Dans “En Thérapie”, Mélanie Thierry se confronte au transfert amoureux mais...
SÉRIES - Si les personnages de psychologues, psychanalystes et autres psychiatres ont trouvé leur place dans les séries télévisées ces dernières années, les concepts parfois complexes qu’ils manipulent sont-ils pour autant fidèlement retranscrits...
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SÉRIES - Si les personnages de psychologues, psychanalystes et autres psychiatres ont trouvé leur place dans les séries télévisées ces dernières années, les concepts parfois complexes qu’ils manipulent sont-ils pour autant fidèlement retranscrits à l’écran?
Dans “En thérapie”, la série diffusée sur Arte et adaptée du feuilleton israélien “Betipul”, cinq patients en pleine détresse se livrent à travers leurs séances avec leur psychanalyste dans les jours suivant les attentats du 13 novembre 2015.
Dès le premier épisode, le personnage d’Ariane, une chirurgienne déboussolée incarnée par Mélanie Thierry, confesse son amour à son psychanalyste après un an de thérapie. “Je pensais que c’était une étape, transfert comme vous dites”, évoque Ariane dans l’épisode.
Est-ce chose fréquente de faire un transfert amoureux sur son psy comme Mélanie Thierry dans la série? Se manifeste-t-il de manière aussi dramatique? Nous avons posé la question à Samuel Dock, psychologue clinicien et écrivain ainsi qu’à Catherine Blanc, psychanalyste et sexologue.
Gare aux caricatures
“Il est important de revenir au sens des mots. Le transfert est une chose complexe surtout que, dans les séries télévisées, on le réduit à une projection ou une identification d’un contenu psychique sur le psychologue”, nuance d’emblée Samuel Dock au Huffpost.
Selon lui, le transfert “est un mécanisme par lequel les désirs et les demandes que l’on peut exprimer à son psy s’adressent en réalité à un autre qui est par delà le psy. Ce dernier se fait alors le relais d’une demande et d’un désir à travers un discours adressé à un autre: c’est ce qu’on appelle ‘le grand autre’, un lieu d’où l’analysant (personne qui se fait psychanalyser) espère recevoir des vérités afin de résoudre des énigmes ou combler un manque, qui n’est pas comblable”, développe le psychologue clinicien, qui revient sur ce mécanisme dans son livre Éloge indocile de la psychanalyse.
Pour Catherine Blanc, la notion de transfert est omniprésente dans la vie et existerait aussi en dehors de la sphère intime d’un cabinet à travers nos relations avec les autres. “Le transfert n’est pas forcément systématique car il ne prend pas toujours un caractère sexuel”, explique la psychanalyste et sexologue au Huffpost.
Celle-ci déplore que la série diffusée sur Arte soit “d’emblée entrée dans la caricature en dépeignant une patiente amoureuse de son psy. On ne voit que le côté sulfureux de la thérapie et c’est dommage.”
Une thérapie pas tout à fait réaliste
Faut-il comprendre que le “transfert” ne ressemble pas à ce que traverse le personnage d’Ariane dans la série? En plein désarroi, la chirurgienne passe par une foule d’émotions intenses. Elle finit par avouer à son psychanalyste être amoureuse de lui depuis un an et lui décrit explicitement ses fantasmes. “Vous êtes devenu mon obsession”, admet-elle.
Pour Samuel Dock, dans le cas du personnage d’Ariane, il ne s’agit pas d’un transfert amoureux. “Elle est simplement amoureuse de son psy, de sa personne et non pas de l’analyste. Elle tombe amoureuse car il a rendu cela possible.”
Si la réaction d’Ariane lors de la thérapie semble, d’après nos spécialistes, bien trop démesurée et théâtralisée pour être réaliste, l’attitude du psychiatre à l’égard de sa patiente est tout aussi problématique. “Le comportement du psy dans la série est dangereux pour lui mais aussi pour sa patiente car il existe en tant que personne dans son cabinet,” dit Samuel Dock. Il explique que le psychanalyste dans la série est trop interventionniste, ce qui devient risqué. Il crée de l’ambiguïté en répondant aux demandes de sa patiente.
“Lorsque Ariane lui dit ‘J’ai froid je n’arrive pas à me réchauffer’, il lui tend un châle: il répond à sa demande au lieu de laisser vivre la frustration. La patiente n’est pas guidée par l’analyste”, explicite le psychologue.
“Il y a des règles qui protègent le patient et l’analyste. Pour moi, il est totalement hors cadre, c’est de l’amateurisme”, ajoute Samuel Dock.
Un désir non genré
Bien que les séries dressent souvent le portrait de femmes amoureuses de leur psy (comme Annie dans “Good Girls”, Netflix), l’idée que cela n’arriverait qu’aux femmes est complètement fausse, précise la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc. “Il m’est aussi arrivé d’avoir des patients hommes qui m’ont exprimé de différentes manières ce genre d’émotions”, confesse-t-elle.
La série “En thérapie” évoque d’ailleurs le transfert d’un patient homme sur le personnage d’Esther, la psychanalyste incarnée à l’écran par Carole Bouquet. “Le plus souvent, le transfert est verbalisé de manière symbolique ou de manière directe”, détaille la sexologue. Ce “sentiment fort” peut alors être confondu avec de l’amour.
Malgré quelques scènes jugées peu réalistes par les spécialistes, la série “En Thérapie” aura au moins permis au grand public de se plonger dans l’univers et le métier de psychanalyste.
Disponible en intégralité sur la plateforme Arte.tv depuis jeudi 28 janvier, elle est également diffusée à l’antenne tous les jeudis à 20h55 depuis le 4 février, et ce jusqu’au 18 mars.
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