Covid: le vaccin vous fait peur? Les réponses à vos questions et hésitations
SCIENCE - Il voulait convaincre plutôt que contraindre, mais Emmanuel Macron a fini par changer d’avis. Pour endiguer la 4e vague de Covid-19 provoquée par le variant Delta, le président de la République veut pousser l’ensemble des Français...
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SCIENCE - Il voulait convaincre plutôt que contraindre, mais Emmanuel Macron a fini par changer d’avis. Pour endiguer la 4e vague de Covid-19 provoquée par le variant Delta, le président de la République veut pousser l’ensemble des Français vers le vaccin.
Avec l’élargissement du pass sanitaire dans le courant de l’été, à moins d’accepter l’idée de tests quasi quotidiens, la vaccination est la seule possibilité pour continuer à profiter des commerces, restaurants et lieux culturels enfin rouverts.
Si la décision drastique du gouvernement a entraîné une ruée sur les rendez-vous de vaccination, elle a aussi été vivement critiquée et ravive des débats sur l’utilité et les risques des vaccins existants aujourd’hui contre le Covid-19.
Des peurs légitimes qui entraînent des questions qui le sont tout autant. Elles ont même pu être prononcées par des autorités de santé ou des chercheurs. Mais aujourd’hui, la science a en réalité des réponses très claires. Le HuffPost fait le point sur la plupart des craintes autour des vaccins.
Sommaire
- “On manque de recul sur ces vaccins”
- “Il y a des effets secondaires graves”
- “Il y a un risque inconnu à long terme”
- “Je n’ai aucun risque face au Covid-19, pourquoi me faire vacciner?”
- “Le vaccin n’empêche pas la transmission”
- “Le vaccin n’est pas efficace contre les variants”
- “Il n’y a pas de données sur les femmes enceintes”
“On manque de recul sur ces vaccins”
C’est un des principaux arguments mis en avant: ce vaccin a été développé trop vite et nous n’avons pas assez de recul sur les risques. Il est vrai que, lorsque la pandémie a surgi au 1er trimestre 2020, nous n’aurions jamais rêvé avoir un vaccin aussi vite. Évidemment, on ne peut jamais être certain à 100%, mais en réalité, nous disposons aujourd’hui d’un recul très important.
D’abord, il faut comprendre que ces procédures accélérées ne veulent pas dire que le vaccin n’a pas été testé. C’est simplement que les différentes étapes, qui prennent parfois des années rien que sur le plan administratif, ont été réalisées en simultané, avec l’investissement de moyens colossaux.
Quand les 1ers vaccins sont autorisés en décembre 2020, des essais sur des dizaines de milliers de personnes sont déjà en cours depuis des mois et ont été analysés en détail par des centaines de scientifiques. A l’époque, le seul effet indésirable important (pas une simple fièvre) était une réaction allergique violente, juste après l’injection et sans danger avec une rapide prise en charge.
Depuis, 3,5 milliards de doses ont été injectées dans le monde à plus de 2 milliards de personnes. Cette vaccination de la population est accompagnée, dans tous les pays, de programmes très encadrés de suivi des vaccinés, qu’on appelle la phase de “pharmacovigilance”. En clair, chaque problème de santé rencontré par une personne vaccinée est signalé et analysé par les autorités de santé.
“Il y a des effets secondaires graves”
Le risque d’effets indésirables suite à l’injection de vaccins est bien connu, car on vaccine depuis le XIXe siècle. Et l’on sait que dans de rares cas, en fonction des vaccins, certaines personnes peuvent faire une réaction non souhaitée.
C’est à cela que servent les essais cliniques qui ont eu lieu en 2020: vérifier, auprès de milliers de volontaires, s’il n’y a pas de risque avéré. Ces essais n’ont trouvé aucun problème. Mais ils ne sont évidemment pas parfaits et peuvent passer à côté d’effets très, très rares, touchant par exemple un vacciné sur 100.000 ou sur un million.
Sauf qu’aujourd’hui, avec 2 milliards de personnes vaccinées, s’il devait y avoir des effets indésirables très rares, nous les aurions vus (plus de détails dans notre article dédié). Les thromboses d’AstraZeneca sont un bon exemple. Il était quasiment impossible de détecter ce risque statistiquement avec un essai sur des dizaines de milliers de personnes.
En effet, les cas graves (caillot dans les veines du cerveau) touchent très peu de personnes, environ 2,5 pour 100.000 vaccinés. Impossible à détecter dans un essai clinique sur quelques dizaines de milliers de personnes, mais l’alerte a très vite été donnée au début de la vaccination, début mars. Puis le vaccin a été interdit aux plus jeunes en France, un peu plus touchés par ces effets secondaires et parce que le rapport bénéfice-risque n’était plus positif pour eux.
