Covid-19: pour leurs enfants, ces parents ont choisi l'école à domicile

COVID-19 - “Ils prenaient la température des enfants à l’entrée de l’école sans même leur consentement. C’est liberticide”, fustige Maryse, 34 ans. En raison des restrictions sanitaires liées au Covid-19, cette mère et son conjoint ont fait...

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Le masque a été rendu obligatoire dès 6 ans en novembre dernier, pour freiner l'épidémie de Covid-19 en France (photo d'illustration)

COVID-19 - “Ils prenaient la température des enfants à l’entrée de l’école sans même leur consentement. C’est liberticide”, fustige Maryse, 34 ans. En raison des restrictions sanitaires liées au Covid-19, cette mère et son conjoint ont fait le choix, dès novembre dernier, de retirer leurs deux enfants de 8 et 5 ans de l’école dans laquelle ils étaient scolarisés jusqu’ici, dans le département de Charente-Maritime (Nouvelle-Aquitaine). 

Début janvier, lors de la reprise des classes, des milliers d’enfants n’ont, eux non plus, pas repris le chemin de l’école. Le protocole sanitaire strict mis en place le 2 novembre dernier par le ministère de l’Éducation nationale - port du masque, déplacements limités, gestes barrières... - pour freiner l’épidémie de Covid-19 a poussé plusieurs Français à déscolariser leurs enfants. Des consignes sanitaires qui seront renforcées à compter du lundi 18 janvier: le brassage sera limité dans les cantines et les activités physiques et sportives, scolaires et extra-scolaires, en intérieur suspendues. 

Si le phénomène était déjà en hausse en 2020, avec 50.000 élèves instruits à la maison d’après une enquête menée par le ministère de l’Éducation nationale, contre 41.000 en 2019 et 30 à 35.000 en 2017, il s’est encore accentué après le premier confinement de mars. D’après les Cours Pi, l’un des principaux établissements français proposant les cours à distance, l’augmentation liée uniquement aux deux confinements serait d’environ 6%.

“Ce n’est pas explosif, mais il est évident que la pratique séduit de plus en plus de familles”, commente auprès du HuffPost, un porte-parole de l’établissement. L’instruction à domicile reste néanmoins relativement marginale, puisque ces enfants ne représentent que 0,5% du total des élèves français d’après le ministère de l’Éducation nationale. 

Des “privations de libertés”

Pour Maryse et son conjoint, le déclic a eu lieu lors de la rentrée des classes post-Toussaint, en novembre, au moment où un protocole sanitaire strict a été mis en place dans les établissements scolaires. Face à la “privation de libertés” que les mesures représentaient, explique Maryse, ils ont déscolarisé en novembre leur fils de 8 ans et leur fille de 5 ans.

Parmi les pratiques qui gênaient la famille, Maryse se souvient notamment de la prise de température quotidienne, devenue obligatoire pour tous les enfants qui entraient dans l’enceinte de l’école. “Il n’y a aucun respect pour l’enfant, s’indigne Maryse. Cela participe à créer un climat de peur auquel ils devraient pouvoir échapper. La conséquence, c’est que ma fille n’arrivait plus à dormir seule.” 

Depuis que ses jeunes enfants suivent le programme scolaire grâce à des cours par correspondance, ils sont “beaucoup plus sereins et peuvent travailler à leur rythme”, assure Maryse. L’école à la maison ne devait, au départ, qu’être une solution temporaire, “en attendant que les choses reviennent à la normale”. Mais les deux enfants poursuivront le reste de leur scolarité à domicile. Ce, malgré le projet de loi “séparatisme” qui vise une restriction de l’école à la maison, et pourrait mettre à mal ce projet.

Ce texte, qui arrivera fin janvier en Commission nationale, prévoit notamment une obligation pour les parents de demander une autorisation préalable du rectorat pour instruire leurs enfants à la maison. Le but est de réduire le nombre d’élèves instruits à domicile. “Devant les restrictions de libertés de plus en plus fortes, nous ne nous voyons pas rester en France. Lorsque nous le pourrons, nous partirons”, conclut la mère de famille. 

