Covid-19: Macron accélère la vaccination mais la 3e vague risque d'aller bien plus vite

SCIENCE - Le maître des horloges ne veut finalement pas abdiquer face au maître du temps. Alors qu’Emmanuel Macron avait évoqué en début de semaine dernière de nouvelles restrictions à venir, le confinement annoncé par Jean Castex jeudi 18...

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Face à la croissance de l'épidémie de Covid-19, Emmanuel Macron fait le pari d'accélérer la vaccination.

SCIENCE - Le maître des horloges ne veut finalement pas abdiquer face au maître du temps. Alors qu’Emmanuel Macron avait évoqué en début de semaine dernière de nouvelles restrictions à venir, le confinement annoncé par Jean Castex jeudi 18 mars n’en a même plus le nom. Le président ne veut pas entendre parler de ce terme.

À la place, Emmanuel Macron appelle à la “conscience collective” des Français pour ralentir la propagation du coronavirus, alors même que tous les indicateurs ou presque sont à la hausse et qu’une troisième vague de Covid-19 se dessine de plus en plus clairement. 

L’objectif n’est pas d’en finir avec le virus avec la simple bonne volonté des citoyens, mais de tenter de gagner du temps en ménageant la santé mentale de la population pour que la vaccination fasse son effet. Le président a encore une fois enjoint ce mardi 23 mars à vacciner “matin midi et soir” et a ouvert les réservations de vaccins aux plus de 70 ans.

Mais dans cette course française, le vaccin est un outsider face au Sars-Cov2. Explications en graphiques (retrouvez plus de courbes et cartes dans nos articles dédiés).

Tous les indicateurs au rouge

Depuis le mois de janvier, malgré les nombreuses alertes des scientifiques, le gouvernement a estimé qu’il était possible de maîtriser l’évolution de l’épidémie et le risque d’explosion induit notamment par la part grandissante du variant anglais, plus contagieux et possiblement plus virulent.

Et le fait est que pendant des semaines, les courbes des indicateurs ne se sont pas affolées, avec un plateau ascendant au comportement étrange, avec des hauts et des bas, des décrochages entre les hospitalisations et les entrées en réanimation, etc.

Mais depuis quelques jours, la tendance est la même pour tous les indicateurs: une hausse claire. Le graphique ci-dessous, qui résume les courbes globales du Covid-19, le montre bien.

 Description des principaux indicateurs suivis:

  • Taux d’incidence: c’est le nombre de cas détectés pour 100.000 habitants. Il est très utile, car il donne un état des lieux de l’épidémie en quasi-temps réel (quelques jours de décalage pour l’apparition des symptômes, voire avant leur apparition pour les cas contacts). Mais il est dépendant des capacités de dépistage.
  • Taux de positivité: c’est le nombre de tests positifs par rapport aux tests totaux effectués. Il permet de “contrôler” le taux d’incidence. S’il y a beaucoup de cas dans un territoire (taux d’incidence), mais que cela est uniquement dû à un dépistage très développé, le taux de positivité sera faible. À l’inverse, s’il augmente, cela veut dire qu’une part plus importante des gens testés sont positifs, mais surtout que les personnes contaminées qui ne sont pas testées, qui passent entre les mailles du filet, sont potentiellement plus nombreuses.
  • Taux d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid-19: C’est un chiffre scruté, car il permet de savoir si les hôpitaux sont capables de gérer l’afflux de patients. Il est très utile, car il y a peu de risque de biais: il ne dépend pas du dépistage et les occupations de lits sont bien remontées aux autorités. Son désavantage: il y a un délai important entre la contamination et le passage en réanimation, d’environ deux à trois semaines. 
  • Décès à l’hôpital: Comme les réanimations, c’est un indicateur plutôt fiable, mais avec un délai important. 

