Covid-19: comment la France pourrait manquer de doses de vaccins ponctuellement, mais aussi de bras

CORONAVIRUS - La course de fond de la vaccination est aussi une course d’obstacles. Alors que l’on se dirige vers un renforcement des mesures de couvre-feu face à la hausse du nombre de cas de Covid-19, la campagne vaccinale monte en puissance...

Covid-19: comment la France pourrait manquer de doses de vaccins ponctuellement, mais aussi de bras

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CORONAVIRUS - La course de fond de la vaccination est aussi une course d’obstacles. Alors que l’on se dirige vers un renforcement des mesures de couvre-feu face à la hausse du nombre de cas de Covid-19, la campagne vaccinale monte en puissance dans l’Hexagone. Mais alors que la phase 1 s’était déjà attiré deux semaines de polémiques et de critiques, la phase 2, qui débute ce lundi 18 janvier, apporte son lot d’interrogations.

Au centre de toute l’attention, la question du nombre: la France atteindra-t-elle ses objectifs chiffrés? La phase 2 vaccinale, c’est l’ouverture massive (mais toujours limitée à certaines classes d’âge prioritaires) à la vaccination. On a d’abord vacciné les résidents en Ehpad et en établissements médicalisés ainsi que les personnels soignants exposés, pour un chiffre visé d’un million de personnes protégées à atteindre pour la fin du mois de janvier. Pour la phase 2, on change d’ordre de grandeur.

Après des débuts très lents -qui étaient prévus par les autorités-, il va donc y avoir une accélération massive dans les prochains jours, selon la Direction générale de la Santé. Et plus encore début février. En parallèle, la montée en puissance des livraisons de vaccins continue. Et si la machinerie française a semblé avoir un retard à l’allumage, le danger dans les semaines à venir pourrait bien être celui de la pénurie.

6 millions de personnes par mois

Comme le précise le calendrier gouvernemental, ce sont en effet les “personnes âgées de 75 ans et plus qui ne sont pas en établissement, mais qui sont à domicile”, soit 5 millions de Français, ainsi que “les personnes âgées de 65 à 74 ans”, soit 7 millions de Français, qui sont visés par cette phase 2. Au total donc, 15 millions de Français devraient théoriquement pouvoir être vaccinés en quelques semaines (du 18 janvier à la fin mars) et devront, dans les semaines suivantes, recevoir une deuxième dose.

Si le début janvier a donné l’impression que le problème de la vaccination se situait dans l’organisation de l’État, le véritable défi à venir sera celui du nombre de doses disponibles. C’est, depuis le début de la campagne de vaccination, le talon d’Achille, la potentielle réelle faiblesse à long terme du plan gouvernemental, certains dénonçant même une “pénurie cachée”.

À partir du 18 janvier, l’approvisionnement en vaccin ne devra plus seulement se faire à destination des hôpitaux et des pharmacies référentes des Ehpad, mais vers des centaines de centres de vaccination. De tailles variables, ces établissements provisoires où l’on peut venir se faire vacciner sur rendez-vous devront être le moteur de l’inoculation lors de la phase 2. Un rapide calcul permet de se faire une idée de la capacité quotidienne de ce dispositif.

Jean Castex a demandé au moins un centre pour 100.000 habitants, soit quelque 600 lieux disséminés dans l’Hexagone, les capacités de vaccination sont en moyenne de 500 personnes par jour, comme ici à Alès. Une rapide multiplication nous donne donc une capacité de 300.000 personnes par jour, ou 6 millions de personnes par mois (en prenant en compte les jours ouvrés).

Cela pourrait être plus évidemment, d’ailleurs Olivier Véran a annoncé vendredi 15 janvier que 833 centres étaient déjà ouverts. Reste à savoir leur capacité réelle, car les types de centres sont “extrêmement variés”, nous précise la DGS. Quoi qu’il arrive, cet ordre de grandeur est à comparer aux arrivages de vaccin qui vont évoluer au cours des premiers mois de 2021.

Des arrivages de vaccins très théoriques

Mais il paraît improbable de pouvoir traiter autant de personnes dès l’ouverture des centres le 18 janvier (plus tôt que prévu). En effet, si les doses de vaccins continuent d’arriver, on va vite se retrouver “avec un flux tendu à mesure des approvisionnements et tout le monde ne pourra pas être vacciné tout de suite”, prévient-on à la Direction générale de la Santé (DGS).

