Covid: le variant sud-africain peut-il s'imposer face au variant anglais?

SCIENCE - Un mal pour un bien? Lundi 8 février, Jonathan Van-Tam, directeur médical adjoint pour l’Angleterre, a estimé que le variant sud-africain du coronavirus, 501Y.V2, avait peu de chance de s’imposer au Royaume-Uni.Mardi 9 février, Olivier...

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Le variant du coronavirus découvert en Afrique du Sud est soupçonné de diminuer l'efficacité de l'immunité et de certains vaccins.

SCIENCE - Un mal pour un bien? Lundi 8 février, Jonathan Van-Tam, directeur médical adjoint pour l’Angleterre, a estimé que le variant sud-africain du coronavirus, 501Y.V2, avait peu de chance de s’imposer au Royaume-Uni.

Mardi 9 février, Olivier Véran a de son côté rappelé sur FranceInfo qu’“aujourd’hui 99% des souches virales qui circulent en France métropolitaine ne correspondent pas au variant sud-africain”. 

Des déclarations des deux côtés de la Manche qui ont pour but de dédramatiser l’inquiétude née de la suspension du vaccin d’AstraZeneca en Afrique du Sud, après qu’une étude a révélé une efficacité “limitée” du vaccin contre les formes modérées de Covid-19 dues au variant 50Y.V2.

Pourquoi Jonathan Van-Tam estime-t-il que le variant sud-africain ne représente pas une menace immédiate? “Les premières données” sur la variante sud-africaine “ne suggèrent pas que la variante sud-africaine ait un avantage distinct en matière de transmissibilité”, a-t-il expliqué selon nos confrères du HuffPost UK. “C’est pourquoi il n’y a aucune raison de penser que la variante sud-africaine rattrapera son retard et dépassera notre virus actuel dans les prochains mois”. 

Une transmission encore floue

Le “virus actuel” évoqué par le chercheur britannique fait ici référence au variant découvert en Angleterre, 501Y.V1, qui s’impose petit à petit en France. Il est responsable, selon les derniers chiffres de Santé Publique France, de 14% des contaminations dans l’Hexagone.

Le fait que le variant V2 ne s’impose pas face au V1 serait une bonne nouvelle, mais les choses sont encore floues et il ne faut pas pécher par excès d’optimisme.

Il est en effet quasiment certain aujourd’hui que le coronavirus V1 (le variant anglais) est plus contaminant que les versions précédentes. Reste à savoir de combien. Plusieurs études évoquent des chiffres variés, de 35% à 75% de hausse de la transmission. Il est donc logique qu’il s’impose dans un territoire par rapport au Sars-Cov2 “classique”. Ce qui fait peser un risque de nouvelle vague.

Concernant V2, le variant sud-africain, les choses sont plus floues. Une étude qui a analysé la courbe de progression de cette version du coronavirus en Afrique du Sud estime qu’il semble environ 50% plus contaminant. Mais les données sont bien plus partielles que pour le variant anglais.

Si les deux nouvelles versions du Sars-Cov2 sont à peu près aussi contaminantes, pourquoi V1 semble-t-il s’imposer plus vite que V2 en Europe? Cela peut être dû au fait que la version apparue en Angleterre a plus facilement eu accès aux territoires européens, vu les échanges plus importants entre les pays de l’UE et le Royaume-Uni. Et une fois le variant anglais dominant, la version venue d’Afrique du Sud n’aurait donc pas de raison de s’imposer par-dessus.

Un risque à long terme?

Mais, encore une fois, la hausse de transmissibilité exacte de V1 et V2 est encore très floue. Il est possible que le variant sud-africain soit finalement un peu plus contaminant et finisse donc par s’imposer. Il est également possible que ce soit l’inverse... et ce ne serait pas spécialement une bonne nouvelle.

Dans leurs travaux, les chercheurs qui ont tablé sur une hausse de contagiosité de 50% se sont aussi demandé comment 501Y.V2 aurait pu s’imposer en Afrique du Sud sans être plus contaminant. Dans ce cas de figure, il faudrait que ce variant échappe en partie à l’immunité. En clair, qu’il arrive à infecter une partie de la population qui a déjà été contaminée par le coronavirus et a normalement développé des anticorps. Ce ne serait pas illogique, étant donné que l’Afrique du Sud a déjà été fortement touchée par l’épidémie de Covid-19.

Résultat du modèle: si V2 n’est pas plus contaminant, alors il faudrait qu’il réussisse à ignorer 21% de l’immunité acquise. Ces calculs vont dans le même sens que des études en laboratoire montrant que ce variant est moins impacté par les anticorps classiques dirigés contre le coronavirus.

Dans ce scénario, V2 ne s’imposerait pas face à V1... jusqu’à un certain point.  L’immunologiste Kristian Andersen explique sur Twitter que dans ce cas, “un haut niveau d’immunité [dans la population, NDLR] pourrait aider” le variant 501Y.V2 à rapidement s’imposer dans un pays.

En clair, si le variant sud africain V2 ne s’impose pas rapidement, c’est une bonne nouvelle à court terme. Mais cela pourrait poser problème à plus long terme, une fois qu’une grande partie de la population aura été touchée par la maladie et donc théoriquement immunisée. La bonne nouvelle, c’est que les vaccins protègent tout de même en partie contre ce variant. Pour Pfizer et Moderna, l’efficacité semble toujours assez élevée.

Et de manière générale, précise Kristan Andersen, malgré le risque posé par le variant sud-africain, il ne faut surtout pas se dire que la vaccination doit ralentir. Même si les vaccins étaient moins efficaces, ils le sont quand même en partie. Il faut donc vacciner le plus massivement possible et se tenir prêt à adapter les vaccins face au risque posé par des variants échappant à l’immunité. 

À voir également sur Le HuffPost: Comprendre les mutations du coronavirus en 2 minutes