une campagne de vaccination bien avancée

Actuellement, près de 35% de la population américaine, soit plus de 117 millions de personnes, sont entièrement vaccinées, c’est-à-dire qu’elles ont reçu soit la dose unique du vaccin de Johnson & Johnson, soit les deux doses des vaccins de Moderna ou de Pfizer/BioNTech. Plus de 45% de la population a également reçu au moins une dose de ces trois vaccins contre le Covid-19, leur offrant également déjà une forte protection contre le virus.

 

“Nous avons tous longtemps attendu ce moment où nous pourrions retrouver un semblant de normalité”, s’est félicitée la directrice des CDC, Rochelle Walensky, sans triomphalisme au regard des plus de quelque 580.000 morts du virus dans le pays. 

Une exception pour les transports publics

Pourtant cela ne veut pas dire que ce jeudi 13 mai 2021 marque la fin totale du port du masque pour les Américains. Premièrement, les personnes non vaccinées doivent toujours garder un masque en intérieur pour limiter les risques de contaminations, notamment par des personnes vaccinées -désormais sans masque- mais qui restent potentiellement porteuses de la maladie et contagieuses, même sans en avoir les symptômes.

Deuxièmement, les autorités sanitaires américaines recommandent toujours aux personnes vaccinées de continuer à porter un masque dans certains lieux publics clos où circulent beaucoup de personnes, comme les aéroports, les avions, les bus, les trains ainsi que dans les gares. En revanche, il n’est désormais plus recommandé de travailler en portant son masque au bureau.

“Si vous développez des symptômes, vous devez remettre votre masque et vous faire tester immédiatement”, a toutefois précisé Rochelle Walensky. Elle a également averti que si la situation sanitaire empirait, ces recommandations pourraient toujours être amendées. 

Mais sur quoi se fonde la CDC pour assouplir, une seconde fois, le port du masque? Sur des données scientifiques, explique-t-elle: plusieurs études récentes ont montré que les vaccins sont non seulement efficaces contre les cas symptomatiques, mais aussi contre la possibilité même d’être infecté, ainsi que contre les variants en circulation, a expliqué Rochelle Walensky. Elle a aussi souligné le fait que les rares personnes tombant malades bien qu’elles aient été vaccinées restaient malgré tout peu contagieuses.

Des 1ères études, qui doivent encore être confirmées dans le temps, avancent également que le risque de transmission est également réduit dès la 1ère dose de vaccin.

Autre facteur ayant joué dans cette prise de décision: le nombre de cas de Covid-19 a fortement baissé aux États-Unis. La moyenne des infections quotidiennes sur sept jours est tombée à environ 36.000 cas, et la courbe des décès quotidiens est au plus bas depuis début avril 2020. 

 

L’OMS met en garde  

Interrogés ce vendredi sur ce changement, les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’ont pas fait de commentaire direct, en soulignant que tout dépendait du contexte épidémiologique de chaque pays. Mais ils ont rappelé que les vaccins n’offraient pas une protection à 100% du Covid.

“Même dans les situations où la couverture vaccinale est élevée, s’il y a beaucoup de transmission, on ne retire pas son masque”, a résumé le directeur chargé des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan, en conférence de presse.

À son tour, la cheffe scientifique de l’OMS, Soumya Swaminathan, a expliqué que les données provenant des pays qui étendent la vaccination montrent que les vaccins “protègent contre l’infection dans une proportion allant de 70 à 80%”. De sorte que l’on peut toujours être infecté, avoir une maladie asymptomatique ou légère même après avoir été vacciné.

“C’est pourquoi nous avons besoin d’autres mesures de protection, comme le port de masque, la distanciation, etc... jusqu’à ce que les pays atteignent un niveau où un grand nombre de personnes sont protégées et où la circulation du virus et la transmission atteignent des niveaux très bas”, a-t-elle ajouté.

Pour l’experte, “très peu de pays en sont donc au point où ils peuvent abandonner ces mesures (...). Dans la plupart des pays, nous devons continuer à le faire”, a-t-elle ajouté sans dire si les États-Unis étaient en situation de prendre une telle mesure maintenant.

