Covid-19: le déconfinement n'est pas gagné, la preuve avec Israël
DÉCONFINEMENT - L’après-Covid se dessine progressivement en Israël, où la vie est presque revenue à la normale. Dans ce pays de 8,7 millions d’habitants érigé comme modèle de la lutte anti-Covid-19, les cas d’infections au coronavirus continuent...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
DÉCONFINEMENT - L’après-Covid se dessine progressivement en Israël, où la vie est presque revenue à la normale. Dans ce pays de 8,7 millions d’habitants érigé comme modèle de la lutte anti-Covid-19, les cas d’infections au coronavirus continuent de baisser (839 personnes contaminées ce mardi 18 mai), les masques en extérieur ne sont plus obligatoires et les touristes vaccinés s’apprêtent à revenir à partir du 23 mai.
De bonnes nouvelles qui ne cachent toutefois pas quelques difficultés liées au déconfinement, comme le taux de vaccination stagnant, les limites du pass sanitaire ou un taux de chômage explosif. Alors que la France entame la deuxième étape de son déconfinement ce mercredi 19 mai - couvre-feu décalé à 21 heures, réouverture des terrasses, des cinémas, et des musées - que peut nous apprendre ce test grandeur nature sur le retour à un semblant de vie normale?
Le plafond de verre de la vaccination
En décembre 2020, la vaccination a démarré en trombe en Israël (plus de 10% de la population était vaccinée avec une dose deux semaines après le début de la campagne). Mais depuis plusieurs semaines, le pays semble avoir atteint un plafond de verre.
D’après les chiffres compilés par le site de référence OurWorldInData, 60% de la population est vaccinée avec une dose ce mardi 18 mai (58% avec deux doses), soit presque le même taux qu’il y a un mois. À titre de comparaison, en France, le taux de personnes partiellement vaccinées s’élève à près de 30% à ce jour (13% avec deux doses), contre 18% il y a un mois. Une stagnation qui éloigne l’horizon de l’immunité collective, atteinte lorsque 70 à 80% de la population est immunisée par une infection antérieure ou par la vaccination.
En cause: la difficulté à convaincre certaines communautés, comme les Arabes israéliens et les Juifs ultra orthodoxes. D’après une enquête publiée en janvier par l’université de Washington à Saint Louis, 51% des Arabes israéliens n’avaient pas encore été vaccinés et déclaraient qu’ils n’avaient pas l’intention de le faire à cause des incertitudes sur les effets à long terme des vaccins.
S’y ajoutent les jeunes adultes qui ne ressentent parfois “ni l’envie ni le besoin d’être vaccinés parce qu’ils estiment ne pas être à haut risque de complication ou de mortalité par le Covid”, explique l’épidémiologiste Antoine Flahault au HuffPost. Les classes sociales défavorisées, moins éduquées et vivants dans des zones rurales sont également plus réticentes à se faire immuniser et ont moins facilement accès aux centres de vaccination.
La campagne globale ne fonctionne pas sur certains segments de la populationMichaël Edelstein, expert en Santé publique.en Israël
Le problème risque de se poser plus fortement en France où seules 56 % des personnes sondées par Santé publique France et n’ayant pas encore été vaccinées souhaitaient l’être dès que possible, d’après un sondage publié en avril. La France pourrait donc être bloquée à un taux inférieur à 60%, car, comme explique Antoine Flahault, être “bloqué” à 60% relève du “rêve”. “C’est une performance quasi-inégalée aujourd’hui dans le monde que d’avoir réussi à vacciner une si grande partie de sa population”, rappelle-t-il.
Comment peut-on remédier à ce problème? Selon le professeur Michaël Edelstein, expert en Santé publique de la faculté de médecine Azrieli à l’Université Bar-Ilan en Israël, il faut adopter des stratégies vaccinales appropriées et adaptées pour atteindre les spécificités de chaque groupe. “La campagne globale ne fonctionne pas sur certains segments de la population, précise-t-il au HuffPost. Au contraire, il faut affiner, adapter, aller chercher les gens là où ils sont”. Et le spécialiste de prévenir qu’en France, cela pourrait s’avérer plus difficile qu’en Israël en raison du contexte culturel. “Dans les campagnes de santé françaises, avoir des approches ethniques ciblées n’est pas toujours simple.”
Le pass sanitaire n’est pas la solution à tout
Sur le passeport vaccinal, Israël peut, une fois encore, nous en apprendre beaucoup. Depuis près de trois mois, pour entrer à l’intérieur d’un restaurant, d’un hôtel, d’un musée, d’une salle de gym ou de spectacle, il est nécessaire de montrer l’écran vert de son téléphone avec un QR code à scanner. Difficile de profiter de la vie sur place sans ce précieux laissez-passer, dont la validité vient d’être prolongée pour la fin de l’année 2021 en cas de vaccination complète ou de preuve de guérison. Pour les personnes testées négatives, il est valable 72 heures.
