Cut techniciennes aux JO de Tokyo, une grande 1ère
Elles ont marqué l’histoire de la boxe pendant les JO de Tokyo. Une Française et une Nigériane sont devenues les 1ères cut techniciennes participant à des Jeux Olympiques. Quelle est cette mission ? Rencontre et explications avec les deux concernées....
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Elles ont marqué l’histoire de la boxe pendant les JO de Tokyo. Une Française et une Nigériane sont devenues les 1ères cut techniciennes participant à des Jeux Olympiques. Quelle est cette mission ? Rencontre et explications avec les deux concernées.
Dans le coin rouge, Marie-Pierre Barthe Sadran, hôtesse de l’air pour une grande compagnie française. Dans le coin bleu, Adeoti Mosunmola Yinka, officier à la sécurité nationale nigériane. Au Japon, elles n’ont pas eu à enfiler les gants mais elles ont pris soin des autres en devenant les 1ères cut techniciennes participant aux Jeux Olympiques. « Le cutman ou la cutwoman c’est la personne qui va faire les bandages des boxeurs et boxeuses[1]. Ensuite on les certifie [2]et on les signe. Une personne qui ne passe pas entre nos mains ne monte pas sur le ring. Sur ces Jeux Olympiques on ne traite pas les plaies des boxeurs. Mais sur d’autres compétitions on est dans le coin accompagné(e)s de l’entraîneur et on gère les plaies, les hématomes, les saignements pendant la minute de repos», décrit la 1ère. A la fin de la journée, il faut aussi découper les bandages des boxeurs et les revérifier. Près de 280 combattants et combattantes sont passées entre leurs mains pendant les 15 jours de compétition. Charge à elles aussi du bon déroulement dans la salle d’échauffement de 9h à 22h.
« La plus belle expérience de ma vie »
Les cut technicien.ne.s ont été intronisés aux JO à Rio en 2016. « L’AIBA, organisation mondiale de boxe, s’est aperçue que les boxeurs, même amateurs, devaient monter sur le ring avec des bandages professionnels parce que ça leur protégeait les mains. Ils ont de nombreux combats. C’est donc devenu obligatoire », explique Marie-Pierre Barthe Sadran après avoir vu passer leur nombre de 4 à 2 entre le Brésil et le Japon.
Pour arriver à Tokyo, la Française de 55 ans, maman de 2 enfants, arbitre nationale, entraîneure de kickboxing et vingt ans d’expérience en pieds poings, a suivi une formation auprès de Joseph Clifford, célèbre cutman irlandais, en 2018. Pareil pour Adeoti Mosunmola Yinka, 38 ans, également mère de 2 enfants, coach dans son propre club de boxe au Nigéria et pour l’équipe nationale. La Nigériane a ensuite participé aux Jeux Africains au Maroc puis à ceux du Commonwealth. Marie-Pierre Barthe Sadran, elle, a connu sa 1ère expérience aux qualifications européennes pour les Jeux Olympiques. Les deux femmes ont ensuite été recommandées par leur instructeur, intégrées à une liste de huit finalistes et sélectionnées par la Boxing Task Force [3]pour l’aventure au Japon. « La plus belle expérience de ma vie », répète Adeoti Mosunmola Yinka avec des étoiles dans les yeux qu’on devine à l’autre bout du fil.
« Il faut des professionnels qui vous disent comment faire »
Fortes de leur expérience olympique, les pionnières tirent deux leçons. La 1ère : un besoin de formation pour de nombreux cut techniciens. « J’ai vu ici tellement de bandages mal faits par manque de connaissance. Moi-même j’ai dû attendre 4 ans pour être formée après avoir frappé à toutes les portes, envoyé des dizaines de mails etc. Je n’ai jamais reçu de réponse comme s’il ne fallait pas partager le savoir. Je suis donc partie me former en Irlande. Il y a beaucoup de gens qui s’improvisent et c’est là où le bât blesse. Pour la sécurité et l’hygiène, il faut des professionnels qui vous disent comment faire et en finir avec les vieux produits comme l’adrénaline. Dans de nombreux pays celle-ci est interdite d’utilisation par un personnel non médical, aujourd’hui il existe des produits naturels extrêmement efficaces», martèle Marie-Pierre Barthe Sadran. Deuxième leçon, résumée par Adeoti Mosunmola Yinka, féminiser le monde de la boxe : « On commence à avoir des cutmen en Afrique, il faut que les femmes y aillent aussi. La boxe reste un sport d’hommes encore plus en Afrique, je veux que les femmes africaines puissent accéder à cette fonction car il y beaucoup de compétitions et de compétitrices. Je veux aller voir les médias, en causer autour de moi. Il faut qu’on ait des supports, du sponsoring. Il faut promouvoir l’équité ».
[1]Pour les nations qui n’ont pas les moyens d’avoir un(e) cut technicien(ne)
[2]Pour les nations disposant d’un(e) cut technicien(ne)
[3]La Boxing Tasq Force a remplacé l’IBA pour la gestion de la boxe aux Jeux Olympiques
L’article Cut techniciennes aux JO de Tokyo, une grande 1ère via @ Les Sportives.