Daft Punk vus par Sébastien Tellier : “Peu d’artistes actuels m’excitent autant”
“S’il y a bien un album que j’avais envie d’écouter, c’était le prochain Daft Punk. D’où ma déception doublée d’une immense frustration à l’annonce de leur séparation. Il y a peu d’artistes actuels qui m’excitent autant. J’aurais payé cher...
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“S’il y a bien un album que j’avais envie d’écouter, c’était le prochain Daft Punk. D’où ma déception doublée d’une immense frustration à l’annonce de leur séparation. Il y a peu d’artistes actuels qui m’excitent autant. J’aurais payé cher pour écouter le cinquième album de Daft Punk. J’ai encore du mal à imaginer que leur discographie soit close.
Mon disque fétiche reste Discovery, le plus chatoyant, le plus baroque, le plus produit, le plus fou en un mot ! Même s'il est sorti en 2001, c’est un disque bien plus moderne que la plupart des nouveautés que l'on peut entendre en 2021. Discovery est un monument de la musique et figure dans le top 5 de mes albums préférés de tous les temps.
Quand j’ai écouté Harder Better Faster Stronger pour la première fois, j’étais dans un tourbus avec Phoenix. Nous étions scotchés par l’intelligence, le savoir-faire et l’énergie du titre, avec l’emballement de la voix vocodérisée. Le génie de Thomas et de Guy-Man est d’avoir fait de la musique en pleine conscience, tout en réfléchissant et en contrôlant tout de A à Z.
“J’ai eu le privilège de voir de l’intérieur un Daft Punk travailler. Soudain, j’avais la sensation d’entrer dans la caverne d’Ali Baba”
Moi, en tant que grand émotif, je suis exactement l’inverse : du bon, du mauvais et du n’importe quoi. Daft Punk, c’est comme une autoroute bien construite, bien plane, sans aspérités. J’ai finalement suivi toute la carrière de Daft Punk, je me souviens encore des premières soirées underground où ils mixaient dans les années 1990.
Mon souvenir le plus fort, c’est évidemment d’avoir fait mon album Sexuality avec Guy-Man. A cette occasion, j’ai eu le privilège de voir de l’intérieur un Daft Punk travailler. Soudain, j’avais la sensation d’entrer dans la caverne d’Ali Baba. C’était absolument fantastique.
Dans leur film Electroma, j’ai aussi eu la chance d’avoir un morceau, Universe, qui était le seul titre contemporain de la bande-son. J’étais tellement touché de savoir que les Daft Punk prêtaient attention à ma musique.
En dehors d’un talent inné, Thomas et Guy-Man sont très mystiques. Au-delà des notes, ils arrivaient à mettre de la philosophie dans leurs morceaux, comme des messages subliminaux. En sus d'avoir magnifié les samples, les Daft Punk ont inventé une nouvelle façon de faire danser, ils ont anobli la musique électronique, en la classant au plus haut niveau.”
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