De même, des cas de myocardite (qui n’ont pas entraîné de décès) ont été repérés chez les jeunes vaccinés avec Pfizer, mais dans des proportions faibles: 66 cas pour un million de vaccinés. Ou encore avec Janssen et le syndrome de Guillain Barré, pour 1 personne sur 128.000 (une maladie qui demande une hospitalisation, mais en général très bien soignée). On a également repéré récemment de rares cas de fuite capillaire avec AstraZeneca (1 cas pour 5 millions de doses). Les personnes ayant ce trouble ne peuvent donc plus recevoir ce vaccin en France, pour ne pas prendre de risque.
En clair, il y a des effets indésirables, mais ils sont bien connus, pris en compte par les professionnels de santé qui encadrent la vaccination. À l’inverse, les affirmations qui peuvent être vues sur les réseaux sociaux concernant un impact sur la fertilité, des risques d’AVC ne sont que des rumeurs. Encore une fois, les vaccins sont les médicaments les plus scrutés du monde, et ceux contre le Covid-19 encore plus. S’il y a des problèmes, les scientifiques et médecins les ont certainement trouvés ou vont les découvrir.
“Il y a un risque inconnu à long terme”
Pour autant, tout cela est très récent. Et si les essais cliniques ont commencé il y a près d’un an, la vaccination de masse, non. N’y a-t-il donc pas un risque de voir des effets rares et à long terme émerger? L’histoire des vaccins permet d’y voir plus clair.
L’hôpital pour enfants de Philadelphie a répertorié les principaux cas d’effets indésirables rares, mais graves, qui sont apparus après le début d’une campagne de vaccination: polio, fièvre jaune, grippe, rougeole… Les cas sont bien connus, car les vaccins sont les médicaments les plus surveillés au monde.
Résultat: à chaque fois, l’effet indésirable se développe dans les 2 mois qui suivent l’injection de la 1ère dose. Certains effets ont été mis en lumière plus tard, mais les symptômes apparaissent toujours moins de 8 semaines après l’injection du vaccin.
Il y a deux mois, à la mi-mai, 700 millions de personnes avaient déjà reçu une 1ère dose. Et comme on l’a vu, ces injections ont permis de découvrir quelques effets indésirables très rares. D’ailleurs, ceux touchant les jeunes, comme la myocardite, ont été découverts plus récemment, car les vaccins ont au départ été réservés aux personnes âgées.
Si jamais des effets indésirables sont révélés dans le futur, ce sera certainement des problèmes qui ont eu lieu dans les 2 mois suivant l’injection, mais qui n’ont pas tout de suite été identifiés. Soit parce qu’ils sont très rares, peu graves et touchent des populations encore peu vaccinées.
“Je n’ai aucun risque face au Covid-19, pourquoi me faire vacciner?”
Les effets indésirables sont donc très encadrés, très rares, mais ils existent. Comme les jeunes ont très peu de risque de décéder du Covid-19 (moins de 0,01%, selon les données scientifiques), pourquoi prendre le risque, même extrêmement faible, de se faire vacciner?
D’abord, il faut rappeler que tous les effets indésirables rares connus à ce jour liés aux vaccins touchent aussi les victimes de la maladie (sauf la narcolepsie provoquée par le vaccin contre le H1N1 en 2009).
C’est le cas aussi pour le Covid-19. Des chercheurs ont par exemple calculé que le risque de développer des caillots sanguins cérébraux en attrapant le coronavirus est bien plus élevé que via le vaccin AstraZeneca.
Ce serait en effet une erreur de croire que contracter le coronavirus sans avoir été vacciné est obligatoirement indolore. Certes, les risques de mourir du Covid-19 pour les jeunes sont très faibles. Mais les risques d’hospitalisation sont plus élevés. Il faut rajouter la possibilité de développer des effets secondaires (comme ceux découverts pour les vaccins), mais surtout une forme de Covid long, encore mal définie, mais qui peut avoir un impact handicapant sur des mois et représenter une part importante du bilan sanitaire final de cette pandémie.
Enfin, même sur du temps court, les symptômes du coronavirus sont tout sauf agréables: fièvre, fatigue intense, perte de goût et d’odorat. À l’inverse, les très rares effets secondaires du vaccin sont connus et encadrés.
“Le vaccin n’empêche pas la transmission”
Lors des 1ers résultats des essais cliniques, de nombreux scientifiques se demandaient effectivement si le vaccin bloquait la transmission (voir nos articles à ce sujet).
