Covid-19: une immunité collective d'ici au 14 juillet en Europe, est-ce possible?
SCIENCE - “Prenons une date symbolique, le 14 juillet, nous avons la possibilité d’atteindre l’immunité au niveau du continent” face au Covid-19. C’est ce qu’a déclaré ce dimanche 21 mars sur TF1 le commissaire européen au Marché intérieur...
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SCIENCE - “Prenons une date symbolique, le 14 juillet, nous avons la possibilité d’atteindre l’immunité au niveau du continent” face au Covid-19. C’est ce qu’a déclaré ce dimanche 21 mars sur TF1 le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton.
L’immunité collective est un espoir qui brille depuis les débuts de la pandémie il y a plus d’un an. C’est le moment où suffisamment de personnes dans la population seront immunisées pour que le coronavirus ne puisse plus se transmettre et finisse par s’éteindre.
Certains ont un temps cru pouvoir l’atteindre naturellement, par le jeu des contaminations. Beaucoup espèrent encore que l’arrivée massive de nombreux vaccins efficaces permettra d’atteindre ce but. Mais la réalité est compliquée et il est extrêmement peu probable que l’Union européenne atteigne cette étape le 14 juillet.
Livraisons et injections incertaines
D’abord, il y a la question de l’accès aux vaccins. Thierry Breton affirme que “300 à 350 millions de doses” seront disponibles d’ici à fin juin dans l’Union européenne. C’est en tout cas la production prévue. Mais si les prévisions sont plutôt encourageantes, reste à voir comment s’organiseront les livraisons, alors que le calendrier, depuis janvier, accumule plutôt les retards.
Et quand bien même nous aurions suffisamment de doses, cela ne voudrait absolument pas dire que le pari est gagné. Il faudrait qu’une grande majorité des citoyens européens accepte de se faire vacciner, ce qui est loin d’être évident.
L’interdiction d’AstraZeneca quelques jours par certains pays, contre l’avis de l’Agence européenne du médicament, n’a clairement pas aidé à améliorer ce contrat de confiance. Ce qui pourrait poser problème: en France, le vaccin britannique représente environ un quart des doses disponibles d’ici à fin juin.
Un seuil d’immunité très mouvant
Imaginons toutefois que toutes ces hypothèques soient levées et que tout se déroule à la perfection. Cela ne veut pas dire pour autant que l’immunité collective sera obligatoirement atteinte. À l’évidence, la pandémie aurait alors un tout autre visage, avec beaucoup moins d’hospitalisations et une mortalité plus faible... proportionnellement.
Car le vaccin, s’il est notre meilleure arme, n’est pas une solution ultime. Certes, on a vu en Israël ou encore en Grande-Bretagne les indicateurs chuter à mesure que ces pays vaccinaient à tour de bras. Mais ils étaient également sous le joug de confinements très stricts, ce qui limitait la circulation du virus.
Le cas du Chili nous rappelle que la route est encore longue. Le pays a déjà injecté le vaccin à 44% de sa population, ce qui ne l’a pas empêché d’être touché par une troisième vague importante depuis la fin février.
Pire, ce fameux seuil d’immunité collective demeure aujourd’hui très incertain pour plusieurs raisons. D’abord, il faut bien comprendre que les seuils d’immunité ne sortent pas de nulle part. Ils dépendent du taux de reproduction de base du virus. C’est le fameux R0 qui détermine combien de personnes sont contaminées en moyenne par un individu infecté.
Si le R0 est de 3, alors le seuil théorique est de 66% de personnes immunisées. À partir de là, comme chaque malade infecte en moyenne 3 personnes et que deux tiers des citoyens sont immunisés, le coronavirus touche finalement une personne ou moins. Le taux de reproduction actuel (R effectif) est inférieur à 1 et l’épidémie finit par s’éteindre.
Mais dans la pratique, c’est bien plus compliqué. D’abord, le variant britannique, qui serait 50% plus contaminant, change la donne. Si le R0 n’est plus de 3 mais de 4.5, alors il faudrait que 77% de la population européenne soit vaccinée (ou ait déjà eu le Covid-19) pour que le seuil soit atteint. Cela représente environ 345 millions de personnes. Or, d’ici au 14 juillet, nous aurons entre 300 et 350 millions de doses. Il faudrait vraiment que tout se passe à merveille pour que cela fonctionne.
L’efficacité des vaccins change la donne
Mais encore une fois, admettons. Même dans un scénario idéal, il restera un problème: le niveau d’efficacité des vaccins qui n’est pas de 100%. Certes, pour les vaccins ARN, on s’en approche avec des résultats d’essais cliniques aux alentours de 95%.
Sauf que l’on parle d’efficacité pour prévenir la maladie Covid-19. L’effet du vaccin sur la transmission du virus n’est pas encore clair: peut-on être vacciné, mais contaminé et donc possiblement porteur sain du coronavirus? Les preuves s’accumulent pour dire que la vaccination réduit les risques de transmission, mais il est peu probable que cette réduction soit de 100%.
Or, le fameux seuil d’immunité collective correspond à une immunisation complète. Si le vaccin empêche la transmission à 77% par exemple, il faut vacciner l’intégralité de la population pour atteindre le seuil d’immunité collective face au variant anglais.
Et admettons une dernière fois que tout cela se réalise en juillet par miracle. Reste encore deux éléments incertains: la durée de l’immunité (6 à 8 mois minimum, au-delà nous sommes dans le flou) et le risque posé par de possibles variants échappant à l’immunité. Les souches V2 et V3 (Afrique du Sud et Brésil) font craindre un comportement de ce type, même si certains vaccins semblent plus efficaces que d’autres.
Au vu de tous ces éléments, croire que l’immunité collective, et donc la disparition du Sars-Cov2, pourra avoir lieu le 14 juillet est, au mieux, un espoir très utopiste. Un tel état pourra peut-être être atteint à un moment ou à un autre, mais sans certitude pour l’instant.
Il est en revanche probable que si nous arrivons à vacciner d’ici cet été un maximum de personnes, notamment l’ensemble des populations à risque, l’impact du coronavirus, qui continuera de circuler en France et en Europe, sera bien plus faible, bien différent et possiblement bien plus gérable que ce que nous vivons depuis un an.
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