D'anciens membres des Brigades rouges arrêtés en France
JUSTICE - Emmanuel Macron a décidé de régler le vieux litige avec Rome sur les anciens membres des Brigades rouges réfugiés en France en en faisant arrêter dix ce mercredi 28 avril, dont sept ont été interpellés et trois sont recherchés, tous...
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JUSTICE - Emmanuel Macron a décidé de régler le vieux litige avec Rome sur les anciens membres des Brigades rouges réfugiés en France en en faisant arrêter dix ce mercredi 28 avril, dont sept ont été interpellés et trois sont recherchés, tous condamnés en Italie pour des actes de terrorisme commis dans les années 70-80.
Le Premier ministre italien Mario Draghi a aussitôt exprimé sa “satisfaction”. Les personnes arrêtées en France, “responsables de très graves crimes de terrorisme, ont laissé une blessure qui est encore ouverte”, a-t-il souligné dans une courte déclaration transmise par ses services. “La mémoire de ces actes barbares est encore vive dans la conscience des Italiens”.
“Je suis fier de participer à cette décision qui, je l’espère, permettra à l’Italie, après 40 ans, de tourner une page de son histoire, qui est maculée de sang et de larmes”, a déclaré le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, rappelant “qu’entre 1969 et 1980, cette période qu’en Italie on appelle la période de plomb, ce sont 362 personnes qui ont été tuées par ces terroristes, et 4.490 blessées”.
“Une trahison innommable de la France”
La décision de transmettre au Parquet ces dix noms, sur “des demandes italiennes qui portaient à l’origine sur 200 individus”, “a été prise par le président et s’inscrit strictement dans la ‘doctrine Mitterrand’” datant de 1985 et consistant à accorder l’asile aux ex-brigadistes sauf pour les crimes de sang, a précisé l’Élysée.
“C’est une trahison innommable de la France. Je suis indignée et je n’ai pas les mots pour décrire cette opération qui s’apparente à une mini-rafle”, a déclaré à l’AFP Me Irène Terrel, avocate de cinq des sept ex-brigadistes interpellés.
“C’est un reniement de la parole d’État, c’est incompréhensible”, a aussi déploré auprès de l’AFP Jean-Louis Chalanset, l’avocat d’Enzo Calvitti.
Comprendre “l’absolu besoin de justice des victimes”
“Le président a souhaité régler ce sujet, comme l’Italie le demandait depuis des années”, a ajouté la présidence française. L’extradition d’activistes d’extrême-gauche venus se réfugier en France après les “années de plomb”, marquées par des attentats et des violences des Brigades rouges surtout entre 1968 et 1982, est une demande de l’Italie depuis des années, à laquelle la France n’a quasiment jamais accédé.
Depuis 1981, seuls deux décrets d’extradition ont été signés, sous Jacques Chirac: celui de Paolo Persichetti en 1995, extradé en Italie en 2002, et celui de Cesare Battisti en 2004, le plus recherché des anciens activistes, qui vivait en France depuis 1990 et s’est alors réfugié à l’étranger. Il a ensuite été arrêté en Bolivie.
En 2008, Nicolas Sarkozy avait décidé de ne pas appliquer le décret d’extradition de l’ex-membres des Brigades rouges Marina Petrella, condamnée à perpétuité en Italie, en raison de son état de santé. La plus connue des activistes recherchées fait partie des sept personnes interpellées mercredi matin, selon la police italienne.
“La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l’absolu besoin de justice des victimes”, explique l’Elysée, évoquant aussi “l’impérieuse nécessité de la construction d’une Europe de la Justice, dans laquelle la confiance mutuelle doit être au centre”.
L’extradition des activistes étudiée au cas par cas
La ministre italienne de la Justice Marta Cartabia avait transmis officiellement “une requête urgente” le 8 avril à son homologue français Eric Dupond-Moretti face, selon la presse italienne, au risque de prescription pour certains actes.
D’après plusieurs médias italiens, Emmanuel Macron a ensuite eu une conversation téléphonique avec Mario Draghi, qui lui a confirmé l’importance de cette affaire pour Rome. La justice doit maintenant se prononcer sur leur extradition, au cas par cas.
Les ex-brigadistes arrêtés doivent être présentés d’ici 48h devant le parquet général de la cour d’appel de Paris, avant qu’un juge ne statue sur leur éventuelle détention ou leur remise en liberté sous contrôle judiciaire, le temps de l’examen des demandes d’extraditions italiennes, a-t-on appris de source judiciaire.
“La France n’a plus de parole”
Ce dossier, longtemps endormi, a resurgi en 2019 au moment du retour en Italie de Cesare Battisti, extradé en Italie après près de 40 ans de cavale en France puis au Brésil.
Le ministre italien de l’Intérieur de l’époque, Matteo Salvini, avait alors affirmé que la France abritait depuis des décennies des “assassins ayant tué des innocents”. Mercredi, il a dit “apprécier la collaboration de la France”.
Parmi les autres personnes interpellées figurent Giorgio Petriostefani, Narciso Manenti, Roberta Capelli, Enzo Calvitti, Giovanni Alimonti et Sergio Tornaghi. Les trois personnes encore recherchées sont Maurizio Di Marzio, Luigi Bergamin et Raffaele Ventura, a précisé l’Elysée.
Pour stopper le cycle des attentats d'extrême-droite et gauche en Italie, la France avait accepté l'asile des accusés contre la paix. Depuis, tous les gouvernements de droite et de gauche ont refusé l'expulsion. Avec #Macron la France n'a plus de parole. Mauvais pour l'avenir.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 28, 2021
“Tous les gouvernements de droite et de gauche ont refusé l’expulsion. Avec Macron la France n’a plus de parole”, a dénoncé Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise.
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