Alors si le vaccin empêche juste les formes sévères, mais permet de transmettre le coronavirus de manière asymptomatique, pourquoi se faire vacciner? Déjà, car si le vaccin sert à stopper le virus, il permet, comme dit plus haut, d’éviter toutes les formes graves ou longues du Covid-19.
Surtout, car de plus en plus de données scientifiques montrent que les vaccins sont efficaces pour bloquer la transmission du virus. Les essais cliniques de Moderna ont par exemple montré que le vaccin diminuait de deux tiers le risque d’être asymptomatique (en plus de réduire de 90% le risque de développer une forme symptomatique).
Depuis, au moins cinq études, notamment en Israël et aux États-Unis ont montré que les vaccins Pfizer, Moderna et AstraZeneca diminuaient le risque d’une forme asymptomatique, de 65% à 90% en fonction des études. Logique: avec le vaccin, vous avez quoi qu’il arrive moins de risque d’être infecté, rappelle sur Twitter Natalie Dean, professeure de biostatistique.
De plus, si l’on est malgré tout contaminé par le virus après avoir été vacciné (cela peut arriver, car les vaccins sont très efficaces, mais pas à 100%), il est probable que l’on soit malgré tout moins contaminant, notamment car la charge virale présente dans notre corps sera réduite. Ici, le consensus n’existe pas encore, car on manque de données. Des réponses devraient arriver dans les semaines ou mois à venir.
“Le vaccin n’est pas efficace contre les variants”
Alors même que l’humanité a réussi l’impossible en produisant des vaccins extrêmement efficaces à une vitesse encore jamais vue, l’émergence de variants de plus en plus contagieux fait craindre un ”échappement immunitaire”. En clair, que les vaccins ne fonctionnent pas contre des formes nouvelles du coronavirus.
C’est un fait que certains variants parmi les plus scrutés entraînent une diminution de l’efficacité du vaccin. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne marchent pas du tout.
Par exemple, une récente étude de l’Institut Pasteur a analysé l’efficacité des vaccins contre la souche originale du coronavirus, puis contre les variants alpha (britannique, dominant en France jusqu’à récemment) et Beta. Ce dernier, découvert en Afrique du Sud, est celui qui fait le plus craindre une baisse d’efficacité des vaccins, du fait d’un assemblage de mutations bien particulières.
Résultat: l’efficacité en France du vaccin Pfizer sur le virus d’origine est de 88% (proche des essais cliniques) et de 86% contre Alpha. Contre Beta, l’efficacité chute, mais reste très importante: 77%. Il faut se rappeler que pour qu’un vaccin soit approuvé par l’OMS, son efficacité doit être supérieure à 50%.
Quant au variant Delta, au cœur de la 4e vague, les 1ères données britanniques montrent que l’efficacité d’une vaccination incomplète (une dose) baisse fortement (elle passe de 50% à 30%), mais l’efficacité après avoir reçu sa deuxième dose reste très élevée: 88% pour Pfizer et 60% pour AstraZeneca.
Surtout, les vaccins sont efficaces à plus de 90% pour empêcher les formes graves et l’hospitalisation, y compris contre le variant Delta.
“Il n’y a pas de données sur les femmes enceintes”
Il est vrai que les 1ers essais cliniques n’ont pas incorporé de femmes enceintes et que la littérature scientifique est moins dense. Pour autant, encore une fois, des milliers de femmes enceintes ont depuis été vaccinées partout dans le monde et les effets indésirables ont été remontés et analysés, de même que l’efficacité des vaccins, rappelle l’Inserm.
En juin, l’Agence nationale de sureté du médicament (ANSM) a analysé 74 cas d’effets indésirables après une vaccination de femme enceinte. Aucun risque lié à la vaccination n’a été identifié. Il y a eu des problèmes, comme des fausses couches, mais dans les mêmes proportions que ce qui arrive sans vaccin.
Le conseil d’orientation vaccinal rappelle que du côté du Covid-19, il y a un sur-risque prouvé de développer une forme grave pour les femmes enceintes. D’où la recommandation de se faire vacciner, même enceinte. Mais à partir du 2e trimestre. Aucun événement spécifique n’a été identifié, ni lors du 1er trimestre ni à un autre moment.
Pour autant, on sait que les 3 1ers mois sont les plus risqués dans une grossesse en général, notamment car c’est le moment où se forment les organes (organogénèse). Le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes conseille ainsi explicitement aux soignants de vacciner les femmes enceintes “entre 10 et 20 semaines d’aménorrhée, c’est à dire après la fin de l’organogenèse et suffisamment tôt pour que la femme enceinte soit protégée au 3ème trimestre”.
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