Crise au Refuge: enquête pour "viol" et "harcèlement sexuel"
ENQUÊTE - Le Refuge est dans la tourmente. Quelques jours après la démission du président Nicolas Noguier et du directeur général Frédéric Gal de cette fondation venant en aide aux jeunes LGBT+ rejetés par leurs familles, le procureur de la...
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ENQUÊTE - Le Refuge est dans la tourmente. Quelques jours après la démission du président Nicolas Noguier et du directeur général Frédéric Gal de cette fondation venant en aide aux jeunes LGBT+ rejetés par leurs familles, le procureur de la République de Montpellier Fabrice Bélargent a annoncé ce jeudi 25 février au HuffPost l’ouverture d’une enquête préliminaire pour “viol” et harcèlement sexuel”, confirmant une information de Mediapart.
L’enquête a été ouverte après des signalements envoyés par la secrétaire générale de la Fondation et reçus le 15 février dernier par le parquet de Montpellier, nous confirme le procureur. Selon cette même source, l’un de ces signalements concerne un viol présumé commis sur un jeune hébergé dans la chambre d’un appartement du Refuge.
“La victime aurait à l’époque été incitée à déposer plainte par des membres du Refuge qui se seraient par ailleurs abstenus de signaler eux-mêmes les faits”, précise Mediapart.
Un autre signalement concerne notamment “l’envoi de photographies intimes imputés à un dirigeant de la fondation”. Selon nos informations, il viserait un échange de SMS à caractère sexuel entre Nicolas Noguier, le président démissionnaire de la fondation, et un jeune homme.
Un audit au vitriol
Ces signalements sont issus d’une note du cabinet BCG (Boston Consulting Group) ayant rendu un audit indépendant, publié jeudi 18 février, et qui pointe des “dysfonctionnements structurels (...) imposant une réaction forte et urgente”.
L’audit au vitriol détaille sur 38 pages les dérives de cette “fondation en forte croissance”, qui “occupe un positionnement unique dans le paysage associatif français”, avec sa ligne d’urgence dédiée aux jeunes LGBT en rupture familiale et ses solutions d’hébergement dans une grande partie de la France.
Le document étrille notamment son “fonctionnement totalement artisanal”, reposant sur “des communications informelles, des relations interpersonnelles et une concentration des prises de décisions sur quelques acteurs”.
“Les dysfonctionnements observés au sein de la Fondation Le Refuge sont graves”, avait réagi vendredi 19 février sur Twitter la ministre déléguée chargée de l’Egalité, Elisabeth Moreno, en insistant sur l’“exemplarité” imposée par sa mission et en prenant acte de cette démission.
Les dysfonctionnements observés au sein de la Fondation @lerefuge sont graves.
— Élisabeth Moreno (@1ElisaMoreno) February 18, 2021
Je prends acte de la démission de sa direction.
La vocation de cette fondation, qui accueille les jeunes LGBT+ rejetés par leur cercle familial, impose une exemplarité qui a été entachée.
La fondation, qui a accompagné 474 jeunes en 2019, était au centre d’une polémique depuis décembre et des révélations de Mediapartqui reprochait à sa direction un fonctionnement quasi-sectaire et un management agressif.
Un rappel à la loi en 2007
Cette enquête dénonçait un “management par la terreur” envers salariés et bénévoles, qui se disaient “broyés”, “usés” ou “humiliés” par une direction qu’il “faut aduler”. Selon plusieurs témoignages, Nicolas Noguier se faisait appeler “papa” par les jeunes et aurait fréquemment donné des “câlins” et des ”étreintes”.
On y apprenait également que l’ancien président de la fondation avait écopé d’un rappel à la loi en 2007 après des ”échanges à caractère sexuel inappropriés avec un individu.
Suite à la publication de l’audit du cabinet BCG, le conseil d’administration du Refuge avait notamment annoncé vouloir mutualiser sa ligne d’écoute avec d’autres associations LGBT, la nomination d’un médiateur et une nouvelle charte du droit à l’image au sein de l’organisation.
Pour ce qui est de l’enquête, “elle a vocation à s’inscrire dans la durée”, assure au HuffPost le procureur, qui précise qu’il n’y a pas “d’actes”, telles que des gardes à vue, des auditions ou encore des perquisitions, ”à attendre dans les prochains jours”.
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