Son utilité est toutefois limitée. “Il est difficile pour les restaurateurs et les petits commerces de refuser des gens qui n’ont pas le passeport vert, alors qu’ils sont justement en recherche de clients”, pointe Michaël Edelstein. Or, selon le Jerusalem Post, la police nationale, déjà occupée par d’autres tâches, ne peut s’assurer systématiquement de sa mise en application.
De quoi conforter la France dans sa décision de ne pas l’imposer, a priori, pour accéder au restaurant, au café, au cinéma, ou pour aller chez des amis. Approuvé dans la douleur à l’Assemblée nationale la semaine dernière pour un lancement en juin, il sera, en revanche, exigé pour les lieux où les foules se brassent, comme les stades, festivals, foires ou expositions. Dès le début du mois prochain, il devrait également être utilisé dans les lieux de culture, les établissements sportifs, les salons et les foires. “C’est lors de ces événements, hauts lieux de contamination, que le pass sanitaire a véritablement un rôle. C’est donc une bonne chose de l’imposer pour ces événements précis”, reprend Michaël Edelstein.
En France, le passeport sanitaire devrait être en symbiose avec un passeport sanitaire européen pour accélérer la reprise du tourisme. Il ne sera toutefois pas obligatoire: en l’absence d’un certificat, un test Covid négatif sera exigé pour s’assurer que vous n’êtes pas porteur du virus. “Dans tous les cas, rappelle Michaël Edelstein, le passeport vaccinal ne doit pas remplacer la surveillance épidémiologique”. Être vacciné n’offre pas une garantie totale contre le Covid-19.
.@TousAntiCovid évolue !
— Cédric O (@cedric_o) April 19, 2021
Avec #TousAntiCovid-Carnet, vous pourrez intégrer dans l’app grâce à un #QRCode :
➡️Les résultats des tests
➡️Votre certificat de vaccination
Une 1ère étape qui vous permettra de voyager en ???????? en toute sécurité.@olivierveran@Djebbari_JB@CBeaunepic.twitter.com/cPfSgOHciw
Les problèmes hors sanitaire: psychologiques et économiques
En dehors des questions sanitaires, le déconfinement en Israël soulève plusieurs questions sur les conséquences psychologiques dues aux trois confinements. D’après une étude de l’Institut de politique sociale de l’université de Washington, plus de 20% des enfants en Israël souffrent d’anxiété clinique, soit trois fois plus qu’avant la crise sanitaire. “Une action du gouvernement immédiate, avec des priorités claires, est nécessaire pour que les enfants ne se retrouvent pas à la dérive”, ont souligné les auteurs de l’étude.
Comme nous l’a expliqué Antoine Flahault, “les expériences rapportées par les chercheurs des différents pays en Israël nous seront précieuses”. Car au-delà des enfants, “la pandémie laissera des traces profondes et durables dans la population et il faudra y être très attentif. Il y a peu de doutes qu’elles seront considérables et affecteront de nombreuses personnes pendant encore plusieurs années.”, ajoute le chercheur.
On a moins besoin de la vaccination pour relancer l'économieJacques Bendelac, économiste à Jérusalem
Enfin, lors du déconfinement en Israël, les inégalités sociales creusées par les confinements sont apparues au grand jour. La baisse du PIB, de 2,5% en 2020, est “moins importante qu’ailleurs”, nous explique Jacques Bendelac, docteur en économie, chercheur en sciences sociales à Jérusalem, et l’économie a été sauvée par le secteur technologique. Mais la reprise sera très inégalitaire et une crise sociale profonde se prépare. “Les secteurs qui emploient le plus, soit le commerce, le tourisme, la restauration, se sont considérablement appauvris”, explique Jacques Bendelac. Au plus fort de la crise, le chômage a d’ailleurs atteint 25% pour se stabiliser ensuite autour de 10%.
En France, rassure Jacques Bendelac, la situation est très différente. Beaucoup plus “généreux”, l’État a limité les dégâts en versant des aides aux commerces dit non essentiels, aux restaurants, aux lieux culturels. La France est donc moins dépendante de la vaccination qu’Israël. “Même si la vaccination est étalée dans le temps, les aides donnent le temps de s’adapter, alors qu’en Israël, elle a été vitale”, conclut le chercheur.
À voir également sur Le HuffPost: Le Covid long reconnu par l’Assemblée, non sans émotion