Covid: les vaccinodromes, un temps écartés, pourraient bien faire leur come-back

CORONAVIRUS - Des centres de vaccination à la hauteur des enjeux? La campagne de vaccination contre le Covid-19 a connu un coup d’accélérateur ce week-end. Après que 135.000 doses supplémentaires de vaccin ont été envoyées dans la vingtaine...

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Des gens attendant de se faire vacciner le Parc des expositions de Nice ce samedi 6 mars 2021.

CORONAVIRUS - Des centres de vaccination à la hauteur des enjeux? La campagne de vaccination contre le Covid-19 a connu un coup d’accélérateur ce week-end. Après que 135.000 doses supplémentaires de vaccin ont été envoyées dans la vingtaine de départements les plus touchés, des dizaines de centres de vaccinations, pour certains massifs, ont ouvert un peu partout en France samedi et dimanche. 

Trois vaccinodromes ont enchaîné les injections dans le Pas-de-Calais, tout comme le Parc des expositions de Nice, ou au stade Ernest-Wallon de Toulouse. Et ce sera bientôt le cas au Vélodrome de Marseille, a promis Michèle Rubirola.  Dans la soirée de samedi, le ministre de la Santé Olivier Véran se félicitait que 220.000 Français aient été vaccinés sur la journée, soi “plus du double de samedi dernier”.  De quoi faire sauter une digue stratégique?

Réticence et mauvais souvenir

Lors du lancement de la vaccination en France, Olivier Véran s’était montré particulièrement opposé aux “vaccinodromes”, ces centres géants où on vaccine à tour de bras, préférant multiplier les centaines de petits et moyens centres de vaccination sur le territoire. Face aux sénateurs mi-décembre, avant le début de la campagne de vaccination, le ministre avait justifié cette stratégie en insistant sur l’importance du lien de confiance, alors que l’exécutif appréhendait particulièrement la défiance de la population au vaccin.

Quelques semaines après, et en dépit des exemples israéliens et allemands brandis par les partisans des vaccinodromes, Olivier Véran rappelait également l’échec des dispositifs similaires au moment de la grippe H1N1 en 2010. “On avait essayé en France, et ça n’avait pas marché”, disait-il sur France2. À l’époque, seulement 5,35 millions de Français s’étaient présentés pour une vaccination et l’opération avait coûté 1,5 milliard d’euros. Le ministre, appuyé notamment par la Haute Autorité de santé, s’était encore dit réticent à l’idée d’envoyer des personnes fragiles, attendre des heures en plein hiver, pour se faire vacciner. 

À cela s’ajoutaient également des considérations logistiques, puisque seul le vaccin PfizerBioNtech (qui doit être conservé dans des super-congélateurs) était alors disponible, ainsi que soucis de quantités de doses, soulevées notamment par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).

Enfin, des problèmes de ressources humaines avaient également été pointés du doigt dans certains cas, comme en Franche-Comté. L’ARS avait refusé l’ouverture d’un vaccinodrome à  Valentigney dans le Pays de Montbéliard, évoquant notamment “un coût en termes d’occupation de salles et de personnels mobilisés pour faire fonctionner ces centres, que ce soit au niveau des postes administratifs ou médicaux”.

Plus de vaccins, élargissement du public

Mais en deux mois, la situation a grandement évolué. Deux nouveaux vaccins ont été approuvés, le Moderna et l’AstraZeneca, dont 400.000 doses initialement dédiées aux personnels soignants vont être redistribuées en France. Surtout, la campagne de vaccination s’est élargie à de nouvelles tranches de la population, même si ses lenteurs sont toujours critiquées.

De quoi faire changer d’avis le gouvernement alors que pour le moment moins de 6 millions de Français ont reçu une injection? En déplacement ce dimanche à Béthune, Olivier Véran n’a pas précisé si les vaccinodromes ouverts ce week-end le demeureraient les prochaines semaines. Mais il a toutefois suggéré des évolutions, rappelant au passage que les livraisons allaient augmenter ces prochaines semaines.

“Les livraisons de vaccins augmentent dans notre pays (...) et elles augmenteront encore et encore, semaine après semaine. Pour atteindre en avril parfois des x5,x6, en termes de quantité par rapport à ce que nous avions il y a quelques semaines. Cela nécessite d’augmenter les centres, leurs tailles, les lignes de vaccination, d’augmenter le nombre de centres”, a-t-il déclaré avant de pointer le rôle des collectivités locales pour adapter les centres aux livraisons. 

Selon Le JDD, le gouvernement n’exclut plus complètement l’option des vaccinodromes, même s’il se refuse encore à employer ce terme. Ainsi, dans la foulée d’Olivier Véran, Alain Fisher, le “Monsieur vaccination” de l’exécutif, explique qu’une réflexion est en cours sur “leur taille”. Contacté également par l’hebdomadaire, le ministère de la Santé assure enfin que “l’option des vaccinodromes n’avait jamais été écartée mais, jusqu’à présent, nous avions des approvisionnements limités pour un public fragile et restreint. Quand on aura passé le cap du million de doses livrées par semaine, il faudra multiplier les canaux et redimensionner les centres de vaccination.”

Avant de franchir éventuellement ce Rubicon, le gouvernement a autorisé la vaccination dans les pharmacies ”à compter de la semaine du 15 mars” pour “les personnes ayant plus de 50 ans et présentant une comorbidité”,

De quoi aller encore un peu plus vers les objectifs que s’est fixés le gouvernement. Si Olivier Véran plaidait pour une vaccination de tous les Français à la fin de l’été, le Premier ministre Jean Castex a plutôt tablé cette semaine en conférence de presse sur le chiffre de 30 millions. 

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