Covid-19: pourquoi la vaccination va si vite aux États-Unis

ÉTATS-UNIS - Depuis que la vaccination contre le Covid-19 a débuté aux États-Unis, avec désormais trois vaccins autorisés -celui de Johnson & Johnson (une seule dose nécessaire par personne) et ceux de l’alliance Pfizer/BioNTech et de Moderna...

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Le site de l'immense centre de vaccination du Dodger Stadium -le plus grand des États-Unis- à Los Angeles, le 27 janvier 2021.

ÉTATS-UNIS - Depuis que la vaccination contre le Covid-19 a débuté aux États-Unis, avec désormais trois vaccins autorisés -celui de Johnson & Johnson (une seule dose nécessaire par personne) et ceux de l’alliance Pfizer/BioNTech et de Moderna (deux doses)-, le rythme est spectaculaire: 2,49 millions de doses injectées par jour actuellement en moyenne, si bien que le pays a franchi vendredi 19 mars, avec plus d’un mois d’avance, l’objectif de 100 millions d’injections fixé en campagne par Joe Biden.

Désormais, l’objectif de 200 millions d’injections durant ses 100 premiers jours de mandat, ce qui amène au 20 avril, apparaît même aujourd’hui réaliste. Et les États-Unis ont déjà passé des commandes suffisantes pour recevoir d’ici fin mai assez de doses pour vacciner l’ensemble de leur population adulte, soit environ 245 millions de personnes (pour une population totale du pays de 330 millions de personnes). 

Pour le moment, selon les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) au 22 mars, 25,3% des Américains ont reçu au moins une dose (83 millions de personnes) et parmi eux, 13,7% sont entièrement vaccinés (45 millions de personnes). Au total, 128 millions de doses ont été injectées jusque-là.

Le week-end dernier, les États-Unis ont même administré pour la première fois plus de trois millions de doses pour deux jours consécutifs: 3,04 millions de doses injectées en 24 heures après 3,12 millions la veille. “C’est la première fois que nous avons 3 millions ou plus sur deux jours consécutifs”, s’est ainsi félicité sur Twitter le responsable des données sur le Covid-19 à la Maison Blanche, Cyrus Shahpar. “Nous faisons des progrès!” 

Pour comparer, en France, au soir du 23 mars, un peu plus de 9 millions de doses avaient été injectées, ce qui représente environ 13% des citoyens de plus de 18 ans ayant reçu au moins une dose. La population française entièrement vaccinée (deux doses reçues) s’élève elle à 2,5 millions de personnes, soit 5% de la population majeure.

Si les États-Unis réussissent avec efficacité et rapidité leur programme de vaccination, eux qui enregistrent depuis le début de la pandémie le plus grand nombre de décès liés au Covid dans le monde (544.000), c’est en partie grâce à la mise en place depuis déjà deux mois de vaccinodromes, où l’on vient se faire vacciner sur d’immenses parkings de stades, d’universités, de parcs d’attractions ou d’hôpitaux, parfois en restant au volant de sa voiture, comme Arnold Schwarzenegger au mois de janvier.

 

Les immenses parkings de stades ou campus réquisitionnés

En Californie, depuis janvier, le parking de Disneyland à Anaheim est ainsi reconverti en méga centre de vaccination qui tourne à 7000 injections par jour.

Des personnes attendant de recevoir leur injection du vaccin de Moderna sur le parking de Disneyland, à Anaheim en Californie, le 13 janvier 2021.

D’autres centres d’envergure ont été ouverts dans l’État, sur les parkings du Dignity Health Sports Park dans la ville de Carson, ou du Petco Park à San Diego, le stade de baseball de l’équipe des Padres.

À Los Angeles, plusieurs vaccinodromes fonctionnent à plein rendement et d’autres s’ajoutent au fil des semaines, comme celui situé sur trois niveaux d’un parking du campus de l’University of Southern California (USC) ouvert il y a une quinzaine de jours, et qui cible notamment la population des quartiers de South Los Angeles où la pandémie a particulièrement sévi.

L'entrée piétonne du centre de vaccination de l’University of Southern California à Los Angeles, le 19 mars 2021.

Mais le plus emblématique des vaccinodromes de la ville, car le plus imposant par sa taille, reste incontestablement celui du gigantesque parking du Dodger Stadium, le stade de l’équipe de baseball des Dodgers situé sur la colline surplombant le quartier de Downtown.

Jusqu’à la mi-janvier, celui-ci abritait le plus grand centre de tests pour le Covid-19 de tous les États-Unis, qui aura réalisé gratuitement plus d’un million de tests de dépistage en huit mois.

 

12.000 doses injectées par jour au Dodger Stadium

Depuis 70 jours, celui-ci abrite donc le plus grand site de vaccination du pays. “Ce site nous rapprochera d’un jour dont nous avons hâte de nous réveiller et d’entendre parler. Un jour où nous enregistrons zéro décès ici à Los Angeles”, avait déclaré le maire Eric Garcetti lors de l’inauguration, alors que sa ville a été particulièrement submergée par la pandémie en tout début d’année.

