Covid-19: Pourquoi Macron s'agace de la comparaison Union européenne - États-Unis

POLITIQUE - Maintenant ça suffit. Voilà en substance le message d’Emmanuel Macron sur les comparaisons entre l’action de l’Union européenne et des États-Unis. Après avoir fait le dos rond, expliquant qu’il était lui aussi favorable à la levée...

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Pourquoi la France s'agace de la comparaison Union européenne - États-Unis (photo d'Emmanuel Macron à Porto le 8 mai)

POLITIQUE - Maintenant ça suffit. Voilà en substance le message d’Emmanuel Macron sur les comparaisons entre l’action de l’Union européenne et des États-Unis. Après avoir fait le dos rond, expliquant qu’il était lui aussi favorable à la levée des brevets sur le vaccin, dans le sillage de l’administration américaine, le président de la République répond plus vertement à ceux qui accusent le vieux continent d’avoir un train de retard.

“Je ne peux pas traiter vos complexes, moi je n’en ai pas”, a-t-il fini par lâcher samedi 8 mai, à Porto, dans un sourire en forme de léger agacement, à un journaliste qui l’interrogeait sur les difficultés de communication des Vingt-Sept depuis le début de la crise sanitaire, que ce soit sur le fameux plan de relance ou la générosité vaccinale.

Il faut dire que la séquence européenne du chef de l’État, qui donne un discours à Strasbourg ce dimanche 9 mai pour la journée de l’Europe, après deux jours de sommet social au Portugal, entre en collision, en France, avec une certaine “Biden Mania” sur la scène politique nationale.

Où s’arrêtera la Biden mania?

C’est l’administration américaine qui a jeté un pavé dans la marre, jeudi 6 mai, à quelques heures de l’ouverture de la réunion des chefs d’état et de gouvernement de l’Union. En se disant favorable à l’idée de lever les brevets sur les vaccins anti-Covid-19, Joe Biden a poussé ses homologues, européens notamment, à se positionner sur un débat qu’ils n’étaient semble-t-il pas pressés de trancher, jugeant d’autres options plus prioritaires.

Il n’en fallait pas davantage aux responsables politiques français, souvent de gauche ou écolo, pour faire de la déclaration venue d’outre-Atlantique le point culminant d’une “Biden mania” qui touche toutes les chapelles.

“La décision de Joe Biden est historique et juste”, écrivait par exemple le socialiste Boris Vallaud, jeudi sur les réseaux sociaux. “Aujourd’hui, le ‘classique’ Joe Biden ringardise le ‘moderne’ Macron pas dans la communication, mais dans les actes: sur le social, la fiscalité des multinationales ou les brevets des vaccins”, se réjouissait également Benoît Hamon, quand Yannick Jadot parlait d’une décision “lucide et courageuse.”

Bien avant les brevets, c’est le plan de relance de l’administration Biden ou son virage à gauche qui faisait pâlir d’envie certains. “J’ai l’impression qu’il a pris sa carte au Parti communiste”, s’amusait par exemple le patron du PCF Fabien Roussel le 30 avril dernier sur France 2 en se faisant le meilleur avocat du plan de relance “révolutionnaire” du président démocrate.

Bataille de solidarité

“C’est incroyable, il veut investir 6000 milliards d’euros en l’espace de quelques années pour relancer la consommation, pour rendre les crèches gratuites, investir dans les hôpitaux, les écoles... Et tout cela, il va le financer en augmentant les impôts des plus riches”, commentait encore, avec gourmandise, celui qui se verrait bien porter les couleurs communistes à la prochaine présidentielle.

Plus globalement, ce sont tous les économistes ou responsables politiques partisans d’un plan de relance plus massif que celui adopté par l’Union européenne à l’été 2020 qui se sont servis de l’exemple américain pour mieux fustiger le manque d’ambition supposé des Vingt-Sept. 

Autant de comparaisons qui “agacent beaucoup” le président de la République français à en croire les confidences d’un de ses “proches” à Europe 1. Ce que l’Élysée dément. Quoi qu’il en soit, sur les vaccins, comme sur le plan de relance, le gouvernement français n’a pas franchement la même lecture de la situation. Et se fait entendre. 

Si Emmanuel Macron, depuis Porto, s’est à nouveau dit ouvert à “une levée circonscrite” des brevets, sur le modèle des traitements contre le SIDA, il a encore répété que l’urgence n’était pas là, martelant que l’Europe était bien plus généreuse dans les faits que les États-Unis, car elle avait exporté la moitié des 400 millions de doses produites sur son sol.

“Un plan de rattrapage social de l’Europe”

Défendant la stratégie de l’Union européenne, basée sur le don de doses aux pays pauvres, le président de la République a d’ailleurs quelque peu haussé le ton pour demander aux Américains de mettre fin “aux interdictions à l’export, non seulement de vaccins, mais de composants de ces vaccins qui empêchent la production.” Une petite musique qui commence à monter chez le laboratoire allemand Curevac, notamment. 

Signe supplémentaire de ce début d’agacement: Emmanuel Macron s’est insurgé avec vigueur contre l’idée selon laquelle les États-Unis semblent prendre un leadership moral par leur proposition, relayée jusque par le Pape samedi matin. “Quand, il y a un an, nous Européens on lance Act-A”, a-t-il dit à la presse à propos de l’initiative visant à développer des vaccins, des médicaments et des moyens de diagnostic et à renforcer les systèmes de santé dans le monde entier, “vous ne nous dites pas ‘vous Européens avez un leadership moral’, vous dites ‘les États-Unis ne vous suivent pas’. Et quand les États-Unis nous suivent, vous dites qu’ils ont le leadership.”

Même conclusion, ou presque, pour le secrétaire d’État chargé des affaires européennes en ce qui concerne les plans de relance. “Quand vous regardez le plan Biden, c’est très impressionnant, mais ce n’est pas un plan de relance, c’est un plan d’urgence”, estimait Clément Beaune sur la chaîne BFM Business à la fin avril, en évoquant “un plan de rattrapage social de l’Europe.” 

“Les États-Unis, c’est 20 points de dépenses publiques en moins que la France. Notre pays et l’Europe ont un modèle très protecteur en temps de crise”, avançait-il encore, en réponse aux hourras des responsables politiques nationaux. Un point qu’Emmanuel Macron s’attachera sans doute à rappeler ce dimanche, lors de son discours à Strasbourg, après un sommet social aux conclusions malgré tout bien maigres.

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