Le port du masque jugé “incompréhensible”

Un avis partagé par Eugénie et Frédéric, parents de quatre enfants, et habitants de Vensat, un village de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Face au “lavage de cerveau subi” par leurs enfants à l’école en raison des mesures sanitaires, ils ont d’abord déscolarisé leurs deux plus grands enfants en novembre, puis ceux de 7 et 9 ans en janvier.

“Les enseignants faisaient croire à tous les élèves que le masque était indispensable à l’école, fustigent les deux parents auprès du HuffPost. À l’école, des camarades de classe ont dit à ma fille que si elle ne portait pas son masque correctement, elle tuerait ses grands-parents.” La mesure jugée “incompréhensible” par Eugénie, ne sert selon elle qu’à “empêcher les enfants de respirer”.

“Mon fils saignait du nez à cause du masque. On sait pourtant que les enfants ne transmettent pas le virus”, s’indigne-t-elle. Même si on entend tout et son contraire, les enfants semblent -selon les études scientifiques et avant l’apparition des variants britannique ou sud-africain-, moins infectés par le Sars-Cov-2 et ont donc moins de chance de participer à la propagation de l’épidémie de Covid-19. 

Le confinement, un déclic

Eugénie l’assure: depuis que ses quatre enfants suivent le programme scolaire à distance, ils sont beaucoup plus “épanouis” et mènent une vie “plus saine”. Quant au projet de loi sur les séparatismes, elle n’y croit pas. “Je ne vois pas comment ils pourraient faire revenir 50.000 élèves à l’école dans de bonnes conditions, sachant que les classes sont déjà surchargées”, relève la mère. 

Au-delà de la colère contre les restrictions sanitaires, certaines familles choisissant l’école à la maison ont connu une révélation pendant le premier confinement. À l’instar de Louison et de Josue, qui vivent avec leurs deux enfants de 5 et 6 ans à Guebwiller, une commune située dans le Haut-Rhin. “Notre fils de 6 ans et notre fille de 5 ans rencontraient tous deux des difficultés à l’école. L’un s’ennuyait, l’autre avait du mal à s’intégrer”, nous ont raconté les deux parents.

Le confinement a été un déclic: “Nous nous sommes aperçus que l’instruction à domicile était la solution idéale à leurs problèmes”. “Ils font école uniquement le matin, et l’après-midi, ils participent à des activités sportives avec d’autres enfants de leur âge”, s’est réjouie Louison. Leur productivité s’en trouve améliorée: en mars prochain, affirment Louison et Josue, leurs enfants auront terminé les programmes de CP et de Grande Section. 

L’école à domicile ne représente toutefois pour eux qu’une solution temporaire,  avant l’entrée en vigueur de la loi séparatisme. “On ne peut pas s’obstiner contre une loi”, soupire Louison. Nous le prenons comme une chance, une parenthèse d’une année, et essayons d’en tirer le maximum”. 

Peur d’être contaminé au Covid-19

Le Covid-19 a également convaincu des familles de se tourner vers l’instruction à domicile par crainte d’être contaminées. C’est notamment le cas de Nathalie et de Pierre*, originaires de Montpellier, qui ont déscolarisé leurs filles de 4 et 7 ans en novembre dernier, lors de l’explosion des cas au Covid-19.

Ancienne enseignante, Nathalie estime que le protocole sanitaire ne peut être appliqué correctement dans les écoles primaires, déjà surchargées selon elle. “Il n’y a pas d’argent dans les écoles, dénonce-t-elle au HuffPost. Comment peut-on désinfecter réellement les salles de classe alors qu’il n’y a pas de matériel prévu pour cela? Comment maintenir une distanciation physique alors qu’il y a 30 élèves par classe? Je connais la réalité du terrain et sais que c’est impraticable”. 

Elle-même est considérée comme une personne vulnérable au Covid-19, tandis que sa fille est asthmatique. En novembre dernier, elle a donc retiré ses filles de l’école ou elles étaient scolarisées à Montpellier pour tenter l’instruction à domicile. Mais devant la difficulté à s’astreindre à des horaires fixes, elle les a réinscrites à l’école, dans un petit établissement de village de 28 élèves seulement. Jusqu’à la fin de la crise sanitaire, ses deux filles y resteront. “Il y a moins de brassage, c’est beaucoup plus sécuritaire”, conclut Nathalie. 

*Les prénoms ont été changés

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