Covid-19: Macron peut-il obliger les soignants à se faire vacciner?
POLITIQUE - Un constat préoccupant. Prioritaires pour la vaccination contre le Covid-19, les soignants ne se pressent pas pour en bénéficier. De quoi justifier, pour certains médecins, d’en faire une obligation pour les professionnels de santé....
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POLITIQUE - Un constat préoccupant. Prioritaires pour la vaccination contre le Covid-19, les soignants ne se pressent pas pour en bénéficier. De quoi justifier, pour certains médecins, d’en faire une obligation pour les professionnels de santé. Mais cette question, qui se pose également au plus haut sommet de l’État, s’avère explosive.
Selon Les Échos, qui rapporte ce jeudi 4 mars plusieurs propos échangés la veille lors du Conseil de défense sanitaire, Emmanuel Macron réfléchirait à rendre le vaccin obligatoire pour les blouses blanches. Le quotidien économique raconte que le chef de l’État veut, en tout cas, que la vaccination “soit généralisée pour les personnels soignants dans les hôpitaux et les Ehpad.”
Réponse de l’Élysée à ces informations de presse: “le président ne veut pas une vaccination obligatoire, c’est une piste de travail parmi d’autres.” Une simple “piste” donc, mais qui, si elle est explorée, promet de nombreux soubresauts au gouvernement et à Emmanuel Macron.
Des vaccins déjà obligatoires
Pas du côté juridique. Le chef de l’État peut imposer aux personnels de santé des hôpitaux et des Ehpad de se faire vacciner pour continuer à exercer. Certains sérums, contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite ou l’hépatite B, sont d’ailleurs déjà obligatoires depuis des années.
L’Académie de médecine avait même demandé au gouvernement, en septembre dernier, d’ajouter celui contre la grippe à la liste alors que les hôpitaux s’apprêtaient à affronter la deuxième vague de Covid-19. Une réponse, selon l’instance, au fait que les vaccins font de moins en moins recette chez les soignants au fil des années. En 2019, seuls 36% des infirmiers et 21% des aides-soignants étaient immunisés contre la grippe par exemple.
Et cette défiance se retrouve désormais à l’heure du coronavirus. Malgré la priorité accordée aux “héros en blouse blanche” depuis deux mois et le lancement de la campagne vaccinale, l’objectif fixé par le gouvernement est encore loin d’être atteint. Dans les maisons de retraite et les unités de soins de longue durée, moins de 200.000 professionnels ont ainsi reçu au moins une dose de sérum, soit 42% des effectifs.
Le chiffre est encore plus révélateur du côté de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). Selon Le Parisien, 36% du personnel médical des établissements de santé de la capitale a été immunisé. Ils ne sont que 18% à l’être dans les autres catégories.
En conférence de presse ce jeudi 4 mars, le premier ministre Jean Castex a justement appelé “solennellement” les personnels des Ehpad à se faire vacciner, avant de juger “pas normal” que si peu de soignants aient été vaccinés jusqu’ici.
Jean Castex: "Seul un soignant sur trois est aujourd’hui vacciné, ce n’est pas normal" pic.twitter.com/cu0GkJeJ24
— BFM Paris (@BFMParis) March 4, 2021
Pour gonfler ce maigre bilan, l’obligation vaccinale est-elle, alors, la meilleure solution?
“Faute professionnelle”
Indiscutable sur le plan du droit, une telle décision serait politiquement difficile à assumer pour un gouvernement qui a promis qu’il ne rendrait pas la vaccination obligatoire. Et ce alors même que les sondages montraient la profonde défiance des Français à l’égard des sérums de Pfizer, Moderna ou AstraZeneca. D’autant que les soignants médiatiques ou les représentants des différentes branches de professionnels du soin sont eux-mêmes très divisés quant aux bienfaits procurés par cette immunisation forcée.
“On ne peut plus accepter que des personnels refusent la vaccination”, s’agaçait par exemple le Professeur François Chast mardi 2 mars sur France Inter, insistant sur les risques d’infection nosocomiales dans les établissements de santé. Et ils existent: près de 27.000 patients ont attrapé le coronavirus à l’hôpital entre le 1er janvier 2020 et le 14 février 2021, selon Santé publique France, qui recense “186 décès liés”.
Pour cet ancien chef de la pharmacie de l’hôpital Necker à Paris, la piqûre “fait partie des bonnes pratiques”, au même titre que “le port de la charlotte, du masque ou de la blouse pendant les soins”. Sachant que l’injection est potentiellement efficace pour limiter les contaminations, “si cette prévention n’est pas faite, elle devient une faute professionnelle”, selon ses mots.
Une obligation contre-productive?
Même avis du côté du médecin médiatique Michel Cymes. “Je sais que dès qu’on parle d’obligation en France, on nous traite de liberticide. Mais quand on épouse ce métier, on a une vraie responsabilité auprès des gens. On n’est pas là pour leur transmettre la maladie, mais pour les soigner”, expliquait-il lundi 1er mars sur RTL, appelant à ouvrir la “réflexion” autour de l’obligation.
Mais cette idée ne fait pas recette partout. Certains pointent au contraire une mesure contre-productive. “Je n’y crois absolument pas”, tranche par exemple Renaud Péquignot, président de la commission médicale des Hôpitaux de Saint-Maurice dans le Val-de-Marne, cité par l’AFP. Pour ce gériatre, cela serait “un obstacle de plus” pour recruter et pourrait “faire fuir” des personnels “qu’on n’a aucun moyen de retenir, avec leurs salaires ridicules”.
Certains “ont peur du vaccin à cause de la 5G de Bill Gates, ça n’a aucun sens mais c’est leur choix”, constate-t-il. Ces réfractaires “qui ne voudront jamais, on va faire quoi? On va se passer de leurs services?”
L’enthousiasme n’est pas flagrant chez les médecins libéraux non plus. “Je n’aime pas les obligations”, explique Jean-Paul Ortiz, le président du premier syndicat de la profession, ce jeudi à l’AFP. Pour lui, la question de la vaccination est plutôt de l’ordre de “l’éthique” et de “l’engagement professionnel”.
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