Dans un texte flamboyant, Scorsese fustige les plateformes de streaming

Martin Scorsese s'inquiète sérieusement pour l'avenir du cinéma. En 2019 déjà, il avait comparé les films Marvel à des "parcs d'attractions" et regrettait l'omniprésence des blockbusters dans le paysage cinématographique, au grand dam des maîtres...

Dans un texte flamboyant, Scorsese fustige les plateformes de streaming

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Martin Scorsese s'inquiète sérieusement pour l'avenir du cinéma. En 2019 déjà, il avait comparé les films Marvel à des "parcs d'attractions" et regrettait l'omniprésence des blockbusters dans le paysage cinématographique, au grand dam des maîtres du genre Joss Whedon ou James Gunn. Aujourd'hui, à l'heure où l'industrie tourne au ralenti à cause de la pandémie, il publie un essai sur Fellini pour le Harper's Magazine, intitulé Il Maestro et défend à nouveau sa vision du septième art. 

Dans ce dernier, il revient notamment sur la définition du terme "cinéma" qui semble dangereusement aujourd'hui se réduire à celle de "contenu" : "Il y a quinze ans encore, ce qui est très récent, le terme de "contenu'' n'était entendu que lorsque les gens discutaient du cinéma de façon sérieuse, en comparaison avec la "forme". Puis, petit à petit, il a été de plus en plus utilisé par les personnes qui se sont emparées des entreprises médiatiques, dont la plupart ne connaissent rien de l'histoire de l'art, ou même ne s'en soucient pas" écrit-il, visant explicitement les géants du streaming. 

Même si le cinéaste rappelle avoir lui aussi bénéficié du soutien des plateformes - Netflix a produit son dernier film The Irishman et Apple produira le suivant, Killers of the Flower Moon - il dénonce cette nouvelle ère où "le cinéma est systématiquement dévalorisé, mis à l’écart, rabaissé et réduit à son plus petit dénominateur commun : le contenu." Ce terme visant aussi bien "un film de David Lean, une vidéo de chat, une publicité du Super Bowl, une suite de super-héros, un épisode de série" ajoute-t-il.

L'illusion d'un choix démocratique

"Le fait de présenter toutes sortes de films comme du contenu a créé cette situation où tout est présenté au même niveau au spectateur. Cela crée l'illusion d'un choix démocratique, mais ce n'est pas le cas. Car ce contenu est suggéré par des algorithmes qui se basent sur ce que vous avez déjà vu." poursuit-il. 

"Donc, il est proposé en fonction du sujet du film ou de son genre, mais qu'est-ce que cela a à voir avec l'art du cinéma ? La curation n'est pas “non démocratique", ni “élitiste", un terme qui est si souvent utilisé de nos jours qu'il en perd son sens. C'est un acte de générosité ! Vous partagez ce que vous aimez, ce qui vous inspire. D'ailleurs, les meilleures plateformes de streaming, comme Criterion Channel ou MUBI, ou les chaînes traditionnelles telles que TCM, font de la véritable curation. Les algorithmes, par définition, sont basés sur des calculs, qui traitent le spectateur comme un consommateur et rien d'autre."

>> A lire aussi : Le casting “légendaire” du prochain Scorsese s'agrandit 

Les trésors de notre culture 

Martin Scorsese rappelle enfin qu'il souhaite défendre ''le cinéma et l'importance qu'il tient dans notre culture", et appelle ceux qui connaissent l'histoire du cinéma à la partager massivement : "Nous devons aussi faire comprendre à ceux qui détiennent les droits de ces films qu'ils représentent bien plus qu'un produit qui peut être exploité puis balancé. Ce sont les plus grands trésors de notre culture et ils doivent être traités ainsi. Je pense qu'on devrait redéfinir notre notion de ce qu'est le cinéma. Et de ce qu'il n'est pas. Federico Fellini est un bon moyen de démarrer cette réflexion. Vous pouvez dire des tas de choses sur ses films, mais il y en a une qui incontestable : ce sont des œuvres de cinéma. Son travail de longue haleine a consisté à définir cette forme d'art.''

Qualifiant le regretté Fellini de "virtuose du cinéma", Scorsese conclut : "Tout a changé - le cinéma et l'importance qu'il tient dans notre culture. Bien sûr, il n'est pas surprenant que des artistes comme Godard, Bergman, Kubrick et Fellini, qui régnaient autrefois sur notre grande forme d'art comme des dieux, finissent par se retirer dans l'ombre avec le temps. Mais à ce stade, nous ne pouvons rien tenir pour acquis". 

>> A lire aussi : “Silence”, le chef-d'œuvre du cinéma japonais qui inspira Scorsese