”Cruella” : le plus regardable des films en live action de Disney

Les récentes adaptations en prises de vues réelles des classiques Disney ont jusqu’ici surtout frappé par leur inanité. Depuis qu’Alice au Pays des merveilles a lancé la mode en 2010, aucun des titres sortis par le studio (Maléfique, Cendrillon,...

”Cruella” : le plus regardable des films en live action de Disney

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Les récentes adaptations en prises de vues réelles des classiques Disney ont jusqu’ici surtout frappé par leur inanité. Depuis qu’Alice au Pays des merveilles a lancé la mode en 2010, aucun des titres sortis par le studio (Maléfique, Cendrillon, La Belle et la bête, Dumbo, Aladdin, Le Roi lion, Mulan…) n’a présenté plus qu’un intérêt anecdotique, la féerie s’affadissant dans de lisses transpositions d’où ressortent, parfois, une idée ou deux. Or Cruella, sans être un chef-d’œuvre, pourrait bien être le meilleur live action de la firme aux grandes oreilles.

Pas un remake

C’est aussi, de loin, le meilleur film de Craig Gillespie, cinéaste médiocre jouissant d’une réputation usurpée d’auteur caustique, grâce à sa touche de petit malin appliquée à des projets variés (Une fiancée pas comme les autres en 2007, Fright Night en 2011, Moi, Tonya en 2017). Porté ici par une direction artistique de haut vol, il remise son habituel regard en coin et plonge sans manière dans la matière de son monde sous cloche. Ce monde, en l’occurrence, est celui des 101 Dalmatiens, auquel le studio Disney avait déjà donné vie en 1961 (en adaptant le roman de Dodie Smith, sorti 5 ans plus tôt) puis, en 1996, en prises de vues réelles déjà, avec Glenn Close dans le rôle de la méchante Cruella d’Enfer. Il ne s’agit toutefois pas ici d’un remake : plutôt d’une origin story sur la jeunesse de la plus charismatique des tueuses de chiots.

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Le film démarre par un laborieux prologue, censé camper l’enfance de l’héroïne – et sa scène primitive, l’assassinat de sa mère par 3 féroces dalmatiens – dans l’Angleterre rigide, quasi dickensienne, des années 1960. Mais il s’enflamme, sitôt la jeune fille entrée dans l’âge adulte, dans le Londres bouillonnant de la fin des seventies. Emma Stone l’interprète avec un génie qui n’appartient qu’à elle et qui culmine lors d’un monologue final, en plan-séquence, où elle parvient, par la seule subtilité de son jeu, à faire accepter un coup de force scénaristique : la réunion des deux facettes de sa fashionista à crinière bicolore.

Tout en dichotomie

Tout le film repose sur cette dichotomie un peu schématique mais très efficace entre la bonne Estella et la mauvaise Cruella qui, tantôt brave, tantôt vacharde, affublée de ses deux sidekicks (sortes de Laurel et Hardy mods), doit se frayer un chemin dans l’impitoyable milieu du chic londonien, dominé par la Baronne (Emma Thompson, imitant de façon convaincante Meryl Streep dans Le Diable s’habille en Prada, avec à ses côtés Stanley Tucci reprenant presque à l’identique son rôle de sous-fifre), et d’y devenir une simili-Vivienne Westwood.

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Assumant de réaliser un film juke-box, Gillespie enchaîne les scènes clippées avec une vitalité réjouissante et un sens assuré (quoique sans risque) de la playlist. Les Stones, les Stooges, les Zombies, Supertramp, les Bee Gees, Deep Purple, ELO, Queen, Bowie ou encore Brigitte Fontaine composent ainsi la BO impeccable du film, dont l’énergie gentiment punk (c’est-à-dire passée au tamis Disney, n’exagérons rien) permet de recouvrir les quelques petits défauts.

Cruella de Craig Gillespie. Avec Emma Stone, Emma Thompson, Paul Walter Hauser (É.-U., 2021, 2 h 14).  En salle le 23 juin.