Le taux de reproduction du virus (R0 ou R-effectif) est actuellement inférieur à 0,9 aux États-Unis, c’est-à-dire que le nombre moyen de nouveaux malades causés par une personne infectée est inférieur à 1 et que l’épidémie, si elle garde cette tendance, baisse. Le taux d’incidence diverge cependant assez fortement selon les États, mais s’approche désormais nationalement de 100. Un chiffre, en forte baisse sur les dernières semaines, mais toujours supérieur aux 1ers seuils d’alerte fixés par les autorités sanitaires au début de la pandémie.

La carte du risque épidémique dans chaque état aux États-Unis mis à jour quotidiennement par l'Institut de santé mondiale en Suisse (ici à la date du 14 mai 2021). En rouge, les États où le nombre de cas recensés stagne ou augmente et où le R-effectif est supérieur à 0,9. Pour les États en vert ou orange, l'épidémie régresse très rapidement ou rapidement.

 

Des entreprises américaines plus hésitantes

La mesure ne semble ainsi pas convaincre tous les Américains. “Je vais continuer à porter un masque en intérieur”, a déclaré à l’AFP Mubarak Dahir, 57 ans, vacciné depuis début avril. “Je pense que c’est prématuré, et dangereux de penser que nous en sommes déjà à ce stade.” 

La principale interrogation concerne le risque de propagation du virus dans les lieux clos collectifs au travail ou dans les magasins, où personnes à risque vaccinées ou non se côtoient également et ou le masque n’est pas toujours parfaitement porté. Les usines de General Motors, les magasins de Home Depot ou encore les pharmacies de CVS ont d’ailleurs annoncé que le port du masque reste pour le moment de rigueur, le temps d’étudier les nouvelles recommandations des autorités sanitaires.

Leur sécurité “continuera de guider nos processus décisionnels”, a souligné le porte-parole de la chaîne CVS. Chez Home Depot, la chaîne de magasins de bricolage et d’articles pour la maison, les consignes restent aussi inchangées pour le moment, a indiqué une porte-parole de l’entreprise. Idem chez le numéro un américain de l’automobile, General Motors. 

Tomber le masque, c’est envisagé en France?

En France, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a pour le moment rendu un avis très prudent le 26 avril, préconisant un assouplissement du port du masque pour les vaccinés mais uniquement dans le “cadre privé familial ou amical en milieu fermé” et cela 14 jours après la seconde injection.

“Les données scientifiques disent que la vaccination va réduire le portage et la transmissibilité de la maladie”, avait expliqué au HuffPost le professeur Didier Pelletier, pilote du groupe de travail du HCSP. Une étude sur le personnel soignant écossais a montré que la vaccination réduisait “d’environ 30% les contaminations”, avait-il précisé.

Le HSCP avait toutefois recommandé aux personnes vaccinées de continuer de respecter les autres mesures barrière classiques comme le lavage des mains, l’aération, les distances entre individus et une limitation des groupes à 6 personnes. Le maintien du port du masque est aussi conseillé si une personne du groupe présente un facteur de risque, comme un âge avancé (plus de 65 ans) ou une comorbidité, ou si elle n’est pas complètement vaccinée. Le levée du port du masque en extérieur est “espérée pour cet été” par le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Cette décision pourrait cependant donner un nouveau coup d’accélérateur à la campagne de vaccination aux États-Unis. “Quand on demande aux gens de prendre des risques -il y a toujours un petit risque quand on fait une vaccination, notamment pour les plus jeunes- on sait qu’il faut les récompenser (...) en leur donnant des privilèges que n’ont pas les non-vaccinés”, a commenté ce vendredi sur FranceinfoJean-Michel Claverie, professeur de médecine à l’Université Aix-Marseille et directeur de l’institut de Microbiologie de la Méditerranée.

Selon lui, le rapport risque-bénéfice de la mesure est positif. C’est également une “pratique normale” bien connue “de la sociologie sanitaire”. “Même si des gens transmettent le Covid à quelqu’un d’autre, ils vont le donner à des gens qui ont moins de 50 ans et qui vont développer une forme bénigne de la maladie, et donc on va atteindre comme ça une sorte d’immunité collective”, a-t-il expliqué. Reste à voir si les contaminations sur les lieux de travail continuent à baisser aux États-Unis.

À voir également sur Le HuffPost: Covid-19: À l’étranger, on ne sait plus quoi inventer pour inciter les gens à se faire vacciner