Covid-19: la chute des cas ne rassure pas les scientifiques

SCIENCE - Après la vague vient le reflux. Comme pour les deux précédents, le troisième confinement national a entraîné une baisse nette et réelle de l’épidémie de Covid-19 en France. Dans un 1er temps limitée, la tendance à la décrue s’est...

Covid-19: la chute des cas ne rassure pas les scientifiques

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

L'épidémie de coronavirus est en perte de vitesse en France, mais le déconfinement pourrait changer la donne.

SCIENCE - Après la vague vient le reflux. Comme pour les deux précédents, le troisième confinement national a entraîné une baisse nette et réelle de l’épidémie de Covid-19 en France. Dans un 1er temps limitée, la tendance à la décrue s’est confirmée jour après jour sur toutes les courbes de suivi du coronavirus.

Malgré cela, les appels à la prudence se multiplient dans la communauté scientifique, alors que la prochaine étape du déconfinement se rapproche. Oiseaux de mauvais augure, les chercheurs? Au contraire, écouter leurs arguments permet de comprendre pourquoi, alors que tout semble aller dans la bonne direction, le risque sanitaire reste très élevé en France.

Avant de rentrer dans le détail, il faut savoir apprécier les bonnes nouvelles: l’épidémie de Covid-19 est aujourd’hui en déclin. De l’incidence au taux de positivité en passant par les indicateurs hospitaliers, toutes les courbes baissent. Le R effectif (le nombre de personnes contaminées en moyenne par un infecté) continue même de diminuer régulièrement. La preuve que les mesures prises et le comportement des Français ont diminué le nombre de contacts à risque.

Les graphiques ci-dessous permettent de s’en rendre compte (pour regarder plus en détail l’évolution de la situation, rendez-vous sur notre article dédié à l’épidémie de Covid-19 en cartes et courbes).

Les trois dangers du déconfinement

Mais derrière ces courbes réjouissantes, l’avenir pourrait s’assombrir, notamment si l’on déconfine trop tôt. C’est en tout cas ce que répètent de nombreuxépidémiologistes et modélisateurs. Pour résumer, on peut dire qu’il existe trois principaux risques.

Le 1er et le plus évident, c’est une quatrième vague d’ici l’été. Loin d’être impossible, c’est d’ailleurs ce qui est arrivé aux États-Unis en 2020, après une réouverture précipitée, alors que le coronavirus circulait toujours de manière importante dans le pays. C’est également une des possibilités mises en avant par plusieurs modèles, si le relâchement est trop important.

La propagation du virus dépend du nombre moyen de contacts entre les personnes. Si nous voyons trop de gens non immunisés, le virus va se répandre, c’est une certitude. Et si le coronavirus est très présent sur le territoire, la hausse n’en sera que plus stupéfiant et difficile à maîtriser. Comme le rappelle avec insistance le ministre de la Santé Olivier Véran, la différence avec 2020, c’est le vaccin. Mais pour le moment, le niveau d’immunité de la population est loin d’être suffisant pour endiguer le coronavirus.

Même sans quatrième vague en sortie de déconfinement, deux risques majeurs sont toujours présents. Le 1er, c’est que la décrue ralentisse, formant un long plateau descendant. Pas impossible, entre les mesures encore en place, les beaux jours qui vont permettre de se voir en extérieur et la vaccination qui, petit à petit, retire les individus normalement contaminables de l’équation.

Dans une telle situation, note le conseil scientifique dans un avis rendu le 6 mai, les hôpitaux resteront saturés, alors même que les soignants sont à bout de souffle depuis plus d’un an. De quoi “impacter sévèrement” l’offre de soins pour tous les Français.

Enfin, le dernier risque, plus hypothétique mais bien plus problématique, est celui posé par l’arrivée de nouveaux variants.

Éternelle course entre variants et vaccins

Un variant plus contaminant serait évidemment problématique. Entre la vaccination qui avance bien et les mesures toujours en place, l’espoir du gouvernement est que l’épidémie soit maîtrisée et que le R effectif reste inférieur à 1. Bref, que les cas continuent de décroître. Mais un variant plus contagieux pourrait faire qu’à mesures égales, une nouvelle hausse ait lieu.

C’est exactement ce qu’il s’est passé avec le variant anglais V1. Malgré les nombreuses alertes des chercheurs au début de l’année, cette nouvelle souche a continué de progresser en sous-marin, jusqu’à devenir dominante, entraînant une troisième vague et un troisième confinement.

Mais aujourd’hui, le risque le plus important se situe plutôt autour d’autres variants, découverts en Afrique du Sud, au Brésil, voire en Inde (même si les données ne sont pas encore claires), qui pourraient en partie échapper à l’immunité.

Dans ce scénario noir, rappelle le Conseil scientifique, la campagne vaccinale pourrait perdre une partie de son intérêt, si une souche du coronavirus résistante aux vaccins se répand. C’est pour cela que les variants sont scrutés de près, notamment en Île-de-France, où la population est plus immunisée qu’ailleurs et offre donc une cible de choix pour une souche du coronavirus échappant en partie aux vaccins.

L’incidence, clé du déconfinement

Face à ces trois risques, il n’y a que deux options, complémentaires: accélérer la campagne de vaccination et diminuer la circulation du virus sur le territoire. Une incidence faible implique un contrôle moins difficile du virus, des cas contacts, des clusters. En clair, cela permet de mieux endiguer une possible 4e vague, en voyant venir une nouvelle augmentation des cas bien plus tôt. Cela permet également de diminuer la pression sur le système hospitalier: moins de cas, cela veut dire moins de cas graves.

Surtout, une incidence plus faible permet de mieux contrôler la circulation de variants, car nos capacités de séquençage du génome des coronavirus et de traçage de certains variants spécifiques sont loin d’être suffisantes. Moins d’incidence, c’est aussi moins de virus qui circulent et donc moins de risque que l’un d’eux acquière, par hasard, des mutations plus dangereuses.

“Le niveau auquel se stabilisera la circulation virale au cours de la réouverture
conditionnera l’évolution de l’épidémie dans les mois à venir. S’il est bas, avec par exemple une incidence inférieure à 100/100.000 par semaine, soit 10.000 nouveaux cas par jour, profitant de la dynamique descendante en cours, les mois qui viennent seront beaucoup plus faciles à gérer. S’il est élevé, les mois qui viennent seront très incertains”, note le conseil scientifique.

Pour le moment, l’incidence continue de baisser. Mais avec le déconfinement, elle risque de décroître moins vite, voire de stagner ou d’augmenter. Et si le gouvernement continue de défendre un plafond d’incidence à 400, beaucoup le considèrent trop élevé au vu des multiples risques à venir cet été.

À voir également sur Le HuffPost: A l’étranger, on ne sait plus quoi inventer pour inciter les gens à se faire vacciner