Voici le détail du calendrier de livraison des doses de vaccin, communiqué au HuffPost par la DGS. On y voit une claire montée en puissance prévue dans les mois à venir. A condition que tout se passe au mieux.

En janvier, seules 2,7 millions de doses devraient être disponibles. Clairement en dessous des capacités théoriques des centres de vaccination. En février, le gouvernement espère disposer de 5,8 millions de nouvelles doses. Ensuite, les chiffres s’envolent: 10 millions en mars, 17 en avril, 25 en mai et 33 millions en juin.

Deux conditions préalables

À condition que les vaccins soient bien livrés comme prévu. Pfizer a annoncé ce vendredi 15 janvier un ralentissement de sa production dans son usine de Puurs en Belgique et donc une baisse des approvisionnements pour fin janvier et début février dans toute l’Europe, y compris pour la France. Cela devrait servir à améliorer les capacités de productions, selon le groupe pharmaceutique, qui prévoit des retards pour “3 à 4 semaines”.

La France devra “ajuster le rythme des vaccinations” contre le coronavirus en raison de la “forte baisse” attendue des livraisons du vaccin Pfizer/BioNTech dans les semaines à venir, a indiqué dans la soirée à l’AFP une source au sein de l’exécutif. Ces retards ne remettent toutefois pas en cause “le déploiement global de la campagne vaccinale” en France, assure-t-on de même source. En attendant, cela augmente le risque de pénurie.

À condition également que les candidats vaccins soient autorisés. Le gouvernement table sur une livraison de 5 millions de doses d’AstraZeneca pour le mois de février. Certes, l’Agence européenne du médicament devrait rendre sa décision le 29 janvier, mais encore faut-il qu’elle soit positive et que la production industrielle soit, derrière, à la hauteur.

Mais si tout se passe pour le mieux côté vaccins, il serait donc possible que la capacité française de vaccination soit dépassée et que l’on ait des doses en stock. Sauf qu’évidemment, tout ne doit pas se faire éternellement dans les centres de vaccination. L’ouverture de la vaccination à la médecine de ville est pour l’instant prévue pour le printemps. De quoi décupler les “bras” pour piquer. Mais en fonction de la situation, la stratégie pourrait évoluer, précise la DGS.

Les Français, obstacle à la vaccination? 

Enfin, il y a la question de la réticence des Français à la vaccination contre le Covid-19. Un sondage du 24 décembre réalisé par Santé Publique France note ainsi que 40% des personnes interrogées souhaitent “certainement ou probablement se faire vacciner”. Ils étaient 53% le 4 et le 6 novembre, et 64% en juillet, toujours selon l’enquête de Santé publique France (SPF) en cours depuis le mois de mars.

D’autres sondages -plus récents mais moins qualitatifs que ceux de SPF- commandés par la presse, semblent montrer un début de retournement dans l’opinion. Reste que ces intentions de vaccination sont parmi les plus basses d’Europe et laissent planer une grande inconnue sur la ruée (ou non) vers les vaccins lorsque les plus fragiles auront été vaccinés.

Le gouvernement, et tout particulièrement la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot, a sûrement en tête les images du millier de centres de vaccinations contre la grippe H1N1 désertés par les Français. En 2010, après un recul brusque de l’épidémie, ils n’avaient été finalement qu’un sur dix à se faire protéger par une injection. Un épisode qui avait marqué d’une pierre noire le passage de madame Bachelot, à l’époque Ministre de la Santé, au gouvernement de François Fillon.

Si le frein était alors du côté de la demande, et non plus de l’offre, par exemple lors d’une phase de reflux épidémique ou à cause d’une trop grande méfiance des Français, le retard dans la chronologie serait également un problème. Notamment en termes de stocks à long terme: le vaccin Pfizer, à -80° se périme au bout de 6 mois, tout comme le traitement de Moderna. Si les livraisons s’accumulent sans trouver preneurs, cela pourrait déboucher sur une situation difficile dès l’été.

À voir également sur Le HuffPost: Les 4 grands types de vaccins contre le Covid-19 expliqués en 2 minutes