Covid: Cummings, ex-cerveau du Brexit étrille Johnson sur sa gestion

ROYAUME-UNI - “Un échec total du système”. Cerveau de la campagne pour le Brexit introduit par Boris Johnson au coeur du pouvoir, son ex-conseiller aux méthodes redoutées Dominic Cummings décoche désormais méticuleusement ses flèches empoisonnées...

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Dominic Cummings lors de son audition causementaire sur la gestion du Covid, le 26 mai 2021

ROYAUME-UNI - “Un échec total du système”. Cerveau de la campagne pour le Brexit introduit par Boris Johnson au coeur du pouvoir, son ex-conseiller aux méthodes redoutées Dominic Cummings décoche désormais méticuleusement ses flèches empoisonnées contre le Premier ministre britannique, qu’il juge incompétent à ce poste.

Il a ainsi qualifié ce mercredi 26 mai de “désastreuse” la gestion du début de la pandémie de coronavirus par le gouvernement, lors d’une audition causementaire ravageuse pour Downing Street.

Entamant une session qui a duré plus de sept heures, le stratège politique de 49 ans a tenu à dire aux familles des victimes de la pandémie à quel point il est “désolé pour toutes les erreurs qui ont été faites” .“La vérité est que les ministres, hauts responsables et conseillers comme moi n’avons pas été à la hauteur, de manière désastreuse, de ce que le public attend de son gouvernement lors d’une crise comme cela”, a-t-il déclaré face à une commission causementaire, détaillant les 1ères semaines suivant l’apparition de la maladie en Chine, puis jusqu’au Royaume-Uni.

Dans le week-end, Dominic Cummings avait déjà donné le ton en publiant de nouveaux tweets particulièrement critiques.

La folle journée du 12 mars

Face aux députés, Dominic Cummings a raconté qu’il avait fallu beaucoup de temps au cabinet de Boris Johnson pour prendre conscience de la gravité de la crise qui s’annonçait. Mi-février, selon lui, ceux qui auraient pu commencer à prendre des décisions ”étaient partis skier en vacances”. 

La menace du virus, a-t-il ajouté plus loin, n’a pas non plus été prise au sérieux tout de suite. “En février, le Premier ministre voyait ça comme juste comme une histoire pour se faire peur, et décrivait ça comme la nouvelle grippe porcine”, a-t-il expliqué, qualifiant par ailleurs la gestion de la crise “d’échec total du système”. Selon lui des “dizaines de milliers de gens sont morts pour rien”.

Le 12 mars alors que la situation sanitaire commençait à devenir particulièrement inquiétante, Dominic Cummings explique qu’une proposition de Donald Trump d’envoyer conjointement des bombardements en Irak a complètement chamboulé les priorités de Downing Street, repoussant encore un peu plus une réunion cruciale sur la crise sanitaire.

En parallèle, ce jour-là, la petite-amie de Boris Johnson ”était complètement en train de craquer” et voulait que le bureau de presse se concentre sur un article du Times paru le jour même consacré au chien du Premier ministre. À cette époque de l’année, il assure que la 1ère inquiétude de Johnson était plutôt économique et que ce n’est que dans la deuxième moitié de mars qu’une approche plus agressive pour combattre l’épidémie a été envisagée.

L’ex-conseiller a ajouté un peu plus tard que le 1er confinement aurait dû être mis en place dès la 1ère semaine de mars et les frontières fermées dès janvier. “On n’a pas de plan. On est complètement foutus. Des milliers de gens vont mourir”, lui aurait même déclaré le 13 mars une conseillère santé du cabinet. Le confinement britannique n’a été mis en place que le 23 mars. 

Immunité collective et “soirées varicelle”

Si le gouvernement Johnson a récemment démenti que l’immunité collective ait  fait partie de sa stratégie contre le covid-19, au cours de son audition, Dominic Cummings a maintenu que ça avait bel et bien le cas. Mais simplement parce que les données scientifiques montraient que c’était de toute façon “inévitable”. 