La tendance n’est donc clairement pas bonne. Sur le graphique ci-dessous, on voit bien que l’évolution en pourcentage du taux d’incidence n’a jamais été aussi élevée depuis la mi-janvier. Certes, on distingue un semblant d’inflexion ces derniers jours qui peut donner de l’espoir. Mais il faut bien se garder d’être trop optimiste sans données nouvelles.

D’abord, car des soucis techniques ont impacté les données de Santé publique France, comme le précise Le Parisien. Mais aussi parce que ce genre de fluctuation, notamment au niveau des données de dépistage, ne veut pas dire qu’une baisse va avoir lieu. Une inflexion similaire avait eu lieu du 15 au 20 octobre, quelques jours avant que le pays ne soit submergé par la seconde vague. 

Si certains départements ont une incidence et un taux d’occupation des lits en réanimation très inquiétant, la tendance à la hausse se retrouve dans la quasi-totalité des départements. Sur la carte ci-dessous, on peut voir l’évolution du taux d’incidence sur les trois dernières semaines, en pourcentage, par département (le menu permet de remonter le temps pour comparer la situation depuis le mois de décembre).

Pour des raisons techniques, les territoires ultramarins ne sont pas visibles sur nos cartes, mais sont accessibles dans le moteur de recherche en haut à gauche.

Une accélération sur les vaccins incertaine...

Face à une situation sanitaire alarmante, Emmanuel Macron a donc fait le choix de parier sur une accélération de la vaccination, évoquant une “course contre la montre”. Mais jusqu’ici, l’accélération a plutôt une allure de lenteur, notamment à cause du vaccin AstraZeneca.

D’ici la fin mars, la France devrait avoir reçu à peine un quart des vaccins qui avaient été promis par le laboratoire britannique. En deux semaines, les estimations ont à nouveau baissé, avec 1,5 million de doses en moins prévues sur le mois de mars, selon les chiffres du ministère de la Santé. Et reste encore à savoir si les Français vont accepter d’utiliser les doses disponibles après la polémique sur de possibles effets indésirables (non prouvés à l’heure actuelle).

Pour avril, le vaccin de Johnson&Johnson devrait arriver en France, mais avec moins de 500.000 doses qui ont une chance d’être livrées contre un million espérées il y a encore quelques jours. On devrait tout de même voir une accélération claire de la campagne vaccinale le mois prochain grâce à des augmentations importantes des livraisons de Pfizer qui devraient doubler.

... et qui risque de ne pas suffire 

Mais cette accélération risque d’arriver trop tard si la troisième vague prend réellement. Et même si un plateau ascendant permet de temporiser, il ne faut pas croire que nous serons protégés d’une nouvelle vague grâce aux vaccinations d’avril.

Le cas du Chili peut ici servir d’exemple. Le pays a déjà injecté le vaccin à 44% de sa population, ce qui ne l’a pas empêché d’être touché par une troisième vague depuis la fin février. 

Certes, le nombre de décès quotidien augmente lui beaucoup plus faiblement dans le pays. La preuve que la vaccination porte ses fruits, notamment chez les plus fragiles, vaccinés en priorité? Il faut d’abord rappeler que la vague est récente et la mortalité a toujours du retard sur l’incidence. Il faudra attendre plusieurs jours ou semaines pour se faire un avis définitif. Surtout, l’impact sur le système hospitalier est lui bien présent: 94% des lits en hôpital étaient occupés au Chili au 20 mars.

Si une troisième vague touchait la France, il n’est pas impossible que la mortalité ne suive pas vraiment l’incidence. Mais il est quasiment certain que l’état actuel de la vaccination aura peu d’effet sur la saturation des réanimations: les citoyens prioritaires pour se faire vacciner aujourd’hui ne vont en général pas en réanimation, comme nous l’expliquions récemment. Pour que l’accélération sur les vaccins suffise, il faudrait que le coronavirus ralentisse de son côté.

À voir également sur Le HuffPost : La nouvelle attestation invalide la “simplification” promise par le gouvernement