Daft Punk : une indépendance musicale, esthétique et économique chevillée au corps

Revolution 909. Dès leur premier album en 1997, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo annonçaient une révolution dont l'épilogue surprise, officialisé le 22 février dernier par une vidéo postée sur leur compte YouTube, se situait,...

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Revolution 909. Dès leur premier album en 1997, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo annonçaient une révolution dont l'épilogue surprise, officialisé le 22 février dernier par une vidéo postée sur leur compte YouTube, se situait, sans même que personne ne le subodore à sa sortie au printemps 2013, dans Random Access Memories. Quatre albums en vingt-huit ans de carrière (un par septennat de règne planétaire), c'est à la fois peu et beaucoup vu le nombre de plafonds de verre que Daft Punk a explosés, comme dans la scène finale de leur unique long métrage Electroma.

“A visages couverts, loin du vedettariat et du star system, les Daft Punk ont su créer, plus qu'une esthétique, un véritable univers qui va au-delà de leur musique, qui s'étend à leurs clips, en passant par les pochettes de leurs disques ou leurs concerts, qui sont des spectacles à part entière. Un monde parallèle dans lequel on s'immerge comme dans un jeu vidéo haute définition. Sans se demander qui de l'homme ou de la machine va l'emporter sur l'autre. Car, à travers Daft Punk, on a envie de croire à une fusion réussie entre les deux genres”, écrivait déjà, en 2012, la critique d'art Anaïd Demir dans le catalogue de l'exposition French Touch. Graphisme, vidéo, electro.

>> A lire aussi : Darlin’, une histoire de l’avant-Daft Punk

Des (daft) punks universels qui se sont toujours défendus en interview de “conceptualiser la musique”. D'ailleurs, pour remonter à la source de leur épopée pop moderne, on sait l'importance du groupe éphémère Darlin', trio qu'ils forment avec Laurent Brancowitz (futur Phoenix), et de la critique lapidaire de la revue musicale britannique Melody Maker qualifiant de “daft punky trash” les deux morceaux édités en 1993 par Duophonic (le label de Stereolab), dans la destinée de Daft Punk. C'est parfois un détail qui vous propulse une carrière.

>> A lire aussi : “Homework” des Daft Punk : 16 ans après sa sortie, retour sur la génèse d'un disque-étalon

Ambition rime toujours avec intuition

Dans ces années balbutiantes de la French Touch, qui voient émerger une constellation d'artistes (Laurent Garnier, Motorbass, La Funk Mob, Air) et de labels (F Communications, Solid, Versatile), Daft Punk trouve d'abord son salut outre-Manche en signant sur le label écossais Soma, qui fera paraître les deux premiers maxis, dont le mythique Da Funk/Rollin' & Scratchin'. Car Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo se trouvaient déjà à l'étroit dans l'Hexagone. Chez eux, l'ambition rime toujours avec l'intuition. Dans cette décennie 1990 où les chapelles musicales subsistent encore, Daft Punk fait sauter les derniers verrous en réunissant le public rock et les raveur.euses.