Covid: pourquoi Véran ne refuse plus les vaccinodromes
POLITIQUE - Après le coup d’accélérateur ou la montée en puissance, voici le “changement de dimension.” En visite à Valenciennes, dans le Nord, ce mardi 23 mars au matin, Emmanuel Macron a voulu mettre en scène une nouvelle étape du déploiement...
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POLITIQUE - Après le coup d’accélérateur ou la montée en puissance, voici le “changement de dimension.” En visite à Valenciennes, dans le Nord, ce mardi 23 mars au matin, Emmanuel Macron a voulu mettre en scène une nouvelle étape du déploiement de la campagne vaccinale sur le territoire.
Une stratégie qui va désormais s’appuyer sur de “grands centres de vaccination”, selon la formule utilisée par le ministère de la Santé pour qualifier ces “vaccinodromes” gérés par les pompiers et l’armée. Le but: contribuer à remplir les objectifs fixés par le gouvernent, 10 millions de personnes protégées à la mi-avril, 20 millions à la mi-mai et 30 à la mi-juin, alors que la France -et l’Europe- souffre toujours de la comparaison avec certains de ses voisins.
Au total, les autorités ont donc prévu 35 structures de ce genre, au Stade de France, en Seine-Saint-Denis par exemple, pour une “deuxième phase de vaccination plus massive”, selon la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher. Des mots et une stratégie qui tranchent avec ce que disait le ministre de la Santé, Olivier Véran jusqu’à présent.
Ce que disait Olivier Véran
Interrogé à plusieurs reprises sur la possibilité d’ouvrir ces vaccinodromes, comme l’a fait l’Allemagne dès les premières doses reçues, Olivier Véran a longtemps dit son hostilité à ces grands complexes. Le 29 décembre dernier, par exemple, le ministre vantait sa stratégie “de proximité” malgré la pluie de critiques sur le lancement de la campagne vaccinale, jugée “ratée.”
“Les Allemands ont fait un choix, ils ont mis en place de grands vaccinodromes. (...) Nous avons fait en France un autre choix, que je revendique, qui est de s’appuyer sur les médecins, sur les professionnels de santé et de vacciner les personnes âgées en Ehpad et non de les faire se déplacer par exemple”, faisait-il valoir au journal télévisé de France 2, en expliquant, par ailleurs, que ce genre de dispositif “déjà essayé en France” n’avait “pas marché”.
Une référence au fiasco de 2009, lorsque les grands centres mis en place par la ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot, pour immuniser les Français contre la grippe H1N1, étaient restés désespérément vides.
Autres raisons invoquées par Olivier Véran au fil de ses interventions: l’hiver, les files d’attente ou le manque de doses. “La ruralité est au coeur de nos préoccupations, c’est pourquoi j’ai fait le choix de ne pas développer de grands gymnases, de grands stades de foot mais de privilégier les centres de vaccination en partenariat avec des élus”, disait-il le 12 janvier à l’Assemblée nationale, une dizaine de jours après un déplacement à l’hôpital parisien de l’Hôtel-Dieu au cours duquel il expliquait déjà ne pas être “du tout certain” que la vaccination “doive prendre la forme de grands stades, dans lesquels viendraient faire la queue des milliers de personnes en plein hiver.”
Olivier Véran n'est pas en faveur de "grands stades dans lesquels des milliers de personnes viendraient faire la queue en plein hiver" pour se faire vacciner pic.twitter.com/mrqIoxH4ps
— BFMTV (@BFMTV) January 4, 2021
Ce qu’il dit maintenant
Mais depuis, les choses ont changé, le printemps est arrivé. Et les sérums aussi? Alors que 6,35 millions de personnes en France ont reçu au moins une piqûre, le président de la République a en tout cas promis, ce mardi, que la France allait “se battre pour avoir des doses” en mettant “la pression de manière extrêmement forte” sur le laboratoire AstraZeneca pour qu’il “honore” les contrats. “On va changer de dimension à partir d’avril”, a même fini par lâcher Emmanuel Macron en évoquant les prochaines livraisons mais aussi l’arrivée du sérum Johnson & Johnson le mois prochain.
Et les vaccinodromes seront donc de la partie. Olivier Véran a d’ailleurs expliqué, lundi 22 mars, aux députés qu’il n’avait “jamais eu de religion anti-vaccinodrome.” Pour lui, à ce stade de la campagne, les personnes âgées étant massivement immunisées, les grandes structures sont désormais “complémentaires” de celles aux tailles plus modestes déjà mises en place sur le territoire.
“Le principe que j’ai soutenu et que je revendique c’était celui de ne pas sacrifier la proximité sur l’autel de l’efficacité. Certains pays ont fait le choix d’avoir 40 centres de vaccination. Des personnes âgées, octogénaires doivent réaliser parfois deux heures de transport, attendre deux heures dans le froid de l’hiver, avant d’entrer dans un vaccinodrome. Nous avons considéré que pour vacciner une population âgée, souvent isolée chez elle, avoir plus de 1000 centres était un gage de proximité”, s’est défendu le ministre de la Santé, face aux critiques de l’opposition, ajoutant, comme justification à ce changement de pied: “parce que les livraisons vont augmenter massivement, nous allons, en plus de cela, déployer de grands centres capables de vacciner plusieurs milliers de personnes par jour.”
Un énième coup d’accélérateur -affiché- qui se veut donc global sur le front des injections alors que les indicateurs sanitaires s’emballent à nouveau dans les hôpitaux. “Il n’y a pas de week-end et de jours fériés pour la vaccination” qui est “le coeur de la bataille”, a encore insisté Emmanuel Macron, ce mardi, toujours depuis Valenciennes. Dans cette optique, le chef de l’État a demandé d’élargir la cible à tous les plus de 70 ans à partir de la fin de la semaine et en avril aux enseignants. Il a également annoncé la mise en service d’un nouveau numéro de téléphone pour les séniors n’ayant pas encore de rendez-vous.
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