Covid: où sont les videurs des discothèques fermées depuis un an?
CORONAVIRUS - Sueur, oreilles qui bourdonnent et effluves d’alcool: un cocktail désormais disparu. À cause de la pandémie de Covid-19 depuis un an, plus aucune boîte de nuit, discothèque ou club ne fait résonner ses basses, entraînant dans...
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CORONAVIRUS - Sueur, oreilles qui bourdonnent et effluves d’alcool: un cocktail désormais disparu. À cause de la pandémie de Covid-19 depuis un an, plus aucune boîte de nuit, discothèque ou club ne fait résonner ses basses, entraînant dans la précarité tout un secteur de l’évènementiel et de la culture. En la matière, les chiffres des organisations syndicales diffèrent mais ne permettent guère de retrouver un semblant d’ambiance. Selon l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih), sur les 1600 clubs en France, 131 ont été placés en liquidation judiciaire en 2020, et même 250 selon le Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs.
Derrière ces chiffres, ce sont aussi des salariés et employés qui se retrouvent projetés dans une forme de précarité à l’instar des DJ et des barmans, mais aussi des agents de propreté et des videurs. Selon Thierry Fontaine, président national de la branche nuit de l’Umih, contacté par Le HuffPost: “Le nombre d’agents de sécurité dans les boîtes de nuit et assimilés - c’est-à-dire bars dansants exclus- se chiffre entre 23.000 et 30.000 en France. Dans cet ensemble, il faut comprendre que deux tiers de ces agents sont des salariés d’entreprises de sécurité à qui les clubs sous-traitent. Le tiers restant est directement employé par les discothèques”.
Un équilibre fragilisé
Dans ce secteur, le travail de sécurité ou de portier en discothèque est souvent un deuxième emploi cumulé avec un autre et permet donc d’apporter un complément de salaire. “En sécurité, on peut faire des vacations de 12h, il suffit que la personne ait fait lundi, mardi, mercredi, elle a donc le temps de faire autre chose le reste de la semaine. Chez moi j’ai eu des gens qui étaient à l’usine la semaine et qui faisaient de la sécurité le week-end”, détaille Christian Bailly, patron d’ APRS, une entreprise de sécurité dans le Sud-Ouest, contacté par Le HuffPost.
Un équilibre entre deux emplois qui peut toutefois se révéler dramatique dans le contexte actuel, rappelle, Aurélien Dubois, de la Chambre syndicale des lieux musicaux, festifs et nocturnes (CSLMF), joint également par Le HuffPost: “Dans la sécurité, les gens ne sont pas forcément hyper bien payés, avec des contrats qui peuvent être précaires. En club, vous aviez souvent des gens qui faisaient un mi-temps en faisant par exemple la sécurité dans un club et le barman dans un autre établissement. Aujourd’hui ce sont des gens qui peuvent se retrouver complètement au chômage”.
Des salariés difficiles à recaser
D’autant que les compétences des physionomistes ou des agents de sécurité sont de plus en plus professionnelles et donc plus difficiles à réutiliser ailleurs. “Depuis que les cartes professionnelles sont obligatoires, il y a une vraie professionnalisation du métier, c’est fini le type désagréable et violent qui aboie à l’entrée. Du coup on est montés en compétences, mais elles ne sont pas forcément faciles à redispatcher dans d’autres secteurs”, explique Thierry Fontaine. Aurélien Dubois abonde: “aujourd’hui la sécurisation d’un établissement passe beaucoup plus par la parole et la dissuasion. Les agents sont aussi formés pour veiller au respect de ‘l’ambiance’ et dans ce contexte toute énergie violente est nuisible”.
Avec l’arrêt des concerts, la fermeture des surfaces commerciales de plus de 10.000 mètres carrés dans certains départements, et des hôtels qui ne tournent pas à plein régime faute de tourisme, les contrats se réduisent.
Les salariés qui sont en CDI peuvent évidemment bénéficier du chômage partiel, mais au bout d’un an, pour certaines entreprises, c’est un goulet d’étranglement, y compris pour les entreprises de sécurité. “Un employé au chômage partiel c’est encore 15% de charges pour les entreprises. Il faut compter les congés payés, la mutuelle, la réalisation des fiches de paie... Quand on parlait de fermeture de trois mois, ça allait, mais au bout d’un an avec des fonds de commerce réduits à néant, ce sont des frais qui pèsent. Les sociétés de sécurité comme les clubs, sont impactés et doivent à un moment se séparer d’employés”, détaille Thierry Fontaine.
Christian Bailly confirme à cet égard, qu’il est passé d’un réseau de 50 agents de sécurité avant le Covid, à des contrats où il n’a besoin que de quatre personnes: “J’essaye évidemment de faire tourner le planning pour que tout le monde puisse bosser un peu”.
La crainte de la réouverture
Face à ce fragile équilibre, Aurélien Dubois n’hésite plus à parler d’un secteur en déliquescence dont les compétences risquent de manquer lors de la réouverture. “La question c’est de moins en moins ‘quand’, mais ‘comment’ ou ‘si’ on pourra rouvrir. Depuis un an, il y a aussi des gens qui ont décidé d’aller faire autre chose et qui ne reviendront pas parce qu’ils auront trouvé un nouvel équilibre. En matière de sécurité, c’est un vrai risque de perte de compétence qui va nécessiter du temps pour retrouver des personnes qualifiées et formées à nos espaces”, explique-t-il.
C’est également une crainte partagée par Thierry Fontaine. Celui qui est également patron de clubs et de restaurants à Lyon craint une réouverture en forme d’exutoire qui nécessitera des garde-fous. “Je pense qu’il y a 30 à 50% d’employés qu’on ne retrouvera pas. C’est un problème qui sera durable, il faudra 5-6 années pour se remettre complètement de la crise. Résultat, vous allez retrouver les portiers violents d’il y a 15 ans. A la réouverture, on va enlever la soupape avec tous les comportements dangereux que ça implique alors que c’est le moment où on aura le plus besoin de personnels compétents. C’est une vraie inquiétude et ça reste difficile à anticiper. Les gens vont vouloir se mettre à poil sur le bar et ça va être sport”, abonde-t-il.
Si pour le moment, aucune date de réouverture n’a été évoquée, le gouvernement travaille néanmoins à un “plan discothèques” pour fin mars, ont annoncé lundi les organisations patronales de l’hôtellerie-restauration.
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