Dans son allocution, Macron peaufine son discours de candidat de centre droit
POLITIQUE - Le décor a changé, le discours aussi. Emmanuel Macron a décidé de s’adresser directement aux Français, ce lundi 12 juillet à 20 heures, pour faire le point sur la situation sanitaire et sur la suite de son quinquennat.Exit les dorures...
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POLITIQUE - Le décor a changé, le discours aussi. Emmanuel Macron a décidé de s’adresser directement aux Français, ce lundi 12 juillet à 20 heures, pour faire le point sur la situation sanitaire et sur la suite de son quinquennat.
Exit les dorures de l’Élysée qui auraient trop rappelé aux Français le dur de la crise et place à la tour Eiffel, symbole du rayonnement français à travers le monde. Car malgré la quatrième vague qui se profile et derrière “l’été de vigilance et de mobilisation pour la vaccination” qu’Emmanuel Macron réclame avec des mesures fortement incitatives pour se faire vacciner comme l’extension du pass sanitaire à de très nombreux lieux recevant du public dans les trois prochaines semaines, c’est bien la campagne pour sa réélection que le chef de l’État prépare.
Satisfecit en forme de bilan
Il a d’ailleurs commencé son intervention par une sorte de satisfecit qui ressemble à un bilan de président sortant. “Les écoles n’ont fermé que douze semaines”, a opportunément rappelé le président, se comparant aux autres pays du monde, comme l’Allemagne et les États-Unis où l’on atteignait 34 et même 56 semaines, soit plus d’un an, pour certains établissements. “Le quoi qu’il en coûte est à l’origine d’un vigoureux rebond”, s’est-il aussi félicité. Prédisant une croissance à 6% pour 2021, le chef de l’État a rappelé le nombre d’emplois créés, notamment dans “le numérique et la technologie”, faisant de la France “la 1ère nation européenne dans ce secteur avec 160.000 emplois créés”.
Fort de ce constat jamais contredit ni même nuancé puisqu’il n’y avait pas de journaliste en face de lui, Emmanuel Macron s’est projeté sur les dix mois qui le séparent de l’élection présidentielle. Il a confirmé que la réforme controversée de l’assurance chômage entrerait en vigueur au 1er octobre. “En France, on doit mieux gagner sa vie en travaillant qu’en restant chez soi, ce qui n’est pas toujours le cas”, a-t-il justifié dans un clin d’oeil appuyé au discours sur l’“assistanat”, porté notamment par Laurent Wauquiez, candidat putatif à la primaire de la droite si elle a lieu.
Le “en même temps” de la réforme des retraites
Sur le sujet très attendu des retraites, le président s’est voulu déterminé, tout en prenant des pincettes. Une sorte de “en même temps” de la réforme des retraites. “Il faudra aller vers la fin des régimes spéciaux pour ceux qui sont embauchés”, a-t-il énoncé. Une façon de ne pas perdre la face en reprenant l’une des mesures clés de la réforme précédente -lui permettant au passage de séduire l’électorat de droite qui pourrait être tenté par Xavier Bertrand, tout en arrondissant les angles vis-à-vis de la contestation alors que la réforme précédente prévoyait de les supprimer dès 2037, même si une “clause du grand-père” était déjà envisagée.
“L’âge de départ doit être plus tardif”, a-t-il également énoncé, reprenant la mesure que défendait bec et ongle son 1er Premier ministre de droite, Édouard Philippe avec l’âge pivot, lui qui avait promis quelques jours avant son élection qu’il n’y toucherait pas. Depuis le début, c’est le coronavirus qui préserve Macron d’une fronde massive sur les retraites. Là encore, le variant Delta joue son office. “Je ne lancerai pas cette réforme tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle”, a-t-il pris soin de préciser. “Si les conditions sanitaires le permettent”, a-t-il insisté, après avoir prévu la potentielle sortie de crise “plusieurs mois” après le début de 2022, soit potentiellement après l’élection présidentielle.
L’écologie citée plusieurs fois
Toujours pour plaire à la droite, Emmanuel Macron a répété qu’aucune nouvelle hausse d’impôts ne serait décidée. “Nos réformes ne seront pas davantage financées en augmentant la dette, car les jeunes générations ont déjà sur le dos la dette écologique”, a-t-il étonnamment ajouté, sans doute conscient de l’importance que l’écologie prendra dans la future campagne.
Comme s’il voulait marquer le terrain vis-à-vis des jeunes, après avoir renoncé à sa promesse faite à McFly et Carlito de prononcer ce discours avec leur photo sur son bureau, le président a en effet prononcé plusieurs fois le mot ”écologie”.
Et qu’importe que le Haut conseil pour le climat, instance rattachée à Matignon ait pointé il y a deux semaines que “les efforts actuels de la France sont insuffisants” en la matière, le chef de l’État s’est dressé des lauriers climatiques. Se projetant vers l’avenir, il a promis de “changer d’échelle” et de “réconcilier la croissance et l’écologie de production”. Il a d’ailleurs choisi de causer des investissements qui “concilient écologie et économie” dans le plan de relance, sans citer les deux autres tiers qui n’y sont pas contraints.
“Travail et mérite”
Comme dans un discours de candidat, il a dit sa volonté de “redevenir une grande nation de recherche” de “réindustrialiser” le pays et de “moins dépendre de l’étranger” pour la production et les services. Tirant les leçons de la crise, en écho aux “jours heureux” évoqués en avril 2020 et qu’il promettait “plus jamais comme avant”, il a loué le modèle social français, “un joyau qu’il nous faut préserver”. Mais dans cette rare allusion aux fondamentaux de la gauche, il a immédiatement ajouté: “il repose sur un fondement, le travail”. “La priorité de la sortie de crise sera donc la même que depuis le début du quinquennat: le travail et le mérite”, a-t-il résumé.
″À la rentrée nous aurons rendez-vous avec notre avenir” a-t-il conclu, comme s’il parlait de lui dans un effet miroir connu des psychologues. “Pour bâtir une France indépendante qui ne vit pas dans la nostalgie, qui n’a pas peur du futur, mais l’invente”, a-t-il lancé, cette fois-ci à l’égard de sa principale adversaire déclarée, Marine Le Pen.
La candidate du Rassemblement national s’est, semble-t-il, sentie visée puisqu’elle a immédiatement rétorqué sur Twitter: “Recul grave des libertés individuelles, déconstruction de l’État, liquidation de notre système de protection sociale: la feuille de route de Macron est claire”. Et comme si la campagne avait vraiment commencé, l’un des adversaires de Marine Le Pen en interne, Robert Ménard, s’est lui félicité de la décision du président d’étendre le pass sanitaire. La crise est toujours là, mais la campagne, elle, commence à prendre ses droits.
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