Covid: le "champignon noir" qui sévit en Inde est absent en France

CORONAVIRUS - Des malades au visage gonflé et noirci qu’il faut parfois mutiler. Alors que l’Inde subit une troisième vague du coronavirus particulièrement meurtrière, certains patients à peine guéris développent une complication éprouvante...

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Une aide soignante auprès d'un patient guéri du coronavirus et maintenant atteint de la mucormycose au Netaji Subhash Chandra Bose Medical College à Jabalpur en Inde, le 21 mai 2021.

CORONAVIRUS - Des malades au visage gonflé et noirci qu’il faut parfois mutiler. Alors que l’Inde subit une troisième vague du coronavirus particulièrement meurtrière, certains patients à peine guéris développent une complication éprouvante du coronavirus, la mucormycose, une infection fongique touchant les cas graves du Covid-19.

La maladie est aussi parfois qualifiée de “champignon noir”, mais le terme n’est pas médicalement exact selon la professeure Fanny Lanternier du centre du Centre national de référence mycoses invasives et antifongiques de l’Institut Pasteur, contactée par Le HuffPost.

Alors que quelques cas de contaminations au variant indien ont déjà fait leur apparition dans l’Hexagone, selon un rapport publié par Santé Publique France le 12 mai, doit-on craindre également une flambée de cas de mucormycose en France? Cela ne sera probablement pas le cas, pour l’instant, selon la professeure Fanny Lanternier.

“Il existe actuellement peu de cas signalés de mucormycose liés au Covid en France, autour de dix ou quinze cas en une année de pandémie. Cela n’a rien à voir avec ce qui se passe en Inde”, rassure la professeure.

Qu’est-ce que la mucormycose?

“La mucormycose n’est pas spécifiquement liée au variant indien, précise-t-elle encore. Les infections virales respiratoires en général, notamment la grippe, sont connues pour favoriser les infections à champignon comme l’aspergillose.” Dans ce contexte, il se peut que le Covid soit lui-même un facilitateur de la mucormycose.

À quoi ressemble concrètement la maladie? “Dans les faits, le champignon va boucher les vaisseaux des tissus qu’il infecte, explique Fanny Lanternier. Ceux-ci ne seront plus correctement vascularisés ce qui entraînera des nécroses qui donneront cette couleur noire.”

Lorsque la maladie progresse, notamment sous les formes ORL comme celles qu’on constate en Inde, le traitement, avant tout chirurgical, peut s’avérer agressif. “On enlève tous les tissus malades, comme l’œil quand il est atteint. Pour éviter d’en arriver là, on réalise une intervention au niveau du sinus.” Ce traitement peut être également accompagné de l’administration de polyènes, une classe de médicament antifongique.

Mais alors que l’Inde connaît des tensions d’approvisionnement en antifongiques, la professeure Fanny Laternier estime que le problème ne se posera pas, pour le moment, en France étant donné “le faible nombre de cas et le fait qu’il n’y a pas eu de problèmes particuliers lors des vagues précédentes.”

Pourquoi la murcormycose s’est répandue en Inde?

Pour expliquer la plus grande prévalence de la mucormycose en Inde, Fanny Lanternier avance plusieurs facteurs spécifiques au pays. Des raisons environnementales d’abord : en Inde, le champignon est plus fréquent à l’état naturel. Ensuite, la population indienne est plus prédisposée à une infection “parce qu’elle compte en son sein plus de diabétiques, considérés comme des patients à risques, qu’en France”, analyse la chercheuse. La virulence de la vague actuelle de l’épidémie en Inde multiplie aussi les possibilités d’infections au champignon. Dernier facteur, l’utilisation de corticoïdes pour le traitement du coronavirus qui, s’ils sont utilisés avec excès, favorisent la mucormycose.

La professeure de l’Institut Pasteur se veut toutefois rassurante sur l’utilisation de ces corticoïdes dans l’Hexagone. “Telle qu’elle est administrée en France, il n’y a aucune raison de restreindre l’usage de la corticothérapie en raison de la mucormycose. Mais il faudrait que son utilisation reste limitée aux cas graves de Covid.”

La France est pour l’instant épargnée

Pour la chercheuse, la situation de l’Inde n’est donc pas pour le moment transposable à celle de la France. Dans l’Hexagone, l’épidémie est en décrue, le champignon moins présent dans l’environnement naturel, et la population française moins sujette au diabète qu’en Inde.

“Il n’y a pas d’alerte particulière à signaler en France. Mais nous restons vigilants”, prévient-elle. “En cas de Covid grave, des prélèvements respiratoires sont systématiquement réalisés pour rechercher des infections aux champignons”, indique Fanny Lanternier. Les tests fongiques sur les patients atteints de formes sévères du coronavirus sont en effet préconisés par le Haut Conseil de la Santé Publique depuis le 5 mars 2020.

À voir également sur Le HuffPost: Le risque de contamination au resto dépend de là où vous êtes assis