Darmanin propose à des étudiants d'imaginer la tenue de la police

POLICE - Branle-bas de combat ce mercredi 17 mars chez les élèves de l’école supérieure des arts appliqués Duperré, à Paris. Dans un groupe de messagerie instantanée, plusieurs d’entre eux découvrent les photos d’un courrier daté du 12 mars:...

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Une patrouille de police à Paris le 30 novembre 2017

POLICE - Branle-bas de combat ce mercredi 17 mars chez les élèves de l’école supérieure des arts appliqués Duperré, à Paris. Dans un groupe de messagerie instantanée, plusieurs d’entre eux découvrent les photos d’un courrier daté du 12 mars: un appel à projets signé de Gérald Darmanin. Il est alors rapidement partagé sur les réseaux sociaux des étudiants mais aussi d’un média participatif consacré à l’art, Documentations.

Le ministre de l’Intérieur propose au directeur de l’établissement de travailler avec les élèves afin de “revisiter” la tenue des policiers, “de lui donner une apparence plus moderne” et de “mieux inscrire les contours, les symboles et les responsabilités que cette tenue incarne”. L’uniforme actuel date de 2004 et avait été créé à l’époque par la maison Balenciaga. Le ministère y joint un cahier des charges qui doit permettre de voir comment “cette proposition (...) trouve à s’inscrire [dans le] cursus académique”. 

Le rendu est attendu “fin avril”. De quoi permettre aux forces de l’ordre, comme le rapportait en janvier dernier Le Canard enchaîné, de défiler dans ce nouvel uniforme pour le 14-Juillet.

Joint par Le HuffPost, le ministère de l’Intérieur confirme avoir bel et bien envoyé cet appel d’offres mais pas seulement à Duperré. Dans le cadre du Beauvau de la sécurité, Gérald Darmanin a en réalité pris contact avec 24 écoles de design et de la mode, et les lycées professionnels dotés d’une filière Métiers de la mode et vêtements, “pour les inviter à proposer des évolutions de la tenue des policiers”. “Un cahier des charges sur les pièces de la tenue a été adressé à tous les établissements qui peuvent s’adresser au ministre de l’Intérieur pour relever le défi”, précise-t-on également au HuffPost. 

Contactée également, l’école Duperré nous a renvoyé vers le rectorat de l’Académie de Paris dont elle dépend. Ce dernier assure qu’il est assez habituel pour des administrations de solliciter des établissements pour des appels à projets “Il y a différents types d’appel à projets. Certains sont proposés dès le début de l’année et les professeurs les intègrent pendant le cursus. D’autres sont transmis en plus du cursus pédagogique. Ces appels à projets peuvent alors être proposés aux élèves qui choisissent d’y répondre ou non”, explique le rectorat qui assure ne pas être en mesure de s’exprimer sur le cahier des charges.

Dans Mediapart qui consacre également un article sur le sujet, le directeur de l’établissement, Alain Soreil, abonde: “l’école Duperré répond à plein de sollicitations, ce sont les étudiants qui choisissent s’ils veulent répondre ou pas”.

A quoi ressemblera la nouvelle tenue de la police ?

Ce cahier des charges justement, LeHuffPost n’y a pas eu accès, mais Documentations et Mediapart s’en font l’écho. Selon les recommandations, il s’agirait notamment de changer la casquette, “massivement rejetée”, afin de s’orienter vers un ″bonnet de police modernisé”, mais aussi de troquer le bleu glacier du polo, “peu apprécié”, alors que le “bleu marine des spécialistes” semble obtenir plus de faveurs.

Contacté par Le HuffPost, Benoit Barret, secrétaire national adjoint de la section Province du syndicat Alliance police, confirme. “C’est mieux si on a des couleurs plus sombres qui résistent mieux à la salissure, quant à la casquette, franchement, oui elle n’est pas du tout adaptée. Je défie quiconque de se mettre à courir avec une casquette”, explique-t-il.

S’il se félicite que le projet d’un nouvel uniforme soit lancé après plusieurs mois de communication interne, il espère surtout que “les premiers concernés seront consultés”. “La dernière tenue moto n’était pas étanche et ne permettait pas d’accéder facilement à l’arme. Pour nous, l’important, c’est une tenue protectrice et fonctionnelle. Il faut des effets réfléchissants pour la nuit, des blousons chauds pour ceux qui se trouvent dans des régions froides. Aujourd’hui nous aimerions aussi une tenue non-feu qui permettrait d’être protégée des tirs de mortiers”, ajoute Benoit Barret. Pas sûr que cet argumentaire séduira les élèves de Duperré.

Les élèves remontés

Ce mercredi, ils étaient en tout cas nombreux sur les réseaux sociaux à tancer cet appel d’offres “gratuit” surtout en aussi peu de temps. “Un professeur m’a directement dit que ce cahier des charges n’était de toute façon pas réalisable en si peu de temps. Ça nécessite une certaine expertise sur des matériels militaires et qu’on ne peut pas développer” si vite, confie Vincent, l’un des étudiants de l’école, contacté par Le HuffPost.

Surtout déplore-t-il, ce courrier montre une déconnexion entre les pouvoirs publics et les étudiants dont beaucoup ont participé aux récentes manifestations. L’établissement est à quelques encablures de la place de la République. “En sortie de manif, j’ai été balayé à terre par sept policiers pour un simple contrôle d’identité, hors de question que je dessine leur tenue”, ajoute Vincent qui pointe également un contexte de détresse psychologique et de précarité : “il y a la crise bien sûr, mais ça pose la question de la rémunération des jeunes artistes, toujours en visibilité, quand en attendant on dépense beaucoup en matières premières et en matériel technique”. L’étudiant y voit également une tentative de l’exécutif de “se rapprocher encore de la jeunesse”.

Ce courrier a, selon nos informations, déclenché des débats plus généraux chez les étudiants sur les partenariats avec des marques ou des institutions que signe l’établissement, et qui ne sont jamais rémunérés.

Interrogés sur la rémunération, ni le rectorat ni le ministère n’ont apporté de précision. Ce dernier ajoutant simplement que “le projet qui répondra le mieux aux attentes servira de modèle pour modifier le design d’une ou deux pièces emblématiques de la tenue des policiers”.

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