“Dans les yeux de Tammy Faye” : une fable mollassonne sur l’univers bling-bling des évangélistes

À voler trop près du soleil, on finit par se brûler les ailes. C’est du moins ce que suggère la séquence d’ouverture des Yeux de Tammy Faye, une sorte de préambule à l’attention des spectateur·trices : ils et elles s’apprêtent à voir un rise...

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À voler trop près du soleil, on finit par se brûler les ailes. C’est du moins ce que suggère la séquence d’ouverture des Yeux de Tammy Faye, une sorte de préambule à l’attention des spectateur·trices : ils et elles s’apprêtent à voir un rise & fall déguisé en biopic. Une tragédie grecque façon tabloïd, sur le monde glamour et ultra-conservateur des télévangélistes américain·es au moment de leur âge d’or. Cette belle et douteuse montée en puissance appuyée par le soutien indéfectible de Ronald Reagan viendra exploser en plein vol en 1989, quand éclate un immense scandale qui, nous dit-on, est l’équivalent du Watergate chez ces zélé·es de Dieu. Une sombre affaire de scandales sexuels, de fraudes et d’escroquerie, dont le point névralgique est un couple adulé des masses dévotes, Jim Bakker et Tammy Faye.

Télévangélistes et influenceurs avant l’heure, Jim Bakker et son épouse Tammy Faye sont assis sur un empire qui se décline à toutes les sauces : émissions télévisées, albums de soupe musicale à la gloire de Jésus, mais également un parc d’attractions où les enfants peuvent dévaler des toboggans aquatiques sans se soucier de ce qu’il adviendra de leur âme après la mort. Avec leurs dégaines clinquantes, les Bakker ont coutume d’être surnommés “les Ken et Barbie des télévangélistes”. Malgré la bonhomie avenante de Jim, (ici incarné par Andrew Garfield et son charme bienveillant), c’est surtout son épouse que l’on regarde.

Lisse et superficiel

Les yeux de Tammy Faye (jouée par Jessica Chastain, qui a remporté l’Oscar 2022 de la meilleure actrice pour ce rôle) sont alourdis de poudres et de fards et barrés de deux traits d’eyeliner, mais une innocence pétillante s’échappe de ses prunelles. Elles capturent toutes les contradictions de cette femme qui vénérait l’opulence au même titre que son sauveur Jésus. Pourtant, ses contradictions ne sont jamais réellement exploitées dans le film, aussi lisse que superficiel. Les intrigues politiques et les magouilles des évangélistes pourtant intrinsèquement liées à l’histoire des Bakker se cantonnent à quelques chuchotis et bruits de couloir, parce que ce qui compte, ce n’est que Tammy, ou plutôt sa version idéalisée. Femme flouée aux rêves de célébrité déçus, considérablement prise en pitié par le film, elle échappe à toute complexité, à l’instar de tout le microcosme évangéliste que le film dépeint sans jamais viser juste.

Il pourrait pourtant y avoir quelque chose de drôle dans cette histoire, c’est même ce que suggèrent quelques scènes, à l’instar de celle où le jeune couple Bakker se séduit en s’inondant de références bibliques telle une battle de rap mystique. Mais ce comique n’est jamais exploité, voire même relevé par Les Yeux de Tammy Faye, qui est affreusement 1er degré tout du long, peuplé de personnages qui ne sont que des fantômes d’eux-mêmes réduits à leur seule fonction narrative. Il suffit peut-être d’affubler un acteur – ou en l’occurrence, une actrice – de prothèses pour entrer dans la course aux Oscars (et la remporter,donc), mais pas pour faire un bon film. Et le film de Michael Showalter est à cet égard un cas d’école, aussi impersonnel que ringard.

Dans les yeux de Tammy Faye, en streaming depuis le 23 mars sur Disney+.