De 2000 doses délivrées lors du jour d’ouverture mi-janvier, le site a atteint son rythme de croisière pour désormais délivrer jusqu’à 12.000 doses par jour. Le fonctionnement est bien rôdé, comme le rapporte le LA Times: les voitures font la queue dans différentes files, puis, un par un, les soignants mobilisés se penchent pour parler aux conducteurs et administrer à travers les vitres ouvertes les doses de vaccin. Les patients reçoivent leur piqûre alors qu’ils sont toujours attachés, et 15 minutes plus tard, la plupart sont autorisés à repartir.

Le site de vaccination du Dodger Stadium à Los Angeles, le 23 février 2021.Le site de vaccination du Dodger Stadium à Los Angeles, le 30 janvier 2021.Les files d'attente pour accéder au site de vaccination du Dodger Stadium à Los Angeles, le 23 février 2021.

Conduire le long des cônes oranges au Dodger Stadium a été la meilleure partie de ma vaccination”, s’est même amusé un vacciné sur Twitter, partageant une vidéo de sa “course”.

À partir du 1er avril, les futurs vaccinés et le personnel soignant se partageront par ailleurs l’immence parking avec les fans des Dodgers, le club ayant reçu l’autorisation d’accueillir 11.000 spectateurs (20% de la capacité totale de son stade) pour la reprise de la saison de baseball, sans que cela n’affecte l’un des deux secteurs.

Mais attention, ces vaccinodromes nécessitent un approvisionnement conséquent et permanent en doses pour ne cesser de fonctionner. Mi-février, faute de doses en nombre suffisant, cinq sites -dont celui du Dodger Stadium- ont ainsi fermé quelques jours à Los Angeles. “Nous vaccinons les gens plus vite que les flacons n’arrivent”, avait ainsi lancé le 11 février Eric Garcetti, exprimant alors son inquiétude sur des approvisionnements “inégaux, imprévisibles et trop souvent inéquitables”.

En France, le gouvernement, longtemps réfractaire à l’option des vaccinodromes, va la privilégier dans les semaines à venir. Ainsi, l’armée et les pompiers vont déployer “au moins 35” grands centres de vaccination “pour pouvoir être capables d’utiliser” toutes les doses qui seront livrées à la France ”à partir du mois d’avril”, a indiqué le 22 mars le ministre de la Santé Olivier Véran. L’un de ces centres se situera au Stade de France à Saint-Denis, dans lequel “plusieurs milliers de personnes” pourront être vaccinées chaque semaine à partir du 6 avril. Pour l’heure, seul le stade Orange Vélodrome de Marseille remplit cette fonction, dans les locaux d’une tribune. 

Des personnes patientant devant le centre de vaccination installé su stade Orange Vélodrome de Marseille, le 15 mars 2021.

Des “waste lists” à Las Vegas

Pour revenir aux États-Unis, si la campagne de vaccination avance a si bon train, c’est aussi car tout est fait pour qu’aucune dose ne soit perdue.

Le vaccin de Pfizer, par exemple, doit en effet être administré dans les six heures après sa préparation. Ce qui peut entraîner des pertes sur une journée, si un nombre pas suffisant de personnes se rendent dans un centre pour se faire vacciner.

Résidant à Las Vegas au Nevada, le journaliste français William Reymond a raconté dans un long thread sur Twitter au début du mois de mars comment il a ainsi pu, avec sa femme et leurs deux enfants, bénéficier d’une première injection alors qu’ils ne rentraient encore dans aucune catégorie d’âge, de profession ou de risque, et n’étaient pas Américains.

Après s’être inscrits sur une liste d’attente d’un centre de vaccination -des listes surnommées ici sans équivoque “waste lists” (“listes de déchets”)-, ils ont été rappelés quelques jours plus tard pour recevoir en fin de journée une dose qui n’avait pu être utilisée. Le jour de leur injection, une centaine de personnes ont ainsi pu se faire vacciner de cette façon dans le centre où ils se trouvaient, quelle que soit leur nationalité, le gouverneur de l’État du Nevada ayant décidé que le statut d’immigration ne serait pas vérifié. Et tout cela gratuitement.

Par ailleurs, preuve de la rapidité de la campagne de vaccination américaine, dès le 5 avril, l’ensemble de la population du Nevada âgée de plus de 16 ans sera éligible à recevoir une dose.

Le Texas, deuxième État le plus peuplé du pays avec 30 millions d’habitants, devancera même le Nevada, puisque sa campagne de vaccination à tous les adultes débutera dès le lundi 29 mars.

Passée la vaccination des adultes, qui sera terminée fin mai selon les espérances de Joe Biden, celle des enfants devrait rapidement suivre. Et là encore, les États-Unis ont une longueur d’avance: le laboratoire Moderna a annoncé en début de semaine dernière qu’il avait déjà lancé des essais de son vaccin sur des milliers d’enfants américains et canadiens, âgés de 6 mois à 11 ans.

À voir également sur Le HuffPostPourquoi Véran ne refuse plus les vaccinodromes