“C’est au cours de la semaine du 9/3 que nous avons commencé à élaborer le plan B pour éviter l’immunité collective jusqu’aux vaccins. Même après que nous soyons passés au  PlanB, les documents COBRA, montrant des graphiques avec une stratégie optimale et un pic unique, prévoyait 260.000 morts parce que le système se trouvait dans un chaos confus”, écrit Cummings sur Twitter.

 

Dans la foulée, l’ex-conseiller a ainsi assuré qu’au cours d’une réunion en mars, Mark Sedwill, secrétaire de cabinet, avait suggéré que Boris Johnson aille à la télévision pour expliquer le plan autour de l’immunité collective, et pousse  les gens à organiser des “soirées varicelle” pour propager la maladie et donc répandre l’immunité. L’immunité collective a été finalement abandonnée en mars, une fois Downing Street averti qu’elle conduirait à la “catastrophe”. 

Dominic Cummings a d’ailleurs décrit également comme désastreuse la communication du gouvernement pendant la crise. “Si le Premier ministre change d’avis 10 fois par jour, puis appelle les médias et contredit sa propre politique, jour après jour, vous avez des catastrophes en matière de communication”, a-t-il notamment déclaré, comparant un peu plus tard Boris Johnson ”à un caddie de supermarché qui n’arrête pas de se cogner dans les allées”. 

Manque de données et de savoir-faire

Selon Dominic Cummings, le Bureau du Cabinet s’est “complètement effondré” sous la pression, arguant notamment d’un manque de personnalités compétentes, de qualifications, et de données. Il a affirmé d’ailleurs que dans un 1er temps le “système de données” a consisté en un simple tableau blanc, dont il a posté la photo sur son compte Twitter mardi. 

“Le noyau du gouvernement s’est en quelque sorte effondré lorsque le Premier ministre est tombé malade, parce qu’il est soudainement parti et que les gens ont littéralement commencé à pensé qu’il pouvait mourir”, a également détaillé Dominic Cummings. 

“Laisser les corps s’empiler”

Il s’est également montré particulièrement virulent à l’égard du ministre de la Santé, Matt Hancock, qu’il décrit comme un “menteur en série”, notamment sur les enjeux des équipements de protection et des respirateurs. Il l’accuse aussi de ne pas avoir tenu sa promesse de faire tester toute personne avant qu’elle ne rentre en maison de retraite, mais aussi d’avoir interféré dans la mise en place du système “tester, tracer” pour simplement remplir son objectif de 100.000 tests par semaine. Dominic Cummings assure qu’il a conseillé plusieurs fois à Boris Johnson de changer de ministre de la Santé. Ce dernier est toujours en poste.

Enfin, en septembre, alors que de nombreux pays européens commençaient à subir une deuxième vague, l’ex-conseiller affirme  que le Premier ministre a rejeté les conseils du SAGE - l’équivalent du Conseil scientifique - sur l’instauration d’une deuxième confinement. Surtout, Dominic Cummings a confirmé face aux députés les propos qu’auraient tenus Boris Johnson le 31 octobres, rapportés par la BBC et selon lesquels “il préférait voir les corps s’empiler que de décréter un troisième confinement”. 

Reste à savoir quel crédit les Britanniques accorderont aux déclarations de Dominic Cummings. Selon un sondage YouGov publié samedi dans le Times, seuls 14% des électeurs lui font confiance pour dire la vérité, contre 38% pour le Premier ministre. Son nom est irrémédiablement associé au scandale de son déplacement en plein confinement pour se rendre chez sa famille dans le nord de l’Angleterre.

Interpellé au Parlement sur ces accusations, le Premier ministre a déclaré prendre “la pleine responsabilité” de la gestion de la pandémie, décrivant cette crise comme “l’une des plus difficiles” traversées par le pays depuis longtemps et affirmant qu’il avait toujours suivi les conseils des scientifiques.  

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